France : le CDI, contrat en voie de disparition ? (2/2)

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Par Charles Sannat Modifié le 11 juillet 2012 à 14h48

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Faut-il être pour ou contre la suppression du CDI ?

A mon sens, c’est presque un faux débat. Supprimer le CDI ne doit pas être un objectif en soi. D’abord, l’objectif est de rendre plus flexible le marché du travail, pas de casser le CDI par plaisir idéologique. Ensuite, sur un marché du travail qui ne crée aucun emploi, supprimer le CDI ne servira à rien. Ce n’est en aucun cas l’annulation du CDI qui créera de l’activité et de la production. Il ne faut pas se méprendre et je refuse de rentrer dans un débat stérile du type « qui était le premier de l’œuf ou de la poule » appliqué à l’emploi.

Ce qui créera éventuellement de l’activité et in fine du travail… c’est éventuellement la baisse du coût du travail et le fait que les licenciements soient éventuellement simplifiés… et encore, il y a à ce sujet une hypocrisie toute française. En France, le marché du travail est en réalité devenu très flexible. A moins d’avoir 20 ans d’ancienneté dans une entreprise, il est relativement peu coûteux et facile de se séparer d’un collaborateur. C’est même d’ailleurs encore plus facile depuis que la loi propose la "rupture conventionnelle amiable."

Alors que l’on parle de baisser encore le salaire minimum en Grèce à 390€ mensuel… quel est l’avenir que l’on proposera aux français ? Pour l’instant, la seule ligne de conduite est bien celle d’une paupérisation massive dans un monde sans travail.

Eurogroupe et succession

Au même moment, la France et l’Allemagne s’étripe sur le choix du successeur de Jean Claude Juncker qui préside actuellement l’Eurogroupe. Le désaccord franco-allemand est tel qu’aucun compromis n’a pu se dégager ces derniers jours. Le seul point de convergence ? Maintenir Juncker dans ses fonctions actuelles pour six mois de plus. Par la suite, l’actuel ministre des finances allemand pourrait prendre la relève. Europe pathétique, et amitié franco-allemande qui fait doucement et tristement rigoler.

Emprunts à taux négatifs

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a reconnu que les emprunts à court terme réalisés par la France à des taux d’intérêt négatifs sont "la marque d’un certain dysfonctionnement des marchés."

Il a rajouté que "le fait que le France ait pu emprunter à des taux négatifs hier à son émission est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. C’est une bonne nouvelle, en ce sens qu’elle montre la crédibilité de notre pays dans sa stratégie de retour à l’équilibre des finances publiques, dont on ne peut que se féliciter, mais que cette émission est, comme les émissions allemandes à taux négatifs, la marque d’un certain dysfonctionnement des marchés à l’intérieur de la zone euro."

Et oui, tout cela est une aberration puisqu’un préteur est désormais prêt à payer pour prêter… C’est absurde, mais cela en dit très long sur l’état réel de l’économie et sur l’appréciation que se font les « vrais » investisseurs des temps qui s’annoncent.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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