La SNCF fait son aggiornamento digital : pour qui la facture ?

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Par Christophe Lefébure Modifié le 18 février 2015 à 11h03
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350000 EUROSChauqe rame de trian coûtera 350 000 euros en équipements pour déployer le Wifi.

La nouvelle n’est pas tombée dans l’oreille de sourds. D’ici à la fin 2016, se connecter à Internet dans tous les TGV sera possible, par le biais d’un alliage de WiFi et de 4G. Une annonce de taille pour la SNCF et ses usagers qui réclament cette commodité devenue aujourd’hui incontournable. Le coût de l’opération toutefois, 350 000 euros par rame, laisse songeur. Une telle facture devra nécessairement être payée. Par qui ?

« Gouverner, c’est parfois simple comme un tweet ». C’est Rue 89 qui le dit. « Toc toc toc, la SNCF : on peut se voir pour discuter wifi dans le train ? Merci d’avance ! ». Manifestement, la bouteille à la mer envoyée le 17 octobre dernier par Axelle Lemaire, notre moderne secrétaire d’Etat au Numérique, a été réceptionnée par l’intéressée. Un peu moins de quatre mois plus tard, la SNCF y répondait par un autre gazouillis : « Concernant les TGV nous allons passer à une technologie alliant le WiFi à la 4G pour un déploiement fin 2016 ».

Le média en ligne a raison : de temps à autre, c’est simple la politique. Réactive, la SNCF a déjà une petite expérience d’Internet dans les trains. Toutes les lignes et les rames des Thalys sont équipées en Wifi. De même, le TGV Est Paris-Strasbourg a également tenté la chose, par le biais du satellite. Pour 4,99 euros de l’heure ou 9,99 euros pour le trajet entier, le voyageur peut s’offrir l’accès à la toile. Enfin quand ça marche. Car le résultat, du propre aveu de Guillaume Pépy, PDG de la SNCF, n’a pas été très concluant, pour ne pas dire « superbof » pour reprendre ses propres mots.

« Le choix du satellite, que nous avons fait il y a 5 ans n’était pas le meilleur. Le principal problème est son coût, d’environ 1 million d’euros par rame. Nous avons réalisé des essais, notamment dans l’Est de la France, mais de l’avis des clients, c’était superbof. Aujourd’hui on en tire les leçons », a ainsi déclaré Guillaume Pépy.

Par conséquent, le groupe va changer de braquet. La SNCF va laisser la place aux opérateurs mobiles pour le déploiement de leurs antennes 3G et 4G. Et à cette technologie s’ajoutera une couverture WiFi, là où la situation l’exige, comme dans le cas des TGV qui circulent trop rapidement pour s’en dispenser. Le budget total de la SNCF pour cette opération s’élève à 150 millions d’euros sur trois ans. Car équiper les trains coûtera quelque 350 000 euros par rame.

Logique dès lors de se demander à qui reviendra la facture. Les finances de la SNCF sont précaires, et il est peu probable que les usagers acceptent de payer ce service en plus de leur billet, dont le prix ne cesse d'ailleurs d'augmenter d'année en année. "La récente hausse des tarifs de la SNCF inclura le coût du déploiement du WiFi", a de plus assuré Axelle Lemaire.

En réalité, l'option la plus probable est de se tourner vers les opérateurs. Ces derniers disposent d'une "main tendue" pour agir. "C'est la fin du renvoi de la balle entre les opérateurs et la SNCF", a en effet déclaré Guillaume Pépy. "Il faut arrêter cette guerre de tranchées". Timide mea culpa de la SNCF, qui a pris un grand retard dans le déploiement d'Internet dans les rames et qui a perdu des millions d'euros en n'incluant pas dès le début les professionnels du secteur.

Il reviendra à l'Arcep, l'autorité des télécoms, d'établir les critères sur lesquels les opérateurs pourront s'appuyer. Mais il ne fait aucun doute que le groupe sera prompt à rejeter la faute sur les opérateurs s'ils ne couvrent par les trains en 3G et 4G dans les délais annoncés. La question de leur participation au financement des opérations reste aussi à trancher. "Le renforcement du réseau sera-t-il à leur charge ?", s'interroge à juste titre le site spécialisé ZDNet.

Entre la ligne Paris-Lyon-Marseille, le TGV Est vers Strasbourg et, peut-être surtout, la très coûteuse liaison Paris-Bordeaux en à peine plus de 2 heures, la SNCF a investi massivement dans les lignes à grande vitesse et aura la difficile tâche de les rentabiliser rapidement. Le prix des billets a déjà augmenté et la tendance n'est pas à la baisse. Le groupe aura donc fort à faire pour conserver ses clients. Cela passe entre autres par le WiFi, à plus forte raison pour les voyageurs d'affaires. Il serait donc logique qu'il finance cet investissement en fonds propres et dans les meilleurs délais.

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Consultant en nouvelles technologies. Stratégie de mise en place des SI.

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