Insertion des jeunes : la France à la traîne derrière le voisin allemand

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Par Vincent Chriqui Modifié le 28 février 2013 à 6h02

Le système allemand de formation professionnelle initiale est régulièrement célébré pour son efficacité en termes d’insertion professionnelle des jeunes. Le taux de chômage des jeunes Allemands âgés de moins de 25 ans était de 8,1 %, soit l’un des plus bas en Europe en novembre 2012. En Allemagne, les jeunes actifs sont ainsi plus protégés : au cours des années 1990-2000, le taux de chômage des jeunes Allemands est resté dans un rapport de 1 à 1,5 par rapport à celui des adultes. En France, le taux de chômage des jeunes a été jusqu’à 3 fois plus élevé que celui des adultes.

Mais le système allemand est-il pour autant un modèle pour la France ?

On le sait, une comparaison pertinente implique que l’on prenne en compte de nombreux facteurs qui donnent sa forme particulière aux relations de travail et d’emploi dans chaque pays : tissu productif, organisation du travail, gestion des emplois, système de relations professionnelles, valeurs et représentations collectives.

Mais la singularité des systèmes n’épuise pas le débat. Quels sont donc les défis que partagent les deux systèmes ? Comment y répondent-ils ? Les deux systèmes peuvent s’inspirer de manière réciproque ?

On peut tout d’abord comparer les deux systèmes de manière comptable (avec précaution).

Mais rapprocher les 421 000 apprentis français du 1,5 million d’apprentis allemands n’offre qu’une vision partielle de la réalité. Pour plusieurs raisons : L’accès au premier diplôme professionnel est en France segmenté en trois voies relativement étanches : lycée professionnel, apprentissage et professionnalisation. Ces trois voies rassemblent environ 1,3 millions de jeunes. On est finalement proche des 1 570 000 jeunes Allemands insérés dans le système dual. De plus, les lycéens professionnels passent aujourd’hui en France une part non négligeable de leur formation en milieu professionnel (entre 3 et 4,5 mois).

Les vraies différences ne sont pas dans les quantités. Elles sont davantage du côté : Des durées des cursus, plus longs en Allemagne. Un contrat de formation duale y dure environ 3 ans, contre 1 an et demi pour l’apprentissage français. Mais surtout du partage des responsabilités entre acteurs : en Allemagne, le référentiel de chaque formation est négocié entre les partenaires sociaux. Ils sont négociés et actualisés pour aujourd’hui 344 métiers.

Et de la valeur sociale accordée aux voies professionnelles : l’apprentissage est considéré comme l’espace légitime de qualification. C’est là où l’on apprend un métier considéré comme un ensemble indivisible de compétences. En Allemagne, 60 % des jeunes de moins de vingt ans empruntent cette voie qui reste à la fois valorisée et reconnue.

Il reste que, même s’il est efficace pour insérer les jeunes, le système dual rencontre des difficultés et des critiques :

- Les taux d’emploi des apprentis diffèrent en fonction des Länder notamment entre ceux de l’Ouest et de l’Est.

- La participation des entreprises est finalement inégale : entre secteurs notamment. La métallurgie et le commerce concentrent une part importante des places d’apprentissage.

- L’orientation précoce des jeunes est aussi critiquée pour la discrimination qu’elle installe.

En France, on constate depuis de nombreuses années deux usages de l’apprentissage :

1) Un usage conforme à sa vocation historique. L’apprentissage mène des jeunes en fin de scolarité secondaire à un diplôme professionnel de niveau V ou IV (BEP, Bac pro). Le développement pour ces niveaux se tassent depuis de nombreuses années maintenant.

2) Depuis les années 1990, l’apprentissage se développe dans le supérieur. L’apprentissage est un vecteur de la professionnalisation de l’enseignement supérieur

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Vincent Chriqui est le Directeur général du Centre d’analyse stratégique.  

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