Coronavirus : le défi d’une Europe plus forte, unie et solidaire

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Par Arnaud Frémont Publié le 15 mai 2020 à 5h04
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@shutter - © Economie Matin
2,5%L'impact de la crise du coronavirus sur l'Union européenne pourrait être de 2,5% de croissance en moins en 2020.

Le 9 mai, date anniversaire de la «déclaration Schuman», représente la journée de l’Europe et symbolise l’unité et la paix. L’Europe, à travers ses institutions (Commission, Banque Centrale, Parlement) a déjà agi massivement pour lutter contre la crise sanitaire et sauver l’économie (3 400 milliards d’euros ont été levés par les États membres et la Banque centrale européenne).

Cependant, son avenir demeure incertain. Comme l’indiquait solennellement Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie : «L’avenir de la zone euro et de l’Union européenne se joue dans la réponse que nous apporterons à la crise du coronavirus». C’est pourquoi l’Europe doit être plus unie et solidaire pour affronter cette crise.

De réelles avancées et une réaction encourageante…

Le 9 avril 2020, l’Union Européenne s’est mise d’accord sur un plan d’urgence massif de 540 milliards d'euros ayant plusieurs finalités. D’une part, un mécanisme de réassurance chômage européen pour assurer la protection des travailleurs (100 milliards d'euros). D’autre part, des prêts accordés par la BEI aux entreprises en difficulté (200 milliards d'euros). Enfin, un apport conséquent au Mécanisme européen de stabilité (MES) de 240 milliards d’euros est prévu.

De plus, un futur plan de relance massif doit voir le jour pour faire repartir l’économie. Le montant est encore en discussion et un accord doit encore être trouvé, mais selon Emmanuel Macron, il devrait être compris entre 800 et 1 500 milliards d’euros. Celui-ci serait conséquent comparé aux 300 milliards d’euros débloqués suite à la crise financière de 2008.

Enfin, l’appel international aux dons, lancé par la Commission Européenne le 4 mai, démontre bien que la solidarité européenne est une réalité pouvant constituer un réel moteur. La Commission espère ainsi lever 7,5 milliards d’euros (d’acteurs publics et privés) afin de financer la recherche médicale contre le coronavirus.

Face à l’urgence de la situation, l’Europe a réagi plus vite que lors de la crise de 2008 en s’accordant sur les grandes lignes. Cependant, l’absence d’accord sur le plan de relance à l’issue du sommet européen du 23 avril renforce la divergence existante entre certains pays européens.

…mais des rivalités subsistent, notamment entre le Nord et le Sud…

Des doutes subsistent sur la capacité de l’Europe à répondre d’une seule voix et efficacement à la crise actuelle. Son unité est remise en cause dans un moment où la coordination et la solidarité sont indispensables et cruciales. Déjà présents lors de la crise de 2008, les désaccords entre les pays du Nord de l’Europe et ceux du Sud persistent. Certains pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas se montrent réticents à l’idée de l’émission de « Corona-bonds » (instrument de dette commun aux pays européens) étant donné leur sensibilité importante aux déficits.

En outre, plusieurs faits récents portent atteinte à l’unité européenne. D’une part, la Cour constitutionnelle allemande, dans un arrêt récent, estime que la BCE a outrepassé son mandat lors du « quantitative easing » entre 2015 et 2018 (d’un montant global de 2 600 Mds€) et déplore le manque de contrôle de la part du Parlement Européen. La Cour exige de la BCE qu’elle justifie ses rachats de dettes dans les trois mois, sans quoi la banque centrale allemande ne pourrait contribuer au plan de relance. D’autre part, la Cour de Justice Européenne (CJUE) a lancé une procédure à l’encontre de la Pologne à propos de ses réformes judiciaires qui remettent en cause la séparation des pouvoirs et donc l’Etat de droit. Enfin, un sondage de l'institut Tecnè mené les 9 et 10 avril indique que près d’un italien sur deux se déclare favorable à un « Italexit », fragmentant encore davantage une Europe déjà divisée.

Le déséquilibre entre les pays européens amplifie la difficulté d’aboutir à une réponse commune afin de réduire les inégalités. La Commission anticipe d’ores et déjà un impact financier de la crise sanitaire « nettement différent » d’un État membre à un autre, « tant du point de vue de la diminution du PIB que de la hausse du chômage ». Ces inégalités s’apprécient également au regard de « la marge de manœuvre dont les gouvernements disposent pour faire face ».

…ce qui renforce la nécessité d’une plus forte solidarité entre Etats

Un terme revient régulièrement dans le débat public, celui de la solidarité. Il fait écho au discours d’Emmanuel Macron, prononcé le 13 avril dernier, demandant à tous les citoyens de faire preuve de solidarité notamment en observant strictement les mesures de confinement. Celle-ci est encore plus nécessaire au niveau européen car le Covid-19 touche l’ensemble des pays de manière égale mais les conséquences génèrent des inégalités. Ainsi, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, appelle l’UE à une « solidarité nécessaire » à travers la mise ne place d’un « fond européen qui corrige les inégalités », tout en prenant en compte les sensibilités économiques de chacun des Etats membres.

Pour Margrethe Vestager, la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, l’UE doit « procéder à une redistribution » car ces « asymétries croissantes vont fragmenter le marché unique », plaidant ainsi pour « la mise en place d’un instrument de relance dans le cadre du budget septennal de l’UE, le cadre financier pluriannuel (CFP) ».

De son côté, Paolo Gentiloni, le commissaire européen à l'Economie, souligne que « de telles différences peuvent mettre à mal le marché intérieur et l’égalité des conditions de manière générale », rendant indispensable une réponse coordonnée et commune de la part des pays de l’UE.

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Arnaud Frémont est diplômé d'un Master spécialisé en Management de projets et programmes à SKEMA Business School. Après une expérience de près d'un an en VIE en Allemagne, il rejoint le monde du conseil en 2016. Depuis, il accompagne ses clients sur des problématiques de transformation, de pilotage de projets, de conduite du changement et de management. Il est aujourd'hui consultant au sein du groupe Square, groupe de conseil en organisation et stratégie.  

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