Ca y est, c'est la cour de récré. Le petit François accuse Pierre de l'avoir embêté en premier. Des preuves ? "c'est pas moi qui ai porté le badge "un million d'emplois". Encore ? Pierre doit "changer de langage". Ambiance.
C'est lors d'un dîner avec les journalistes accrédités à l'Elysée que le président de la République François Hollande s'est payé le patron des patrons, Pierre Gattaz, dont l'interview publiée le matin même dans le Figaro a fait bondir le chef de l'Etat. Oui, c'est bien le chef de l'Etat qui estime que le patron du Medef doit "changer de langage" et déplore ses propos "inappropriés". Oui, c'est bien le chef de l'Etat qui a dit "je crois qu'il y a un problème d'expression qui peut avoir des conséquences économiques". Si la croissance tant promise, tant annoncée, n'est pas au rendez-vous, c'est la faute à ceux qui le déplorent et non à ceux qui tiennent les commandes. Logique imparable.
Le pacte de responsabilité, dont Pierre Gattaz déclarait dans son interview au Figaro qu'il était "le premier à le promouvoir et à le défendre", s'étonnant que certains élus ou ministres ne le fassent pas, mais réclamant à l'éxecutif d'aller plus loin encore ? "Qu'est-ce que vous cherchez ? Si vous l'avez signé, c'est parce que vous pensiez qu'il allait dans la bonne direction. Si vous dites que c'est sans effets sur la France, comment voulez-vous donner confiance aux entreprises et aux Français? " On croit rêver.
Mais le pompon, c'est la réaction de François Hollande au problème de la croissance exponentielle du chômage. Alors qu'en deux ans, Pôle Emploi a enregistré 500 000 nouveaux chômeurs, sur un total de 5 millions désormais, le chef de l'Etat nie avoir avancé le chiffre d'un million de créations d'emplois grâce au pacte de responsabilité. Et d'accuser Pierre Gattaz d'être à l'origine de ce chiffre : "C'est quand même pas moi qui ai porté un badge "un million d'emplois !" Les 5 millions de chômeurs ou les 500 000 nouveaux inscrits depuis mai 2012 apprécieront.