Les agents d’EDF, leurs représentants en comité central d’entreprise (CCE) s’élèvent contre la fermeture anticipée de Fessenheim.
Au fil des années, sous contrôle de l’autorité de sureté (ASN), EDF a continuellement entretenu les installations et élevé leurs niveau de sureté, comme en témoignent l’augmentation de la disponibilité, la baisse de la dosimétrie ainsi que les appréciations de l’ASN. Malgré les menaces pesant sur leur avenir, les salariés de Fessenheim, EDF et prestataires, s’emploient avec détermination à ce que leur outil de production soit synonyme de sureté, sécurité et performance.
Le CCE appuyé par trois expertises indépendantes montre aujourd’hui que ce projet de fermeture anticipée est néfaste :
- Pour le tissu local : Fessenheim induit près de 2 000 emplois dans le bassin et les conséquences d’une fermeture rapide ne sont ni anticipés ni même évoqués dans les documents officiels.
- Pour l’entreprise EDF : la production annuelle moyenne de Fessenheim est importante (12 TWh/an) et le manque a gagner, dont aucune certitude de compensation ne figure dans le projet de protocole avec l’État, se chiffre entre 2 et 6 milliards d’euros selon les hypothèses (durée de fonctionnement, prix de marché..)
- Pour la transition énergétique : on laisse entendre aux Français que Flamanville 3 devrait remplacer Fessenheim. En terme arithmétique, c’est possible mais c’est oublier deux réalités. Même si le démarrage de Flamanville 3 est prévu fin 2018, sa mise sur le réseau prendra plusieurs mois, rappelons le caractère prototype de ce premier EPR européen. D’autre part, Flamanville 3 n’a jamais été construit en vue de remplacer Fessenheim mais pour satisfaire les besoins en production dont le moindre aléa, la moindre baisse de température hivernale met en péril l’approvisionnement du pays. Les études nous montrent donc qu’un manque à produire devra aussi être compensé. Dans les délais annoncés de fermeture anticipée, seuls les recours à des imports massifs, ou à la mise au réseau continue de moyens carbonés peuvent satisfaire ce manque. C’est autant de tonnes de CO2 dans l’atmosphère ou de milliards d’euros qui ne seront pas mobilisables pour la transition énergétique.
La transition énergétique semble appelée de leurs vœux par un grand nombre de Français. Elle passe par la baisse significative des émissions de CO2 et conduit donc à une place importante de l’électricité décarbonée dans le mix énergétique.
La production énergétique doit alors est déterminée selon plusieurs facteurs :
- Les besoins, permanents et de pointe
- L’équilibre du réseau où production et consommation doivent être les plus proches possibles
- Le coût final de l’énergie, son accessibilité au plus grand nombre au travers du service public
- Le bilan investissement emplois.
L’ensemble de ces facteurs montrent que la transition énergétique n’est pas une affaire de quelques mois, ou d’un mandat présidentiel. C’est un enjeu de long terme qui engage le pays, sa population sur plusieurs décennies et dépasse la démagogie de l’engagement électoraliste de la fermeture anticipée de Fessenheim.