Je lisais récemment dans un grand quotidien une analyse qui égaya ma fin de journée : « Les petites entreprises sont les nouveaux " chouchous " de l'exécutif. Baisses de charges spécifiques, démarches simplifiées, traitement législatif différencié - comme pour la précision des critères de licenciement dans le projet de loi El Khomri... Longtemps restées dans l'ombre des grands groupes, peu ou pas visibles en comparaison des géants du CAC 40, les TPE, PME et ETI françaises concentrent désormais toutes les attentions. »
S’ajoutent à cela des indicateurs positifs tel que celui du nombre d’entreprises créées publié dernièrement par l’INSEE ; en mai dernier la création d’entreprise a crû de 2,3% et ceci pour le deuxième mois consécutif. Un signe que l’économie repartirait : toutes les créations sont en augmentation, les sociétés et les micro-entrepreneurs, mais aussi la plupart des secteurs économiques, avec un pic à 12,5 % dans les transports et l’entreposage. Sur les douze derniers mois, le nombre de création est à la hausse (+2 %) alors qu’il était en baisse lors des douze mois précédents.
Quand tout va bien, prévoyons l’avenir.
Les grands penseurs de la stratégie des entreprises ont théorisé une règle trop rarement admise par les managers du quotidien : quand tout va bien il faut penser à ce qui pourrait subvenir de moins agréable. Il en va notamment de la protection de l’entrepreneur. En effet, la période de mutation économique que nous traversons depuis 2008 aura été la plus trouble que la France et le monde occidental aient connu depuis l'effondrement de 1929. Si les créations augmentent, depuis la crise des subprimes de 2008, environ 65 000 entreprises par an ont dû demander la protection du tribunal de commerce et près de 70% d’entre elles ont été forcées de mettre la clef sous la porte.
Les chefs d'entreprises doivent se protéger
Il faut sensibiliser nos chefs d’entreprise ; ceux-ci sacrifient trop souvent leur propre protection, habitués à ne pas se payer lorsque la trésorerie de l’entreprise est asséchée. Je veux leur rappeler que les dirigeants peuvent (et doivent), au même titre que les salariés, se protéger contre les aléas de la vie professionnelle. En tant que Président de la GSC, je souhaite le rappeler aux 600 000 personnes qui, chaque année, se lancent dans l’aventure exaltante de l’entrepreneuriat.
Les dirigeants et notamment les plus jeunes se pensent immunisés. « il y a une idéologie du leadership qui interdit tout signe de faiblesse, à la fois dans le comportement et dans la parole du patron », explique Olivier Torrès, enseignant-chercheur spécialiste des PME à l'université de Montpellier et fondateur de l'observatoire Amarok, premier du genre à étudier la santé au travail des patrons.
Les dirigeants d'entreprise possèdent un certain goût pour le "risque". Mais risque ne signifie pas inconscience. Ils doivent donc anticiper les aléas, prendre soin de leur santé, se protéger personnellement pour rebondir. Mais la partie n’est pas gagnée, il me reste à convaincre la majorité de mes pairs. Ils doivent s'assurer afin de ne jamais priver le pays d'un entrepreneur, simplement parce qu'il aurait connu, à un moment de son histoire passionnante, une situation de délicatesse économique.