Régulièrement, pour ne pas dire quotidiennement, je vous invite à vous préparer aux bouleversements économiques qui nous arrivent dessus et qui sont d’une très grande violence pour les gens avant tout, parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’il se passe. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive.
Ils ne sont pas “mauvais”. Ils n’ont pas de “problème” particulier. Ils évoluent simplement dans un nouveau monde dont ils ne détiennent encore ni les clefs ni les codes.
Dans une série de changements radicaux, le CDI dit “de projet” ou la fin du CDI en réalité.
De vous à moi, je pense que la sécurité de l’emploi, en particulier telle qu’elle est dans la fonction publique, est aussi une forme de prison. Nous avons tous besoin de changement de façon régulière. La véritable question, et c’est la seule qui vaille, c’est de se demander comment ne laisser personne sur le bord du chemin. Le type de contrat de travail n’est que l’une des multiples conséquences de tout cela.
Un fonctionnaire par exemple ne peut pas avoir de rupture conventionnelle amiable ni de droits au chômage. Partir ou fuir la fonction publique c’est accepter de partir sans rien et donc la prise de risque pour certains ne sera jamais faite.
Le CDI de projet c’est quoi ?
C’est un contrat de travail à mi-chemin entre le CDD et le CDI et, entre nous, c’est sans doute le contrat de travail le plus adapté au monde du travail actuel, en tout cas pour permettre aux entreprises de suivre les cycles et les carnets de commande.
Y réfléchir est plutôt une bonne chose et une excellente idée. Et ne hurlez pas tout de suite, attendez la fin du raisonnement !
Vous êtes une entreprise du BTP, vous construisez un immeuble à Bergerac (vous n’allez donc pas forcément en construire tous les ans pendants l’éternité). Mais vous avez besoin d’un chef de chantier pour 3 ans… Comment faites-vous ? Un CDD de 3 ans c’est illégal. Or dans 3 ans, vous n’aurez plus besoin de votre chef de chantier qu’il faudra licencier, ce qui vous en conviendrez n’est pas non plus la logique même du CDI.
Du coup, dans le BTP, et pour répondre à un fonctionnement spécifique depuis des décennies, avait été mis en place le CDI dit de “chantier”, à date indéterminée mais uniquement valable pour un chantier ! À la fin du chantier, votre contrat cesse.
Cela évite de gérer des licenciements absurdes, à savoir d’accuser les gens de mal travailler, leur monter des coups, les déstabiliser pour qu’ils… partent !
Le CDI de projet, c’est-à-dire l’extension de la logique de chantier à tous les autres secteurs en utilisant le terme “projet”, participe d’une logique visant à coller la durée des contrats sur celle des besoins effectifs des entreprises.
Pour le coup, c’est une mesure qui peut permettre à des entreprises qui ne veulent pas recruter de le faire car cela évitera une incertitude juridique.
Quels sont les risques ?
Tout simplement que tout devienne un “projet”, et donc dans les faits, il est fort à parier que la mise en place d’un tel contrat de travail conduirait à un recours massif de la part des entreprises.
De facto, ce serait la mort du CDI et cela pose là encore des questions très concrètes.
Par exemple, comment accéder à la propriété sans un CDI “normal” ?
Les banques vont-elles prêter à des titulaires de CDI de projet pour des emprunts sur 25 ans ? Peu probable !
Alors que va-t-il se passer ? Est-ce que l’ensemble de la société va s’adapter à ces nouvelles réalités en acceptant par exemple pour les banques qu’un CDI de projet vaudra comme un CDI traditionnel, un peu comme on accepte maintenant un échéancier annuel EDF comme justificatif de domicile, ou alors cela signera-t-il tout simplement une forme d’accession à la propriété de la part d’une grande partie de la population ?
Au nom de la lutte contre le chômage, tout devient possible !
Sous prétexte de lutter contre le terrorisme tout devient possible, même les plus grosses bêtises et autres manipulations. Ainsi, on vous explique que vous, les Français, vous ne pouvez pas payer plus de 1 000 euros en espèces, c’est pour votre bien évidemment, puisque les terroristes paieraient en espèce. Sauf que l’on oublie de vous dire que les étrangers, eux… peuvent en France payer jusqu’à 15 000 euros en espèce…
C’est la même chose pour le chômage. On vous expliquera qu’en dérégulant tout, tout ira beaucoup mieux, ce qui est totalement faux. Totalement !
Il n’y a aucune discussion à avoir là-dessus. La reprise américaine tant vantée est une succession d’absurdités statistiques et de mensonges. 85 % des jobs créés c’est sous la forme de l’équivalent de nos micro-entrepreneurs.
Nous sommes en train de changer de monde et nous passons du salariat au “précariat”
Nous devrions avoir une réflexion collective sur le monde que nous souhaitons, la société que nous voulons, mais non. Nous ne pensons plus depuis bien longtemps, d’ailleurs penser est devenu suspect.
Hurlez, criez, soyez choqués, faites un “clash”, “twittez” en 140 caractères de quoi bien penser, faites un “post”, surtout, faites simple. “Sannat, écrivez court… c’est trop long, on ne vous publiera pas.”
Mes amis, ne devenez pas des victimes du totalitarisme marchant, expliquez à ceux qui souffrent autour de vous pourquoi cela fonctionne ainsi. Nous avons abdiqué notre pouvoir. Le peuple n’exerce plus sa souveraineté.
Il ne peut plus le faire car il n’est plus formé pour être en mesure de le faire. C’est la connaissance et le savoir partagés qui sont certainement les deux idées les plus subversives de ce siècle.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae