Préparez-vous à profiter de la future braderie de notre République

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Par Antoine Michon Publié le 25 juillet 2014 à 2h29

A l'horizon 2015, le budget de la France devra afficher un ratio déficit/PIB, inférieur à 3%, selon les engagements pris par l'Etat français et à nouveau acceptés par la Commission Européenne, en mars 2013.

Selon les estimations concordantes de l'OCDE, de la Commission Européenne, et depuis août 2013, selon le FMI, les ratios de déficit/PIB évolueront au mieux :

• A 3,9% en 2013,

• A 3,7% en 2014.

Le ministre de l'Economie et des Finances a reconnu début août 2013, dans le Washington Post, que l'objectif gouvernemental – Loi de Finances tout de même ! – de 2013, à 3,7% ne pourrait être atteint en raison de multiples facteurs... surtout lié au dénominateur de ce ratio... la fameuse évolution du PIB. Au passage, on déplorera encore une fois cette présentation trompeuse du déficit qui, rigoureusement, devrait s'exprimer en fonction des recettes fiscales. Mais comme tout élève du secondaire le sait, plus le bas de la fraction est gros, plus le résultat est petit. Mais revenons au déficit selon Maastricht.

Ceci signifie que sur le seul exercice budgétaire 2015, voté par le Parlement à l'automne 2014, soit dans un an, la Maison France devra faire un double effort :

• Ménager une croissance du PIB au minimum de 0,2%, pour ne pas avoir de mauvaises surprises sur le dénominateur,

• Réduire de 0,8% à 1% du PIB, le déficit public, soit un PIB 2012 au minimum de 25 milliards d'euros.

Ramené à l'échelle d'un ménage, c'est comme si un de ses enfants entrant en septembre 2013, en classe préparatoire, s'apprêtait à "se rendre solvable" vis à vis d'une banque. En effet, il compte demander un crédit, d'ici deux ans, soit en 2015, année probable de sa rentrée en grande école pour financer 10 000 euros par an les études supérieures de ce cher petit ! Comment se rendre financièrement présentable ?

• Soit en augmentant ses ressources (difficile en prépa)

• Soit en réduisant son découvert déjà fortement sollicité aujourd'hui pour des dépenses courantes, de loyers, d'essence, d'alimentation, d'habillement...

Un peu de battage médiatique au printemps et durant l'été 2013 pour préparer le terrain

L'Etat veut montrer qu'il gère en "bon père de famille" et que sa politique prudente de valorisation de ses participations tient compte des effets de la crise...

Son premier trésor, géré par la Vieille Dame ou la Caisse des Dépôts et Consignations, comprend diverses grandes participations, dans

• Orange-France Telecom, moins-value de 1 000 millions d'euros en 2012

• DEXIA, perte sèche sur sa participation de 450 millions d'euros en 2012

• la Banque Postale, dividende en 2012

• des fonds comme CDC participations, comme Qualium, ...

La Vieille Dame affiche ainsi au printemps 2013, sous la férule d'un nouveau patron de la Caisse, une perte (deuxième perte de son histoire depuis 1816 !) de – 558 millions d'euros, en raison principalement de ces provisions pour dépréciations de titres de participations. Par "dépréciation", comprenez une dévalorisation au bilan de la Caisse, de ces sociétés, par rapport à leur valeur au moment de leur acquisition.

Il serait intéressant d'invoquer l'article 8 de la Constitution, pour obtenir ligne de participation par ligne de participation, le prix d'acquisition par la Caisse, puis l'évolution et enfin la valorisation retenue au bilan au 31-12-2012.

Les Echos du 9 août titrait "les bons comptes de l'Etat actionnaire" mais restait muet sur ce sujet. Tout juste sait-on que le montant total en valeur de portefeuille s'élève à 71,83 milliards d'euros au 30 juin 2013.

Comment faire une bonne affaire ?

L'Etat, la Vieille Dame, comme finalement tout propriétaire, n'est jamais pressé de se séparer de sociétés, de titres, d'immobilier, qu'il a déjà largement provisionnés, et dont il parie que la valeur ne pourra que "repartir à la hausse".

A contrario, il sait que ce qui "brille", ce qui est coté en Bourse, est plus aisément vendable, comme en un week-end pour ce qui lui restait du Crédit Lyonnais, vendu de gré à gré en 48h au Crédit Agricole, en 2008...

C'est ainsi que je comprends l'article paru dans L'Express du 7 août 2013, signé Valérie Lion : "Etat actionnaire : 100 milliards ... pour quoi faire ?"

Un trésor de guerre... A la manoeuvre, un discret énarque, David Azéma...

• 60 milliards cotés

• 40 milliards non-cotés

• soit 4 milliards de dividendes annuels pour l'Etat...

"L'Etat entend se doter d'une doctrine de gestion active de ses participations" déclarent le 2 août 2013, les ministres Moscovici et Montebourg.

Le rôle de l'Agence de Participations de l'Etat, APE, créé en 2004, selon David Azéma, son dirigeant : un "family office des Français"...? Qu'on traduirait volontiers comme "Office notarié..."

Et si c'était à l'échelle d'un ménage...

Ceci signifierait que vous promettriez de mieux faire connaître vos différents biens, vos collections de pièces d'or, etc...

Vous communiqueriez régulièrement les valorisations de tout ce que vous avez encore comme actifs à vos éventuels créanciers – banques, sociétés de crédit revolving – Ceci afin de les faire patienter...jusqu'en 2015...en leur promettant de vendre si nécessaire...pour diminuer votre ratio d'endettement !

Leçon de cette histoire

• Suivez les bilans des bras armés de l'Etat, en 2013, en 2014, comme ceux de la Vieille Dame-CdC, de l'Agence de Participations de l'Etat-APE, de Qualium, de la Bpi-Banque Publique d'Investissement, ...

• Analysez ligne par ligne, les participations, leurs évolutions,

• Préparez et anticipez les mises sur le marché ou les ventes de ce qui peut "rapidement" l'être, ou celles qui nécessite une préparation comme QUICK, comme DEXIA, comme CDR..., liste plus exhaustive dans les pages 48 à 50 de mon livre "La faillite de la France" Editions Maxima.

• Saisissez alors les bonnes affaires, et plus on se rapprochera de 2015, plus il y en aura !

• Ne vous jetez surtout pas sur ce qui est proposé à grand coup de renforts médiatiques, comme ADP

Ma préférée ? Un cas pratique Quick

Arrêtons-nous sur une société en portefeuille de l'Etat, via le fonds Qualium de la Caisse des Dépôts et Consignations... Une pépite quand elle fut achetée en 2006 :

• Quick : chaîne de restauration rapide

• Date d'acquisition par la CDC : octobre 2006, année du leverage buy-out -Fusion GDF-SUEZ

• Motivation de l'Etat : inconnue. Pourquoi prendre 95% du capital de Quick, alors que la doctrine de la Caisse est de prendre au maximum 33% et de peser sur la stratégie...

D'autant plus que le montant moyen investi jusqu'alors était de 70-90 millions d'euros maxi...

• Raison probable de l'Etat : permettre à un actionnaire belge de monter au capital du nouvel ensemble GDF-SUEZ et ainsi satisfaire un desiderata de la Commission, d' "européaniser le capital" du nouvel ensemble...

• Contrainte : le seul actionnaire pressenti pour cette montée en puissance, c'est Albert Frère, et Tractebel, qui ont besoin d'environ 1 200 millions d'euros, pour peser dans l'actionnariat du nouvel ensemble GDF-SUEZ...

• Innovation de la Vieille Dame : après avoir inventorié le portefeuille de sociétés détenues par Albert Frère,.., la CdC imagine et propose ce montage : racheter pour 800 millions d'euros la société Quick, aisément vendable, ... à 500 millions d'euros, car 800 millions d'euros, c'est plus de 42 fois les bénéfices 2005!

Tout cela se fait plutôt dans la précipitation pour permettre à Albert Frère d'injecter cette somme dans le nouvel ensemble très lucratif, de GDF-SUEZ...

Quelques années plus tard :

Le propriétaire doit faire des travaux dans les multiples restaurants Quick ; la baisse de fréquentation des restaurants, ainsi que la hausse des charges sociales en France, diminuent d'autant la rentabilité.

La valorisation d'une société est un multiple de son résultat ou de son free cash flow - c'est à dire sa capacité résiduelle d'autofinancement après financement de ses investissements. Ceci impose une valorisation "prudente" de Quick à 200 millions d'euros...au 31-12-2012, soit pour la Vieille Dame, une provision pour dépréciation de titres Quick de 600 millions d'euros !

Ramené à l'échelle d'un ménage

Votre voisin "rêve" d'acquérir une belle résidence secondaire à Biarritz... N'ayant pas les moyens de l'acquérir seul, il fait appel à un riche cousin belge, qui lui vend un petit pavillon à Knocke-le-Zoute, afin qu'il dispose d'un apport dans l'acquisition de la belle résidence secondaire à Biarritz.

Le problème, c'est que le petit pavillon de Knocke le Zoute, doit être repeint à neuf, la toiture changée, et que 7 ans plus tard, il n'y a pas d'acheteur à plus du quart de la valeur d'acquisition...

Alors, votre voisin aurait tout simplement renoncé à l'acquisition de cette résidence à Biarritz... Mais pas l'Etat qui ne renonce jamais, quitte à supporter un endettement extravagant ! Tant qu'on lui prête à moins de 2% à 10 ans !

Il n'en demeure pas moins que si l'Etat se décide à vendre Quick pour une valorisation raisonnable (200 millions d'euros ou moins de 10 fois les bénéfices 2012), ce pourrait être pour vous une belle affaire, à glisser dans un PEA, par exemple.

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Antoine Michon est co-fondateur l'Association Mezzocredit dont l'objet est de fournir des microcrédits professionnels (entre 8 000 et 25 000 euros) et l'accompagnement professionnel aux micro-entrepreneurs solidaires. Il est l'auteur d'un ouvrage de vulgarisation économique et budgétaire : "La faillite de la France - les chiffres ramenés à l'échelle de nos budgets personnels" aux Editions Maxima. Avant il a travaillé comme chargé d'affaires PME au sein de la Banque BGFI (Libreville-Gabon), puis chez INTESA-Banca commerciale Italiana, puis chez CIC-Banque Scalbert Dupont (Lille-France) comme Responsable crédit, puis à la Caisse d'Epargne de Flandre (Roubaix-France) comme membre du Comité de Direction.

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