Le coronavirus fait sa première victime d'importance dans le secteur du commerce de détail. L'enseigne André a annoncé son placement en redressement judiciaire.
Le groupe André, fondé en 1896, passera-t-il le cap du coronavirus ? La vénérable enseigne de chaussures a annoncé son placement en redressement judiciaire. Depuis le 16 mars, les 150 magasins du réseau sont fermés : leur activité n'a pas été jugée essentielle à l'activité du pays, pendant l'épidémie de coronavirus. Cela représente un manque à gagner évalué entre 3 et 4 millions d'euros pour ces deux premières semaines d'arrêt de travail. Le groupe a enregistré un chiffre d'affaires de cent millions d'euros l'an dernier, avec des pertes qui s'établissent à 10 millions, selon les estimations des Echos. Autant dire que l'arrêt de l'activité est extrêmement préjudiciable pour l'enseigne, ce qui a précipité la demande de protection des créanciers.
Pertes de 10 millions d'euros l'an dernier
Il ne s'agit pas d'une liquidation pour le moment, bien que la situation actuelle, très compliquée, ne plaide pas en faveur d'un éventuel repreneur. Ce d'autant que Bpifrance n'a pas voulu soutenir l'enseigne en refusant un prêt de 12 millions d'euros. André est depuis deux ans entre les mains du site internet Spartoo, qui aurait reçu de 4 à 5 millions d'euros de la part de Vivarte, l'ancien propriétaire, pour reprendre le réseau de magasins (110 points de vente intégrés et 40 affiliés) et ses 700 salariés. Un plan de relance avait mis en œuvre : doté d'une quinzaine de millions d'euros, il consiste en la rénovation d'un tiers environ des boutiques.
Tempêtes sur tempêtes
Mais en deux ans, le groupe André a essuyé plusieurs tempêtes : d'abord la crise des « gilets jaunes » qui a fortement impacté l'activité de l'enseigne ; puis la grève contre la réforme des retraites en décembre dernier. Le retournement de la mode est aussi en cause : les clients ont jeté leur dévolu sur les sneakers, et boudent les chaussures plus classiques. Boris Saragaglia, le PDG du groupe, l'assure : « Je suis un entrepreneur. Je vais me battre pour monter un plan B, peut-être en me concentrant sur le coeur du réseau ». Mais à l'heure actuelle, l'horizon est bouché pour André.