De la relativité des choses économiques

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Par Charles Sannat Modifié le 20 novembre 2015 à 11h18
France Paris Attentats Guerre Terrorisme
600 MILLIONS €Les mesures annoncées par le gouvernement après les attnetats de Paris coûteront 600 millions d'euros à l'Etat.

Je me disais qu’il fallait que je vous parle bien à nouveau d’économie, mais finalement c’est loin d’être aussi évident que cela.

C’est peu évident car finalement les pensées se concentrent sur autre chose, et cela indique très clairement l’importance de la « relativité des choses ».

L’économie ne restera jamais rien que de l’intendance !

Je vous faisais un petit rappel sur la « raison d’État ». Concept à la fois simple et complexe. Néanmoins, il est une constante. Dans un Etat en guerre toute la normalité est suspendue et c’est exactement ce que nous vivons.

L’état d’urgence a été prolongé pour les trois prochains mois. L’économie devient accessoire.

Je vous parlais il y a quelques jours également des risques d’attentats chimiques qui pesaient sur notre pays. Le premier ministre Valls les a confirmés officiellement aujourd’hui. L’économie dans de telles circonstances devient secondaire.

Pour toutes ces femmes et ces hommes qui nous ont quittés beaucoup trop tôt, dans des conditions épouvantables alors qu’ils devraient être là, avec nous, à nos côtés, le placement à la banque n’est hélas, plus une préoccupation, ni même de savoir si la banque fera ou pas faillite.

Vous trouverez pour celles et ceux qui ne l’ont pas vu, le reportage qui a été diffusé par M6 suite aux attentats du 13. Une équipe de journalistes suivaient les pompiers. Ils ont accompagné le premier véhicule intervenant sur place. Le chaos est indescriptible de même que les souffrances. Que les émotifs ne le regardent pas, et évidemment éloignez les enfants. En revanche cela constitue un excellent « dé-niaisement » pour ceux qui en auraient besoin. Cela montre encore une fois, la nécessité absolue de maîtriser les gestes de premiers secours.
Aussi désagréable que ce soit, cela montre la réalité dans toute sa cruauté. Je n’ai pas éprouvé de colère à ces images, mais une immense envie de pleurer.

Dans de telles conditions, l’économie est parfaitement anecdotique et c’est cela que je veux que vous compreniez, moi, dont le « métier » est d’étudier en particulier l’économie !

De l’état d’urgence à l’économie de guerre :

Une guerre entraîne l’économie de guerre et c’est exactement ce qu’il va se passer dans les prochains mois, même si, là encore il y a une forme d’inertie et de progressivité qui donne parfois l’impression que les choses se déroulent lentement et puis par moment, les choses subissent des accélérations brutales.

C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Jamais vous n’auriez dit que l’état d’urgence serait décrété en France puis prolongé pour trois mois et les règles de droit abolies la semaine dernière. Même le 13 au soir, nous regardions le match de foot. Nous ne pensions pas « l’état d’urgence ».

Vous êtes typiquement face à ce que l’on appelle un « cygne noir » à savoir un événement extrême et hors statistique de nature à modifier totalement le fonctionnement de la société. C’est ce que l’on nomme les « risques extrêmes » et c’est une autre partie de mon travail.

A quoi ressemblera l’économie de guerre ?

Pour le moment c’est très difficile à dire. Tout dépendra de l’évolution de la situation. Émeutes massives, embrasement des banlieues, nouveaux attentats terribles ou alors plutôt une accalmie… tout cela est par essence imprévisible. Il sera intéressant de se pencher sur les différentes « économies de guerre » que l’on peut rencontrer pour voir ce qui pourrait être transposable à notre époque, et sous nos contrées.

Disons qu’en cas de guerre tout est possible. De la réquisition de votre logement pour y mettre un QG de l’armée, jusqu’au vidage en règle de votre restaurant comme vous pouvez le voir dans cette vidéo, puisque les pompiers y installent un PMA (poste médical avancé). On vous dégage vos tables et vos chaises vitesse grand V et sans en prendre soin. Il est vrai que dans ce cas, nous ferions évidemment tous la même chose. Encore une fois l’économie est secondaire.

Évidemment encore comme à chaque fois, qui dit guerre, dit « effort » de guerre. Il faudra donc financer la guerre. Avec les déficits bien sûr, mais cela aura une limite. Restera alors à faire appel à votre patriotisme et… à votre argent, et croyez-moi l’Etat sait s’y prendre, surtout qu’il met en place les conditions pour vous le prendre, sans conditions…

Préparez-vous, il est déjà trop tard !

Article écrit par Charles Sannat pour son blog Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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