Marc-Antoine Jamet : Non, le Jardin d’Acclimatation ne fermera pas

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 23 octobre 2012 à 15h39

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Une tribune publiée sur Economiematin.fr lundi 22 octobre, alertait sur le risque d’une fermeture du Jardin d’Acclimatation, en 2014. Celui-ci pouvant être menacé par la Fondation Louis Vuitton, musée d’art contemporain, en construction sur le domaine du Parc. Marc-Antoine Jamet président du Jardin d’Acclimatation, (filiale du groupe LVMH), a accepté de réagir à ces craintes, injustifiées selon lui.

EconomieMatin.fr : Depuis plusieurs mois, des associations de riverains mais aussi des forains du Parc, agitent la menace d’une fermeture du Jardin d’Acclimatation… Qu’en est-il exactement ?

Marc-Antoine Jamet : Il y a une certaine confusion quant aux informations qui circulent actuellement. En 2015, la concession que la ville de Paris a accordée à la « Société du Jardin », que je dirige et qui gère le parc, sera soumise à renouvellement. C’est pourquoi des craintes, des rumeurs ont surgi. La réalité est qu’il y a bien une fin à notre contrat et qu’elle est dans deux ans. Ce terme était programmé dès l’origine. Nos partenaires le savent.

Mais ce qu’il faut savoir aussi, ce que nous espérons, c’est que, comme ce fût le cas par le passé, la Ville nous sélectionnera pour poursuivre, avec elle, cette belle aventure pour quinze années de plus. Toutefois, la transparence l’exige, cela se fera dans le cadre d’un appel d’offres et en suivant les règles des marchés publics. C’est, en définissant cette offre, que la Société du Jardin proposera la continuation absolue, totale, garantie, des activités de manège, des activités de jeu, et des activités de plein air qui sont une des originalités du plus ancien parc d’attractions français. Dans ce cadre, nous serons, et cela me paraît normal, très attentifs aux conditions de sécurité, de confort et d’accueil proposées à nos clients. Nos installations, nos équipements, nos attractions doivent être au dessus de tout soupçon. Un enfant, une famille, une personne âgée ou handicapée, chacun de nos visiteurs doit être reçu dans de parfaites conditions. C’est -peut être cet effort de solidarité qui en effraye certains…


Quoi qu’il en soit, le paradoxe de cette rumeur est que, loin d’étouffer le Jardin qui se mourait voici une vingtaine d’années, notre gestion, nos idées, l’engagement de nos salariés, a permis que, de nouveau, 1,5 million de visiteurs, dont 200 000 gratuitement, des enfants en bas âge le plus souvent, fréquentent nos allées qu’ils avaient désertées lorsque sont apparus nos concurrents, la petite souris à quatre doigts et le Gaulois aux longues moustaches. C’est pour nous un résultat très encourageant. Orchestres, carnaval, accueil d’un pays, le Japon l’année dernière, ou d’une région, la Bretagne en avril 2013, nous n’avons cessé de mettre l’accent sur des loisirs populaires, sur l’extension de la gratuité, non seulement de l’accès, mais aussi de certaines activités et animations (guignols, jeux, petite ferme), comme la Ville de Paris nous le demandait. Cette obligation est le fondement d’une délégation se service public que nous servons sept jours su sept, 365 jours par an, qu’il gèle ou que brille le soleil, que nous recevions un seul client ou bien 20.000 en même temps.

Je ne prends absolument pas l’ouverture de la Fondation Louis Vuitton fin 2013 comme une contrainte, qui nous obligerait à changer notre offre de divertissements, mais, au contraire, comme une chance, un élément culturellement fort et novateur, qui nous permettra de progresser et de trouver un public, certes pas différent, car nous mettrons un point d’honneur à continuer de plaire à tous nos fidèles, mais supplémentaire ou complémentaire, d’apporter à tous nos visiteurs « un peu de meilleur », de l’offrir au plus grand nombre.

Dès lors pourquoi les manèges fermeraient-ils ? Bien au contraire, ils seront connus par un nombre plus important de gens qui viendront sur un plus grand nombre de jours, notamment en hiver. Ce que l’on souhaite à ces attractions, c’est que leur fréquentation augmente, que leur renommée s’accroisse. Elles font partie de l’imaginaire collectif qui entoure le Jardin d’Acclimatation, de son ADN. Il n’est pas question de les supprimer.


EconomieMatin.fr : Pourquoi certains crient alors au loup, anticipant une possible fermeture du Jardin d’Acclimatation en 2014 ou 2015 ?

Marc-Antoine Jamet : Il y a en ce moment des travaux importants qui visent à assurer la pérennisation du plus ancien des parcs d’attraction français. Les gens confondent probablement modernisation et mise aux normes (accès handicapés, sécurité, création de sanitaires, plantations pour suivre le schéma directeur paysager de la Ville de Paris) avec fermeture. Comme à chaque période de transition, il y a sans doute chez quelques uns une inquiétude, mais je ne la retrouve vraiment pas dans les courriers ou les e-mails de nos clients, ni dans leurs appels ou quand je les rencontre. La réalité c’est qu’ils auront un jardin plus beau après ces travaux qu’ils ne l’avaient auparavant.

EconomieMatin.fr : Certains exploitants de manèges craignent pour le renouvellement de leur concession en 2015…

Marc-Antoine Jamet : Très franchement, bien que, pour faire fonctionner ce parc, nous soyons titulaires d’une délégation de service public, j’ignore tout de notre propre renouvellement et c’est parfaitement normal. On devine ce que diraient les contribuables parisiens si les concessions municipales étaient attribuées par avance à la fin d’une petite réunion entre amis. Il faudra que simplement nous soyons bons, inventifs, attentifs, que nous soyons les meilleurs, pour que nous soyons choisis. Le seul critère retenu sera la qualité de la prestation offerte aux Parisiens. Pour cela je me prépare. Je ne me lamente pas. Le juge de paix, ce sera le cahier des charges de la ville de Paris. Dans celui-ci, on peut penser qu’il y aura une demande pour plus de gratuité, plus d’action sociale, des horaires d’ouverture plus larges, des animations plus variées, plus nombreuses, et, bien sûr, des manèges qui procureront les sensations d’autrefois avec la sécurité de demain. Il faudra que tous nos partenaires réfléchissent à la nécessité d’une tarification et d’une organisation différentes pour mieux répondre aux demandes des clients. Dans Le Guépard, Lampedusa fait dire à son héros, le prince vieillissant, qu’il faudra que « tout change pour que rien ne change ». Pour que pas un de nos visiteurs, cette famille de coeur que, pour ne plus la quitter, j’ai intégrée voici un demi-siècle avec mes grands-parents, qu’à mon tour j’ai vu mes propres enfants rejoindre, ne voie le moindre changement, notre seule obligation sera d’investir et de travailler.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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