Entrepreneurs, la levée de fonds n’est pas la clef de la réussite

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Par Taoufik Zagdoud Publié le 3 septembre 2016 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin
2,6 millions ?En 2015 en France, le montant moyen d'une levée de fond s'élevait à 2,6 millions d'euros.

Considérées par le gouvernement comme moteur de la croissance française, les start-ups de la French Tech connaissent un essor considérable. Chaque jour voit en effet son lot de levées de fonds mais cela peut prêter à confusion pour les entrepreneurs de demain. Ces derniers doivent savoir qu’il existe d’autres manières de réussir !

L’illusion du succès

L’année 2015 a vu la France se placer en tête des pays européens en termes de levées de fond. Elles furent en effet plus nombreuses qu’en 2014 (405 contre 300) et les montants moyens levés furent plus importants (2,6 millions d’euros contre 1,5 millions). Au dernier trimestre, l’entrée très médiatisée de Blablacar dans le club très fermé des « licornes », ces start-ups valorisées à plus d’un milliard de dollars, a même forcé l’admiration d’Emmanuel Macron, ministre de l’économie.

Il n’est donc pas surprenant que ce mode de financement soit aux yeux de beaucoup d’entrepreneurs la voie royale pour réussir. La levée de fonds n’est cependant pas le seul moyen de financement à leur disposition. Je dirai même plus : elle n’est pas synonyme de réussite. Il est essentiel que les jeunes entrepreneurs français sachent qu’il existe d’autres voies de succès.

Nous n’allons pas nier que la levée de fonds présente certains avantages : en permettant à l’entreprise de bénéficier de l’expertise des investisseurs et de réaliser des bénéfices rapidement, elle lui insuffle une certaine crédibilité. Il faut être particulièrement prudent et évaluer les risques ainsi que l’impact que la levée de fonds aura sur votre entreprise. N’oublions pas que dans la vie, tout a un prix.

En effet, aussi bénéfique qu’elle puisse être, la levée de fonds présente de nombreux risques. Tout d’abord, pour qu’elle soit menée à bien, un minimum d’expérience en la matière est nécessaire. Un autre facteur à ne pas sous-estimer est le temps. Or, lorsqu’on se lance dans l’entrepreneuriat, il est préférable d’investir son temps dans le développement du projet.

Par ailleurs, dans les cas où votre levée de fonds se concrétise, l’arrivée de nouveaux acteurs (vos investisseurs) met en péril l’équilibre de votre entreprise : en cédant une partie du capital, vous cédez une partie du contrôle de la société. Les investisseurs n’ayant pas toujours les mêmes intérêts que les fondateurs, ni le même planning, des luttes d’influence peuvent émerger. Sur le long terme, vous risquez de vous éloigner de votre projet initial.

Enfin, attention au dosage : des apports de capitaux insuffisants ou mal injectés risquent de mettre votre affaire en faillite. A l’inverse, une levée de fonds disproportionnée rend l’investissement difficile à gérer. Oui, une belle levée de fonds a parfois des vices cachés. Comme l’a si bien formulé Cédric Giorgi, PDG de Cookening : « mieux vaut ne pas lever que mal lever ». Obtenir une grosse somme d’argent d’un coup pousse naturellement à faire des erreurs.

Quelles alternatives ?

Nombreuses sont les start-ups pour lesquelles le refus d’avoir recours à des levées de fonds n’a en rien freiné leur réalisation de bénéfices dès le départ et leur développement (même à l’international). Ceci est bien la preuve que les start-ups françaises sont capables de survivre en toute indépendance.

Une affaire suffisamment solide et les revenus issus de l’activité peuvent suffirent à financer votre entreprise. Il existe cependant un certain nombre d’offres pouvant s’adapter à vos besoins de financement : subventions, prêts d’honneurs, prêts participatifs, sont parmi les offres publiques. Du côté privé, les prêts à la création d’entreprise délivrés par les banques et garantis par la BPI peuvent venir renforcer l’apport en capital des créateurs et de leurs proches.

Se lancer dans le numérique implique que l’on fait des paris tous les jours sans savoir si l’on peut vraiment gagner, du côté des finances comme de l’entrepreneuriat. Le secteur des nouvelles technologies étant en constante évolution et les innovations ne cessant d’apparaître, il est également nécessaire de se concentrer sur l’évolution du marché afin de rester compétitif et d’être sûr de se différencier des autres acteurs pouvant proposer des solutions similaires.

La recherche de financements de toutes parts n’est pas forcément la bonne approche à adopter. Si intégrer le cercle très fermé des start-ups survalorisées peut faire rêver, n’oublions pas que si elles sont assimilées à des licornes, ce n’est pas par hasard : des bêtes mythiques à l’apparence majestueuse mais qui, au final, vivent dans un monde enchanté bien loin de notre réalité.

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Taoufik Zagdoud, Président et co-fondateur de CALLR

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