Durant la pandémie de coronavirus Sars-CoV-2, responsable du Covid-19, on a parlé à de nombreuses reprises de « l’immunité collective » : c’est le moment où le virus a contaminé tellement de personnes qu’il se meurt faute de nouveaux hôtes. Mettez-y une croix dessus : en France, c’est très loin d’être le cas. Et heureusement, car les décès se chiffreraient en centaines de milliers.
N’en déplaise à celles et ceux qui critiquent le confinement, il aura bien permis de sauver des vies. Des centaines de milliers de vies.
Seulement 4,4% de la population française aurait été contaminée
L’équipe du professeur Simon Cauchemez de l’Institut Pasteur a mis à jour les chiffres de son étude parue dans la revue Science. La nouvelle version, datée du 13 mai 2020, estime que moins de 5% de la population française aurait contracté le virus. 4,4%, très précisément. Or, la célèbre « immunité collective » se réalise si au moins 60% de la population est contaminée, soit… 12 fois plus.
En France, selon les chercheurs qui ont extrapolé les chiffres de l’épidémie dans l’Hexagone, environ 2,8 millions de personnes auraient contracté le virus au 11 mai 2020. Les chiffres officiels, au 13 mai 2020, sont forcément moins élevés, tous les patients n’ayant pas été testés. On compte, en France, 178.184 cas et 27.077 décès.
Mais, et c’est ce qui est le plus important et qui justifie encore et toujours les gestes barrière, c’est le taux théorique de contaminations dans les régions les plus touchées, notamment le Grand-Est et l’Ile-de-France : moins de 10% des habitants, respectivement 9,9% et 9,1% (avec une marge d’erreur), auraient contracté le Sars-Cov-2.
Combien de morts si on avait atteint « l’immunité collective » ?
Selon les chercheurs, pour que le virus soit sous contrôle « par l’immunité seule », il faudrait que le taux de contaminations atteigne « environ 65% ». Si on se base sur leurs données, il faudrait donc 12 fois plus de cas, soit environ 33,6 millions de personnes contaminées.
Or, si on extrapole les données de leur recherche, cela donnerait des chiffres pour les hospitalisations et les décès qui font froid dans le dos. L’équipe du professeur Cauchemez estime que 3,6% des personnes infectées ont été hospitalisées et que 0,7% sont décédées. En appliquant ces mêmes taux au nombre de personnes infectées nécessaires à l’immunité collective, la France compterait alors 1,2 million de personnes hospitalisées et 235.000 décès.