Chypre : le Parlement rejette le plan de sauvetage de l’Europe

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Par Laure De Charette Modifié le 20 mars 2013 à 9h06

On comprend la joie des milliers de Chypriotes rassemblés hier soir devant leur Parlement à Nicosie, sans doute proportionnelle à leur angoisse de voir leurs économies fondre du jour au lendemain. Mais elle risque d'être de courte durée, car leur pays a bel et bien besoin d'au moins 17 milliards d'euros pour faire face à sa dette ! Où les trouver, si ce n'est en piochant directement dans les comptes en banque des habitants ? Même amendé in extremis pour épargner les Chypriotes possédant moins de 20 000 euros sur leur compte en banque, les députés ont rejeté hier soir le plan de sauvetage proposé par l'Union Européenne : un seul élu a voté pour, 36 contre et 19 se sont abstenus, après seulement deux heures de discussions.

Ce plan prévoyait de taxer à hauteur de 6,75% les dépôts bancaires supérieurs à 20 000 euros et à 9,9% ceux supérieurs à 100 000 euros, en contrepartie d'un prêt de 10 milliards d'euros de la zone euro et du FMI.

La Banque centrale européenne a rapidement pris « note de la décision du Parlement chypriote ». Quant à l'Allemagne, elle a fait savoir par la voix de son ministre des Finances qu'elle regrette le rejet de Chypre. « Nous prenons acte avec regret de cette décision. Pour qu'il y ait un plan de sauvetage, nous avons besoin d'une solution crédible pour savoir comment Chypre retrouvera un accès aux marchés financiers » a expliqué Wolfgang Schäuble.

Fermées depuis samedi, les banques chypriotes doivent rouvrir jeudi. Que va t-il se passer quand les guichets vont rouvrir demain matin ? Il y a fort à parier que les clients se ruent aux guichets pour retirer un maximum d'argent, au risque de priver les banques de trésorerie et de faire s'écrouler le château de cartes.

L'Europe va donc devoir réfléchir à un nouveau plan d'aide et Nicosie à des contre-propositions. Chypre, paradis fiscal, est en effet au bord de la faillite. Les banques, dont le bilan représente près de 8 fois son PIB de 18 milliards d'euros, ont perdu beaucoup d'argent en investissant dans la dette publique du voisin grec ou en prêtant à des clients grecs aujourd'hui incapables de rembourser. Et la surdimension du système bancaire a entraîné la création d'une bulle immobilière, qui a explosé.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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