La Bourse, pour quoi faire ?

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Par Jean-Paul Betbèze Modifié le 11 juin 2013 à 5h09

Pour indiquer ce qui peut se passer. Les Bourses mondiales, après avoir beaucoup monté depuis quelques mois et signalé la sortie de crise, désormais se mettent à douter. Elles annoncent des croissances relativement plus lentes et plus complexes. Trop gris ? Trop noir ? En revanche, en Asie aujourd'hui, aux Etats-Unis il y a quelques années, partout il y a vingt ans, nous avons eu des bulles. « L'exubérance irrationnelle des marchés » était alors stigmatisée par Alan Greenspan, en vain.

Trop rose ? Plus dure sera la chute. Présenté ainsi on a le sentiment que la bourse est un indicateur, mais un indicateur très souvent extrême, et bien souvent séduit. C'est vrai : la Bourse indique des pistes, des valeurs. Elle donne le résultat de cette confrontation entre acheteurs, qui croient qu'une valeur va monter et vendeurs, qui croient qu'il y a mieux à faire ailleurs. C'est un indicateur unique, permanent, le seul de son espèce, à regarder toujours, à ne jamais suivre aveuglément.

La Bourse est un aiguillon

Pour indiquer ce qui vient de se passer. Chaque trimestre, les grandes sociétés doivent donner leurs comptes et les expliquer. Les marchés demandent alors où en sont leurs promesses, promesses d'activité, de nombre de clients, de résultat... La sanction peut être violente si les choses ne sont pas bien expliquées car « le marché peut être déçu », comme on dit, s'il ne retrouve pas les promesses faites, même si le résultat obtenu est très proche.

Ceci conduit les entreprises à faire des prouesses de communication, à tenter de garder quelques billes, pour gérer au mieux le résultat et les annonces. Ceci fait que la Bourse est un indicateur syncopé, dont la séquence n'est pas celle de l'économie. Elle pousse à faire des résultats rapidement, elle est donc un aiguillon, mais souvent elle peut pousser à aller vite, trop vite, à ne pas attendre, à ne pas persévérer. C'est bien pourquoi il faut des investisseurs patients à côté de spéculateurs. Pour bien indiquer ce qui vient de se passer et aider pour le futur, il faut des intervenants rapides et peut-être agités et des sages, de plus en plus, car il s'agit quand même de la croissance à long terme du pays !

Les PME optent plutôt pour le crédit

Pour payer des réunions ou pour trouver de l'argent ? Les deux. Chaque trimestre, ces présentations et ces comptes sont évidemment coûteux. La grande entreprise y dépense des millions, la PME peut y consacrer des ressources qui seraient mieux utilisées ailleurs : c'est leur choix. Car la Bourse n'est pas seulement là pour donner ses sentiments sur l'entreprise, elle est là pour lui donner des ressources, les plus longues de toutes d'ailleurs.

Or la Bourse intervient de moins en moins en dans le financement des entreprises, tant les entreprises préfèrent le crédit quand elles sont petites et moyennes et les obligations quand elles sont très grandes... car la Bourse, ce sont des actionnaires, donc des structures de propriété. Ajoutons que quand les entreprises se lancent, elles cherchent des investisseurs à moyen terme, qui seront, là aussi, des investisseurs directs. Dans tous ces domaines, la bourse est un outil de valorisation et d'attraction.


Pour payer et se faire payer. Il n'y a pas que l'argent dans la vie... des sociétés quand il s'agit de s'étendre, de se réunir, de se séparer. A côté de l'euro ou du dollar, qui sont des monnaies générales, les actions sont des « monnaies particulières ». Un titre montre par rapport à un autre, le taux de change de l'entreprise monte par rapport à une autre. Pour participer à une aventure, pour créer des plus grandes entreprises, rien de tel que de payer en actions, en promesses oui, mais l'actionnaire sera toujours là pour demander où on en est !

Pour financer les projets et les PME. La bourse a aujourd'hui une autre carte à jouer, quand les banques ont plus de difficultés à faire des crédits, quand l'informatique et la dématérialisation font des progrès considérables qui réduisent les coûts de transactions, quand les autorités politiques et de régulation demandent de moins à la PME par rapport au CAC 40.

La bourse des PME, qui peut informer plus et mieux, en liaison avec le PEA PME qui va se créer : tout ceci donne une autre piste de financement des entreprises, au moment où il est important pour tous d'aider une croissance qui nous aidera, avec de nouveaux relais et de nouveaux acteurs. Moralité : la Bourse qui finance va reprendre du service pour les PME. Il est temps.

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Jean-Paul Betbèze est PDG de Betbèze Conseil, membre de la Commission Economique de la Nation et du Bureau du Conseil national de l'information statistique (France), du Cercle des économistes et Président du Comité scientifique de la Fondation Robert Schumann. Professeur d'Université (Agrégé des Facultés, Professeur à Paris Panthéon-Assas), il a été auparavant chef économiste de banque (Chef économiste du Crédit Lyonnais puis Chef économiste & Directeur des Etudes Economiques, Membre du Comité Exécutif de Crédit Agricole SA) et membre pendant six ans du Conseil d'Analyse économique auprès du Premier ministre. Il est l'auteur des ouvrages suivants:· "Si ça nous arrivait demain..." aux éditions Plon, Collection Tribune Libre· "2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France" aux Editions PUF, 2012.. "Quelles réformes pour sauver l'Etat ?" avec Benoît Coeuré aux Editions PUF, 2011.. "Les 100 mots de l'Europe" avec Jean-Dominique Giuliani aux Editions PUF, 2O11. "Les 100 mots de la Chine" avec André Chieng aux Editions PUF, 2010. Son site : www.betbezeconseil.com

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