Démission du gouvernement : le mythe de la Ve République a vécu

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Par David Van Hemelryck Modifié le 25 août 2014 à 9h24

Il y a quelques mois, à l'issue d'une défaite historique du PS aux municipales, qui, d'après les engagements même de Hollande aurait du entraîner sa démission, ou, tout au moins, une dissolution, Hollande appelait Valls à former un gouvernement. Tambour battant, le fils d'Espagne, expert de la répression de la Manif pour Tous, honni de l'aile sociale des socialistes, nommait son gouvernement du titre pompeux de "Gouvernement de Combat". Le résultat? Avant même la rentrée, et au milieu de chiffres économiques catastrophiques [chômage qui s'envole, croissance nulle, déficit et dettes qui grimpent inexorablement] le gouvernement montre qu'il est effectivement capable de luter... contre lui même.

Alors, petit tour de passe passe, pour virer les contestataires, on change de gouvernement. Pas sûr que les contestataires aient envie de se laisser museler par un Hollande au plus bas de sa popularité, et en quête d'une légitimité illusoire, toute entière basée sur le mythe de la Ve république.

Car la Ve, il faut le dire, est un mythe. Economiquement, elle s'attribue la reconstruction économique lancée sous la IV. Institutionnellement, elle ne vaut pas mieux qu'une dictature, où le parti au pouvoir est dispensé de dialogue. On le voit quand un parti qui dispose de 13% de soutiens perpétue néanmoins son pouvoir à coup de subventions et de fonds publics. On le voit quand Hollande n'en fait qu'à sa tête sans qu'aucun contre pouvoir ne puisse réellement s'opposer au spectacle d'une France qui va à la ruine. On le voit quand le gouvernement peut faire arrêter 2000 citoyens pacifiques en moins d'un mois, dans le but de faire cesser la contestation.

Valls et Hollande, aujourd'hui, ne fondent plus leur pouvoir sur le soutien populaire, la base de la démocratie, ils le basent sur le mythe du vieux général, celui que François Mitterand avait accusé de "coup d'état permanent" mais qui avait montré la seule manière de tempérer le présidentialisme, véritable dictature potentielle, en tirant sa révérence avec élégance. De Gaulle, après un référendum perdu de justesse, avait montré le seul exemple qui peut faire de la Ve une démocratie : en l'absence de soutien populaire, il a donné sa démission.

Et la seule manière de faire à nouveau de la Ve une démocratie, maintenant, pour Hollande, c'est de démissionner.

Il ne le fera pas? Du moins, il ne le fera pas cette fois ci? C'est bien la preuve que la Ve permet les excès de l'entêtement déraisonnable, l'entêtement anti-démocratique. C'est la preuve qu'il faut réécrire la constitution.

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polytechnicien, ingénieur, fondateur du collectif Hollande Démission

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