Pour le président de l’Eurogroupe, Chypre représente un nouveau modèle de résolution des crises bancaires dans la zone euro

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Par Laure De Charette Modifié le 26 mars 2013 à 1h34

Et si aller piocher directement dans les comptes en banque des citoyens, et si geler temporairement les capitaux (pour empêcher leur fuite), et si mettre en faillite ordonnée une banque... bref, et si tout ce qui se passe à Chypre devenait un exemple à suivre, un modèle du genre, qui aurait vocation à être étendu à d'autres pays d'Europe en cas de crise majeure ? C'est un peu ce que semble penser le président de l'Eurogroupe, qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Au risque d'affoler lesdits citoyens, et les marchés, lesquels ont clôturé hier en baisse, notamment après ses propos (-1,12 % à Paris, - 2,5% à Milan).

« Si une banque ne peut se recapitaliser elle-même, alors nous discuterons avec les actionnaires et les créanciers obligataires, nous leur demanderons de contribuer en recapitalisant la banque et, si nécessaire, nous le demanderons aux détenteurs de dépôts non garantis » a-t-il expliqué dans une interview au Financial Times. « Demander » n'est pas le terme exact dans le cas de Chypre, puisque les banques vont évidemment se passer de l'accord des propriétaires des sommes supérieures à 100 000 euros placées sur leurs comptes en banque pour les taxer.

Pour le président de l'Eurogroupe, la résolution de la crise chypriote a donc vocation à faire école. Hier soir, il a tout de même tenu à préciser, dans un communiqué lapidaire, que « Chypre était un cas spécifique », que tous les plans d'aide sont faits « sur mesure » et qu'il n'existe aucun « modèle ni patron ».

Toutes les banques de Chypre, y compris les deux établissements principalement visés par le plan de sauvetage à savoir la Bank of Cyprus et la Popular Bank, ne vont rouvrir que jeudi, après douze jours de fermeture.

D'après lui, « le calme relatif des marchés ces derniers mois et l'absence de panique suivant la décision de forcer les investisseurs et les dépositaires à payer pour la banqueroute de deux grandes banques chypriotes a permis à la zone euro de saisir l'argent privé de manière plus agressive ».

Lorsqu'en Irlande ou en Espagne, le secteur bancaire a connu des troubles très graves, jamais il n'a été question de toucher directement à l'argent des dépositaires. Il y a neuf mois, l'Europe a mis en place un Mécanisme européen de stabilité doté de 500 milliards d'euros et destiné justement à aider les banques en pleine banqueroute. Mais l'objectif selon Jeroen Dijsselbloem est de ne jamais avoir à l'utiliser. Décidément, ses propos témoignent d'un changement de cap radical dans la manière dont l'Europe pourrait résoudre les crises actuelles et futures.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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