C'était la pomme de discorde entre la France et l'Italie depuis des semaines. En nationalisant STX France, l'opérateur des chantiers navals de Saint-Nazaire, Paris ouvrait une crise avec Rome autour du capital de l'entreprise dont devait s'emparer le groupe italien Fincantieri.
La hache de guerre est enterrée entre Paris et Rome. À la faveur du sommet franco-italien de ce mercredi 27 septembre, Emmanuel Macron et le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni se sont entendus sur un compromis « créatif ». Fincantieri conserve bien 51% du capital de STX France, l'opérateur des Chantiers de l'Atlantique. Mais le petit pourcent qui donne au groupe italien les pleins pouvoirs n'est qu'un « prêt » : ce 1% pourra être révoqué aux deuxième, cinquième, huitième et douzième anniversaire de l'accord. En somme, si l'État français n'était pas d'accord avec la voie suivie par Fincantieri, il pourrait reprendre son pourcent et ses billes.
Mécanisme subtil
Fincantieri a également réitéré les engagements déjà pris auprès du gouvernement Cazeneuve, à avoir le maintien de l'emploi et de l'expertise sur le site, de la propriété intellectuelle ainsi que des fournisseurs. Le repreneur s'engage aussi à traiter équitablement l'attribution des commandes entre ses différents sites, à investir et à respecter les règles de gouvernance. L'État français devient actionnaire de STX à hauteur de 34,4% et dispose d'un droit de véto sur la nomination du patron des chantiers. Paris nourrissait des craintes sur le transfert de technologies vers le partenaire chinois de Fincantieri.
Arrangement avec le capital
L'affaire remonte au début du quinquennat d'Emmanuel Macron. Alors fraîchement élu, le président de la République a visité les chantiers de Saint-Nazaire avec en bandoulière la vision d'un « Airbus de la mer » civil et militaire qui s'accordait mal avec le projet de reprise de Fincantieri. Paris a fait jouer ses droits de préemption, STX France étant considéré comme une activité stratégique par la France, ouvrant ainsi une crise avec Rome. Qui finalement, a obtenu ce qu'elle souhaitait… tout comme le gouvernement français.