Autour de SICPA, Nestlé ou Novartis, la Suisse se veut le pays rêvé de l’innovation

Dotée d’un excellent système éducatif et d’institutions politiques qui encouragent la collaboration entre universités et secteur privé, la Suisse caracole en tête des pays les plus innovants au monde.

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Par Rédacteur Publié le 12 mars 2024 à 18h00
suisse, économie, innovation, confiance
3%Chaque année, les entreprises suisses se fixent comme objectif d'augmenter leur productivité d'au moins 3%.

Un écosystème particulièrement agile et puissant, qu’illustre, dans le canton de Vaud, le campus inauguré l’année dernière par SICPA, qui rassemble sur un même lieu chercheurs et entreprises innovantes pour développer les concepts et produits de demain, comme l’intelligence artificielle. Mais aussi les géants Nestlé, Rolex ou encore Novartis.

Une recherche puissante, une capacité à financer l’innovation et un secteur privé agile, à même de commercialiser rapidement ces mêmes inventions : voici, selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), les ingrédients qui permettent à la Suisse de se hisser sur la plus haute marche des pays les plus innovants au monde. Une pole position que la Suisse ravit pour la treizième année consécutive aux Etats-Unis, seconds de ce classement de plus de 130 pays, et à la Suède, qui décroche une honorable troisième place.

Selon l’OMPI, la Suisse se classe notamment en tête sur des thèmes tels que la haute technologie, les familles de brevets ou encore la complexité de la production et des exportations. Elle décroche aussi la première place mondiale en termes de « production de connaissances et de technologies et production créative » et se classe au quatrième rang pour le nombre de brevets rapportés à celui d’habitants. Un exploit, au regard de la petitesse du territoire concerné, de sa faible population ou encore de l’absence quasi-totale de ressources naturelles dans le pays.

Un système éducatif parmi les meilleurs au monde

Aux racines du succès helvétique dans l’innovation repose, sans doute, l’excellence du système éducatif suisse. Caractérisé par une forme de décentralisation permettant aux cantons de mieux s’adapter aux spécificités locales, le système éducatif suisse parvient à classer 15 % de ses programmes universitaires dans les dix premiers mondiaux, et ce dans plus d’une cinquantaine de disciplines académiques. Le pays peut, par ailleurs, s’appuyer sur la réputation bien établie de plusieurs de ses grandes écoles, comme l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPF) ou l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Enfin, l’enseignement supérieur suisse se distingue par son approche très « pratique », qui ne se contente pas des honneurs de la recherche fondamentale. Une philosophie qui permet de nourrir continuellement le tissu industriel national grâce à une main-d'œuvre très qualifiée et une capacité à faire évoluer les brevets et concepts imaginés au sein du monde universitaire vers des produits industriels et pleinement commercialisables. Autrement dit en Suisse, une bonne idée ne reste, en général, pas longtemps au stade de simple bonne idée.

Une R&D collaborative entre universités et entreprises privées

Second ingrédient essentiel du « miracle » suisse, la recherche et développement (R&D) bénéficie, dans le pays, elle aussi d’exceptionnelles conditions. D’un montant de 33 milliards d’euros en 2022 (en hausse de +14 % par rapport à l’année précédente), les investissements des entreprises dans la R&D s’élèvent ainsi au cinquième rang mondial. La présence, sur le territoire helvétique, de géants pharmaceutiques comme Novartis ou Roche, qui investissent massivement dans la recherche, contribue à cette dynamique générale en faveur de l’innovation.

S’appuyant, encore une fois, sur le soutien appuyé des autorités fédérales, la Suisse peut ainsi se targuer d’aligner, en Europe, le plus grand nombre de brevets au regard de sa population. Innosuisse, l’agence pour l’innovation, fait en sorte de favoriser la collaboration entre universités et secteur privé, en encourageant les entreprises à s’associer aux chercheurs universitaires afin de développer, ensemble, de nouvelles innovations et de nouveaux produits. Une approche à la fois souple et créative, qui permet à la recherche de répondre, prioritairement, aux besoins identifiés des marchés et des acteurs économiques.

Un écosystème puissant

Une éducation d’excellence, des entreprises à la pointe de l’innovation, une R&D puissamment abondée et un cadre politique encourageant : tels sont les éléments constitutifs de l’écosystème suisse que l’on retrouve, par exemple, sur le campus Unlimitrust, près de Lausanne. Situé dans le canton de Vaud, le campus a été inauguré l’été dernier par SICPA, le leader mondial des encres de sécurité et solutions de traçabilité. Sur 50 000 mètres carrés, le site accueille plus d’un millier de collaborateurs issus d’entreprises innovantes et de start-ups, ces dernières bénéficiant de locaux mis à disposition gratuitement pour développer leurs innovations.

Assorti d’une fondation dédiée à une thématique actuellement très sensible, l’économie de la confiance, l’Economy of Trust Foundation, le campus se veut un écosystème dynamique et collaboratif – et ouvert aux nouvelles idées comme aux nouvelles technologies. Ainsi, dernièrement, Unlimitrust a accueilli la société Aica, spécialisée dans l’intelligence artificielle, témoignant de l’intention de la Suisse de se positionner sur cet enjeu ô combien stratégique. Ouvrant ses portes aux chercheurs comme aux entreprises, le campus de SICPA est, en quelque sorte et à lui tout seul, une « Suisse de l’innovation » miniature, regroupant sur un même site tous les éléments qui contribuent à faire du pays le leader incontesté de l’innovation. Un moteur aussi soutenu par des acteurs majeurs de l’innovation, comme Innovaud ou encore la Fondation de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, l’EPFL Innovation Park.

L’exception suisse menacée ?

Enfin, que serait la Suisse sans ses banques et son secteur pharmaceutique ? Pionnier des Fintech et Biotech, le pays peut se targuer d’accueillir certains des plus grands groupes mondiaux dans leur domaine, que l’on parle des jeunes pousses spécialisées dans les crypto-actifs ou la blockchain, ou des géants mondiaux des biotechnologies – 20 % des entreprises européennes du secteur ayant élu domicile en Suisse. Véritable « exception culturelle » européenne en matière d’innovation, la Suisse pourrait, cependant, faire les frais de récentes coupes budgétaires impactant la formation et la recherche. La question est de savoir si les entreprises pourront compenser ce désengagement public pour permettre à la Suisse de conserver son leadership.

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