Élections de mi-mandat aux États-Unis : le coup d’après

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 9 novembre 2018 à 13h05
Congres Americain Etats Unis Capitole
2,1%Au lendemain des élections de mi-mandat, l'indice S&P500 a fini la journée avec +2,1%.

Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis ont donné un résultat peu ou prou conforme aux attentes : le Congrès est divisé. Essayons d’entrer un peu plus dans les détails, qu’il s’agisse de politique ou de politique économique.

Pas de plans de relance ni de baisses d'impôts en vue

Du côté de la politique, trois points sont à remarquer. A la Chambre des représentants, une distribution dans chaque camp des sièges plus en faveur des « extrêmes » (plus à gauche pour les Démocrates et plus conservatrice pour les Républicains). Une performance des candidats républicains plutôt décevante dans le Midwest et dans les zones suburbaines. Pour les fonctions les plus en vue (sénateurs ou gouverneurs), le résultat des candidats démocrates assez marqués à gauche est dans l’ensemble en-deçà des attentes.

Du côté de la politique économique, deux choses sont à noter ; une bien repérée par le marché et l’autre, moins. Cette cohabitation « à l’américaine » envoie d’abord un double message de visibilité et de modération. Il ne devrait pas y avoir de vastes plans de relance ou de baisse des impôts. Et puis, les discussions commerciales avec la Chine devraient débuter assez vite ; ce qui est en soi un évènement important et potentiellement favorable. Passons au point davantage laissé de côté : quid de 2020 ? Cette année sera assurément celle de l’élection présidentielle et peut-être aussi celle du retournement conjoncturel. N’est-ce pas le sentiment de beaucoup de prévisionnistes, qui pointent les signaux en cours d’une fin de phase haussière du cycle ?

Politiquement, l'absence de récession est une bonne nouvelle pour Donald Trump

Il y a au total trois messages envoyés au Président Trump. D’abord, voir son camp perdre le contrôle de la Chambre des représentants ne dit rien sur sa capacité à gagner la course 2020 à la Maison Blanche. Les exemples historiques sont en la matière nombreux. Il suffit de penser aux expériences de Reagan, Clinton ou plus récemment Obama. Ensuite, le Président en place à d’autant de chances de se maintenir au pouvoir que l’économie n’est pas en récession (80% selon des calculs du Professeur Allan Lichtman, repris par BCA, une société de recherche indépendante). Enfin, compter prioritairement sur la mobilisation des électeurs masculins, blancs et peu diplômés pour gagner en 2020 pourrait ne pas suffire. La question de l’élargissement de la base électorale est probablement posée. Donald Trump devra envoyer des signaux vers les électeurs plus « centristes » ; mais sans perdre son « socle historique ».

Remarquons que la question du positionnement face aux électeurs vaut aussi pour les Démocrates : une base d’élus assez à gauche et pourtant la nécessité de choisir un(e) candidat(e) plus modéré(e) dans la course à la Maison Blanche et porteur(se) d’un programme assez « centriste ».

Pour convaincre les électeurs, Donald Trump devra rassurer au-delà des sujets économiques

On le perçoit ; selon qu’on regarde la question de la politique économique à aujourd’hui ou à un horizon d’un an ou d’un peu plus, la conclusion est différente : tout est à-peu-près sous contrôle ou le choix des possibles est assez large. Sachant que, dans le cadre de cette deuxième hypothèse, dessiner un programme de soutien à l’activité, qui « sature » toutes les contraintes à prendre en compte, est compliqué : à la fois séduire les électeurs « centristes », faire en sorte que le mérite de l’initiative soit attribué à son camp, et pas à l’autre, et réussir à faire voter les deux Chambres sur un même texte qui in fine sera signé par le Président.

Mission impossible ? Peut-être. Dans ce cas, et cela vaut surtout pour le Président en fonction et qui cherche à se faire réélire, il faut trouver des éléments positifs à mettre en avant pour compenser, même si ce n’est que partiellement, une économie chancelante. Vu du marché, on pense en premier à des efforts pour stabiliser l’environnement international multipolaire déséquilibré (plusieurs pôles de pouvoir qui ont de plus en plus de mal à s’entendre) dans lequel le monde parait s’enfoncer. Le Président Trump peut-il réussir à modifier le comportement économico-commercial de la Chine, forcer la Russie à arrêter de chercher à déstabiliser son voisinage proche et réduire de façon marquée les tensions aux Moyen-Orient ?

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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