La combinaison, mortelle pour le secteur pétrolier, de la guerre des prix du pétrole brut entre Russie et Arabie saoudite et du « Grand Confinement » comme on appelle désormais cette période historique du 21ème siècle (car oui, elle va rentrer dans l’Histoire et dans les livres de cours), aura au moins eu un avantage : faire baisser drastiquement les prix des carburants.
Si, pour l’instant, les Français ne peuvent pas en profiter, qu’ils se rassurent : au moment du déconfinement il ne va pas y avoir une explosion des prix à la pompe… les prix bas sont partis pour durer quelque temps.
Les carburants coûtent presque tous moins de 1,30 euro le litre
Selon les dernières données du ministère de la Transition énergétique et Solidaire du mardi 14 avril 2020, les Français économisent aujourd’hui peu ou prou 20 centimes d’euro le litre par rapport à fin 2019 lorsque les prix affichaient allègrement des niveaux supérieurs à 1,40 euro.
Sur l’ensemble des carburants, dont le prix est en chute libre depuis janvier et surtout février 2020, seule l’essence SP98 reste au-dessus des 1,30 euro le litre, à 1,346 euro. Diesel, SP95 et SP95-E10 affichent entre 1,222 et 1,274 euro à la pompe.
20 centimes de moins, sur un plein de 50 litres, ça commence à faire un peu d’argent… 10 euros. Pour les personnes qui roulent beaucoup, à la fin du mois c’est un joli pactole qui peut ainsi être économisé. Heureusement, il y a de fortes chances pour que ça dure.
L’AIE prévient : pas de compensation de la baisse de la demande par la baisse de l’offre
Sur pression de Donald Trump, mais surtout à cause de la pression que les prix bas du pétrole entraînent sur leurs finances, la Russie et l’Arabie saoudite (et donc l’ensemble des pays de l’Opep+) ont enterré la hache de guerre. Ils ont annoncé une baisse de la production de pétrole de 9,6 millions de barils par jour en mai et juin 2020. Une baisse historique… qui ne suffira pas.
Pour l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), c’est simple : quelle que soit la baisse de la production annoncée, elle ne permettra pas de compenser la baisse de la demande. La demande a en effet baissé, en avril 2020, de 25 millions de barils par jour. Une baisse historique qui devrait se poursuivre en mai et probablement en juin : si les pays commencent à réfléchir au déconfinement, l’activité économique, touristique et industrielle ne devrait pas retrouver des niveaux d’avant-crise avant plusieurs mois voire années. Selon l’AIE, la demande de pétrole est en avril 2020 au même niveau qu’au milieu des années 90.
Ainsi, au moins jusqu’à fin 2020, les prix du pétrole devraient rester bas, et avec eux les prix des carburants à la pompe. Mi-avril 2020, le prix du brut semble s’être stabilisé à 20 dollars le baril pour le WTI et entre 25 et 30 dollars pour le Brent… Il faut remonter à 2001 pour retrouver des prix aussi bas, prix affichés par le brut durant toutes les années 90.