L’éolien serait compétitif : une fausse idée qui repose sur des non-dits

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Par François Rollet Modifié le 4 mai 2021 à 12h11
Eolien Ecologie Action Energie
40%La fiscalité environnementale a progressé de 40% entre 2007 et 2016.

Le gouvernement a décidé l'année dernière de multiplier par 2 l'éolien terrestre d'ici 2028. Lancée fin 2020, l'association Action Ecologie, qui rassemble aujourd'hui « plus de 10 000 membres issus de toute la France », vient de publier un rapport dédié à cette énergie renouvelable intitulé « Éoliennes : gouffre financier, désastre écologique ».

Les articles sont de plus en plus nombreux à mettre en avant le caractère compétitif de l'énergie d'origine éolienne dont le coût se rapprocherait de celui des autres sources d'énergie. Action écologie s'est notamment penché sur la question du coût de cette énergie dans son étude du mois d'avril. Nous faisons le constat que l'éolien est bien plus coûteux qu'on ne le prétend.

L'énergie éolienne n'est pas gratuite. Dire qu'il serait idiot de ne pas profiter du vent puisque celui-ci est gratuit, c'est oublier trois réalités. Premièrement, charbon, gaz et pétrole sont tout aussi gratuits. Ces ressources sont elles aussi le produit de la nature qui n'est jamais rémunérée pour ces services. Deuxièmement, ces ressources sont gratuites tant qu'elles se trouvent sur votre territoire. Dès qu'elles sont chez le voisin, il faut payer un droit d'exploitation. Et pour le vent comme pour les combustibles fossiles, les pays se trouvent être inégalement dotés. Troisièmement, la captation d'une telle ressource pour la transformer en énergie exploitable a un coût. L'énergie éolienne n'est donc pas plus gratuite que les énergies fossiles.

L'énergie éolienne est aussi présentée comme étant peu chère. Là encore, c'est oublier plusieurs réalités soulignées par notre étude. Tout d'abord, les grandes entreprises comme Engie ne se serraient pas risquées dans ce secteur de l'énergie si le prix d'achat de l'électricité éolienne était soumis à la concurrence du marché. C'est un tarif d'achat garanti par l'Etat qui a permis le développement de l'éolien en France face aux autres énergies. Le surcoût est financé via la Contribution au Service Publique de l'Electricité (CSPE), une taxe payée par tout consommateur final d'électricité, autrement dit, par tous. Ce qui n'est même pas suffisant : en 2013, l'Etat a dû compenser 4,9 milliards d'euros de perte chez EDF qui est chargée de racheter l'électricité produite par les éoliennes au tarif d'achat fixé.

Ensuite, pour assurer la compétitivité de l'éolien, il s'est avéré nécessaire de pénaliser les énergies fossiles en les taxant via la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques. Il est compréhensible de faire entrer le coût des émissions de CO2 dans le prix des énergies fossiles - encore que le mouvement des Gilets Jaunes a montré qu'il était peu judicieux de faire payer ceux qu'on avait rendu dépendant de ces énergies. La taxe carbone n'est cependant qu'une composante de la TIPCE. Son véritable objet est de conduire à une augmentation du prix des énergies fossiles pour les rendre moins compétitives face à l'énergie éolienne.

Ainsi, le secteur éolien se voit soutenu par un prix d'achat garanti pendant que le secteur des énergies fossiles se voit pénalisé par une taxe. Dans les deux cas, c'est le consommateur qui paie. Si la production d'énergie éolienne gagne peu à peu en compétitivité réelle, le consommateur ne s'y retrouve pas puisque la fiscalité environnementale a progressé de 40% entre 2007 et 2016.

Enfin, la comptabilité des coûts de production d'électricité à partir de l'éolien ne prend pas en compte le caractère intermittent de cette source d'énergie. Tout un chacun a déjà pu observer des éoliennes à l'arrêt. Pour que nos frigidaires fonctionnent 24h/24, il est nécessaire que d'autres sources d'énergie prennent le relais lorsqu'il n'y a pas assez de vent en France. Autrement dit, l'implantation d'éoliennes n'est pas imaginable sans l'existence d'autres sources d'énergie. Le Danemark, champion européen en puissance installée en éolien par habitant, exporte son électricité éolienne à prix bas lorsqu'il surproduit et fait appel à l'électricité hydraulique des pays nordiques lorsqu'il n'y a pas de vent. Par conséquent, le coût de l'éolien devrait aussi prendre en partie compte du coût de production d'électricité à partir d'autres sources.

L'énergie éolienne n'est pas sans impact sur d'autres secteurs économiques. A commencer par le tourisme. L'adage est connu : les éoliennes tout le monde est pour, mais pas à côté de chez soi - du fait de l'impact visuel et de la perte de valeur pour les biens immobiliers. Cette vérité vaut aussi pour les touristes qui délaissent les lieux d'hébergement à proximité d'une éolienne. Plus largement, les dimensions toujours plus élevées des éoliennes en font des monuments sans apparat qui attirent bien peu les touristes et les éloignent de nos paysages façonnés par les générations et qui contribuent fortement à faire de la France la première destination touristique au monde.

Quant à l'éolien off-shore qui commence à se développer en France, il pourrait s'avérer funeste pour la pêche. Les questions d'accès et d'impact sur les ressources en poisson ne sont pas résolues. Craignant une privatisation de leur espace traditionnel de travail, les pêcheurs des Côtes-d'Armor ont rompu les discussions avec Ailes marines, filiale du géant espagnol Iberdrola. Pour des éoliennes à la durée de vie de quelques décennies, une économie transmise de génération en génération pourrait être fragilisée.

Devant ce constat, Action écologie, particulièrement attaché à la transmission de nos libertés, de nos traditions et de nos paysages, met en garde les Français quant au poids financier que le développement de l'éolien fait peser sur les contribuables et quant au risque qu'il fait courir au secteur de la pêche, savoir-faire et savoir-être transmis de génération en génération, et au secteur du tourisme auquel la beauté de nos paysages contribue.

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Porte-parole d’Action Ecologie Action Ecologie a pour ambition de « valoriser une écologie respectueuses des libertés, des traditions et des paysages » actionecologie.org

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