Le fil à couper le beurre !

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Par Patrick Crasnier Modifié le 21 septembre 2018 à 7h31
Sante Depense Annuelle France 1

Il fallait l’inventer, le gouvernement et le ministère de la santé viennent de le faire.

Désorganisation des systèmes de santé : les médecins libéraux n'ont pas été entendus

Depuis maintenant plusieurs années les médecins libéraux tirent le signal d’alarme, sans jamais être entendus. Au moment de la loi « Touraine » de grandes manifestations ont été organisées, en particulier pour prévenir les patients que la désorganisation des systèmes de santé et leur mise sous tutelle de l’état allait, à terme, détruire ce qui fait que la santé fonctionne dans notre pays. Ils n’ont pas été entendus, personne n’avait l’air concerné.

Aujourd’hui nous n’allons plus dans le mur, nous sommes rentrés dedans en klaxonnant. Les cabinets médicaux libéraux sont en surcharge permanente, les déserts médicaux s’agrandissent de jour en jour, les médecins n’en peuvent plus. Il y a un taux de suicide chez les médecins pratiquement aussi important que chez les agriculteurs, ils sont pour beaucoup en burn out. Nous l’avions écrit ici, en maintenant un prix de consultation dérisoire (25 euros environ 50% de moins que la moyenne européenne) l’état maintenait cette pression qui oblige les médecins à multiplier le nombre d’actes pour payer leurs charges.

Le poste d'assistant médical est créé, or les secrétaires médicales peinent à trouver du travail

Donc aujourd’hui, nos énarques ont « LA SOLUTION » ils viennent d’enfoncer la porte largement ouverte des « assistant(e)s médicaux. » La ministre explique qu’un « nouveau métier » va voir le jour : Assistant(e) médical, qui recevra les patients, qui aidera le médecin dans ses nombreux documents à remplir et à transmettre. Qui éventuellement aussi déshabillera les bébés pour gagner du temps de consultation. En un mot la ministère de la santé et les énarques qui nous dirigent viennent d’inventer la secrétaire médicale. Les formations à ce métier sont en difficulté car les élèves une fois diplômées ne trouvent pas de travail.

Face à cette situation, ou la France compte nombre de secrétaires médicales au chômage par manque d’emploi dans les cabinets médicaux, l’état à la solution. Un médecin qui pouvait en 1970 se payer une secrétaire assistante est aujourd’hui dans l’incapacité totale de faire face aux charges engendrées par un emploi. Alors on invente la prime pour recruter une assistante médicale.

Une idée géniale, les médecins libéraux qui recruteront une personne « formée à ce nouveau métier » recevront la forte somme de 4 600 euros par an. Une somme énorme face aux charges d’un emploi à temps plein, 383 euros par mois. Cela ne couvre même pas les charges mensuelles d’un emploi dans un cabinet médical. En effet, un salarié coute environ 25 000 euros brut par an a minima. Le salaire bien sûr, mais aussi les nombreuses charges inhérentes à cet emploi. Charges sociales salariales et patronales, charges de comptabilité pour gérer un emploi, charges du poste de travail etc. Sans parler de tout ce qui est à prendre en compte dans ce poste, les congés payés, les arrêts de maladie (le travail est intense et difficile) les éventuels contentieux.

Pas une solution miracle, mais un leurre

Cette solution, proposée comme une véritable avancée dans les cabinets médicaux n’est en fait qu’un leurre. De plus l’Etat dans sa grande mansuétude veut imposer aux médecins qui recevront cette « aide » d’augmenter leur nombre de consultations. Un nombre de consultations déjà à la limite de l’explosion, l’assistante ne travaillera que 35 heures, les médecins en faisant souvent le double, ce sont donc deux assistantes qui seront alors nécessaires pour couvrir l’amplitude d’un cabinet. On soupçonne aussi un moyen de pression étatique (discriminatoire) seuls les médecins conventionnés secteur 1 auront droit à cette prime.

Pour couronner le tout on nous explique que cette solution miracle permettra aussi de régler le problème des déserts médicaux. Je savais que les énarques n’étaient pas à une invention près mais là, quand même, comme le disait la publicité « ils dépassent les bornes des limites.» Rappelons leur qu’un désert médical est un endroit sans médecin, vous comprenez tout de suite qu’un assistant serait ici emplâtre sur jambe de bois.

Voila donc nos cabinets médicaux sauvés, mais pas les patients, qui eux seront envoyés vers des plateformes internet pour se soigner, qui auront toujours autant de galères pour trouver un rendez vous à une date raisonnable chez un spécialiste. Mais tout va bien, on rabâche à qui veut l’entendre que les médecins sont des nantis, qui veulent tout et le reste, qu’ils sont facilement remplaçables par des machines.

Alors ne vous plaignez pas, l’Etat vient d’inventer la machine à courber les bananes.

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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