Senior et créateur d’entreprise : réussir sa reconversion professionnelle

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Par Christian Vallée Publié le 1 juin 2014 à 2h12

Les chiffres du chômage publiés ces derniers mois ont levé le voile sur une réalité souvent méconnue du marché du travail : l’envolée du chômage des seniors. En mars, la France comptait 768 700 demandeurs d’emploi âgés de 50 ans et plus, en hausse de 12 % sur un an. Et de 70 % sur les quatre dernières années.

Dans ce contexte, de plus en plus de seniors – chômeurs ou non – créent leur entreprise. Selon l’agence pour la création d’entreprises (APCE), ils représentaient ainsi 20 % des créateurs d’entreprise en 2011, contre 15 % il y a dix ans. Pour les seniors, le passage à l’acte, s’il concrétise une idée déjà en germe, intervient le plus souvent à la faveur d’un élément déclencheur : l’envie de réaliser un projet personnel, d’être son propre patron ou encore la perte de son emploi.

Plus nombreux à créer les entreprises, les seniors affichent également un profil nouveau, qui tranche avec les générations précédentes. Plus éloignés que leurs aïeux de l’âge qui leur permettrait de cesser toute activité rémunérée, ils sont contraints de poursuivre leur parcours professionnels dans un marché de l’emploi où la discrimination à leur égard est forte. Ainsi, le taux d'emploi des 55- 64 ans était de seulement 44,5 % en 2012 en France, contre une moyenne de 54 % dans les pays de l'OCDE.

Il y a bien entendu plusieurs causes à ce sous-emploi des seniors : recours intensif aux préretraites, essor des ruptures conventionnelles, etc. Résultat, de nombreux salariés, dans les grands groupes comme dans les PME, se sont retrouvés la cinquantaine venue à quitter l’entreprise dans laquelle ils avaient passé la majeure partie de leur carrière. Ce qui les oblige à négocier un nouveau virage professionnel, alors que leurs aspirations ont évolué avec le temps.

Dans ce contexte, la création d’entreprise séduit. Elle permet de tourner la page du salariat et de générer un revenu en appui sur un projet qui, le plus souvent, tient à cœur. Cependant, créer son entreprise ne va pas de soi. Certes, l’expérience professionnelle est un capital précieux pour les seniors. Reste que plusieurs étapes s’imposent au moment de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

Ainsi, pour les seniors comme pour les autres créateurs, l’analyse des contraintes liées à l’environnement familial et des motivations relatives à la création d’entreprise, est essentielle. Toutefois, en raison des évolutions sociologiques qui les touchent, celles des seniors méritent une attention particulière. Si leur caractéristique commune est d’être en fin de carrière, les seniors d’aujourd’hui peuvent être pour certains encore en soutien de famille, voire en charge de jeunes enfants du fait de familles recomposées. Se retrouvant ainsi souvent engagés dans des prêts de logements toujours plus chers, même bien après leur retraite.

Autre particularité, si le senior est au chômage et indemnisé par Pôle Emploi (avec, potentiellement, 36 mois de durée d'indemnisation), il est alors nécessaire de comptabiliser les trimestres au-delà de la période d'indemnisation. Et ce afin de mieux appréhender le risque financier. Tout en sachant que l'intérêt du créateur n'est pas nécessairement d'attendre la fin de son indemnisation par Pôle Emploi pour se lancer dans son projet.

Le choix de la forme juridique, ensuite, est capital. Il dépendra de plusieurs critères. A un âge où il est possible de disposer d’un patrimoine, immobilier notamment, il est indispensable de se prémunir de tout risque d'échec, pouvant dans le pire des cas entraîner une saisie des biens personnels. Le choix de la structure juridique dépendra donc du degré de risque inhérent au projet.

Enfin, comme la structure juridique choisie et le statut social qui en découle pour le dirigeant – travailleur non salarié ou salarié par exemple –peuvent avoir un impact sur le montant de sa retraite, une simulation devra également être réalisée.

Devenir chef d’entreprise et changer de métier après parfois plus de 35 années professionnelles suscite une motivation forte pour les seniors qui ont vu leurs aspirations personnelles évoluer au fur et à mesure que les strates organisationnelles des entreprises s’alourdissaient. Tout l’enjeu pour les professionnels du conseil en ressources humaines est de les accompagner vers une montée en compétences rapide. De l’apprentissage de la comptabilité à la vente et au marketing, en passant par le packaging d’une offre ou d’un produit, les possibilités sont nombreuses. Elles nécessitent parfois l’entrée dans une formation longue et qualifiante. L’enjeu est alors de savoir se remettre en cause. Ou, dit autrement, d’engager une renaissance professionnelle à l’orée de la retraite.

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      Diplômé de l’Université Paris-Dauphine en Finances et Contrôle de gestion, Christian Vallée débute sa carrière au sein du réseau des Banques Populaires. En 1988, il rejoint le groupe Bis Travail Temporaire en tant que Contrôleur de gestion. Durant 10 ans, il occupe le poste de directeur financier dans différentes filiales du groupe et intervient sur des projets d’acquisition, de réorganisation et de mise en œuvre de systèmes d’information. A l’occasion du rapprochement avec Vedior en 1998, il est nommé contrôleur financier du Groupe Vediorbis, puis Directeur Financier France à partir de 2004. En 2012, il prend le poste de directeur général de Var Conseil RH, cabinet de conseil en Ressources humaines du Groupe Randstad France.        

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