L’envolée des Hedge funds est-elle les prémices d’un rebond ou d’une nouvelle crise ?

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Par Daniel Moinier Publié le 6 mai 2015 à 4h32
Hedge Fund Fonds Speculatifs
2600 MILLIARDS $Les Hedge Funds gèrent quasiment 2 600 milliards de dollars d'actifs.

Depuis quelque temps les hedge funds font les titres des journaux économiques :

Hedges Funds : Meilleurs résultats trimestriels depuis quatre ans

Hedge funds : La collecte à un plus haut de 7 ans en 2014

Comment les hedge funds ont tiré parti de la crise de 2008

Les hedge funds ont publié les meilleurs résultats trimestriels depuis quatre ans

Vers un retour en force des hedge funds?

Et la liste pourrait être plus longue !

Alors que ces fonds avaient fait la une de la crise de 2008 et quelque peu vilipendés, ils semblent avoir fait un grand retour et de plus en plus partie du paysage financier mondial.

Que sont-ils au juste ?

Les hedge funds, appelés en langue Française fonds alternatifs ou fonds spéculatifs, sont des fonds qui sont soumis à moins de régulations que les fonds d’investissements, fonds de pension ou fonds d’assurances. Ils sont libres dans le choix de leurs objectifs de placement, peuvent utiliser n’importe quel type d’instrument ou de technique financière (parmi celles-ci les ventes à découvert notamment), et peuvent intervenir indifféremment sur les marchés au comptant et sur les marchés à terme. Ils ont également la possibilité de s’endetter.

Pourquoi ce retour en force ?

Avec des liquidités importantes, les spéculateurs ne trouvant plus facilement de placements performants (Explication en fin d’article pour une autre analyse sur le sujet) se tournent vers les marchés des obligations très risquées comportant des investisseurs privés. Ce sont les fonds spéciaux, indiciels et hedge funds qui bénéficient de leurs faveurs. Ils essayent d’améliorer leurs performances par le biais de contrats à terme, de produits dérivés et de ventes à découvert. Ils se sont tournés au mépris d’un minimum de prudence vers des gestionnaires de développement d’instruments financiers, toujours plus aventureux tels les MBV, SIV,ABS, etc…Il est à se demander s’ils ignorent ou ont oublié les conséquences de la dernière phase d’intérêt bas ou même de renversements rapides de tendance des marchés.

Le Cabinet d’études spécialisé Research Hedge Fund vient d’ailleurs d’annoncer les meilleurs résultats trimestriels depuis quatre années par rapport à l’indice boursier américain S & P 500 (Standard and Poor’s)

Ils ont ainsi enregistré en 2014 leur collecte la plus élevée en sept ans et le total de leurs actifs sous gestion s’est rapproché du seuil des 2.600 milliards d’euros.

En 2013, les hedge funds avaient déjà bénéficié de 63,7 milliards d’entrées nettes dont 10,5 milliards sur les trois derniers mois de l’année, a précisé HFR.

Pour prévenir une possible baisse de leur résultats, certains ont « joué » le dollar américain contre l’euro et le yen. Les présidents des banques centrales les ont certainement poussés en ce sens, puisque depuis plusieurs mois, ils annonçaient que l’économie américaine était partie sur une pente ascendante avec une normalisation des taux d’intérêt. De plus Mario Draghi en confirmant plusieurs fois que chaque mois la BCE achèterait au minimum 60 milliards d’euros jusqu’en septembre 2016 et plus si besoin. La Banque du japon les ayant aussi confortés dans ce sens en ayant fait régulièrement la même promesse.

Toutefois, il semble qu’une réflexion moins spéculative vienne de voir jour, puisque l’on constate tout de même une diminution de collecte.

Est-ce la décision annoncée en septembre par Calpers, le plus grand fond de pension américain, de sortir les 4 milliards de dollars investis dans cette classe d’actifs qui a pu tempérer l’enthousiasme de certains d’entre eux ?

Est-ce aussi la peur d’un nouveau Credit Crunch (resserrement du crédit par les banques) au niveau mondial ?

Est-ce également le rejet massif encore jamais vu de dossiers de crédit par les banques américaines ?

Ce sont apparemment des signes de resserrement de crédit qui peuvent engendrer un « squeeze » de liquidités et générer beaucoup de craintes pour l’avenir.

En effet, le système financier mondial dépend de plus en plus du flux de crédit et le seul moyen d’obtenir de la croissance économique est d’introduire encore plus de dettes dans le système. Le FMI vient d’ailleurs d’avertir de se préparer à un choc mondial de liquidités. Pour compléter, les autorités chinoises ont annoncé l’interdiction de certains financements pour les marges de trading. Si en plus, il se dit que l’Europe établit des préparations pour un défaut sur la dette grecque et sa sortie de la Zône euro, nous risquons d’assister à quelques bouleversements financiers mondiaux.

Le risque de cette tendance sur les opérations sur titres est largement sous-estimé. Aujourd'hui encore, les conséquences négatives de la situation comparable de 2008 se font à nouveau sentir.

Il semble qu’il y ait une forte contradiction entre ces hedge funds qui viennent de faire feu de tout bois, ce manque de liquidité et également des prêts aux nations à des taux bas jamais atteints, parfois même légèrement négatifs ; du jamais vu !

Généralement, lorsque les prémisses d'un credit crunch se font sentir, les Banques Centrales des pays concernés interviennent en abaissant les taux de crédit par exemple, ce qui permet de favoriser les flux de liquidités et ainsi de le rendre accessible, car celui-ci devient moins cher. Mais ils sont déjà tellement faibles que les initiatives possibles deviennent très limitées.

Et pourtant, les experts prédisent encore une année 2015 favorable aux hedge funds.

A l’heure où les rendements obligataires liés à des taux d’intérêt bas, sinon négatifs, sont médiocres, de plus en plus d’investisseurs se tournent vers ces fonds, attirés par une performance de 3% en moyenne en 2014, alors qu’elle a été de 22% pour les cinq meilleurs fonds. Près de 40% des investisseurs institutionnels qui représentent entre 3% et 10% des flux aujourd’hui, prévoient d’augmenter leur investissement dans des hedge funds en 2015 selon la Deutsche Bank.

Une autre explication possible de la crise de 2008 et la création ou le fort développement des hedge funds et autres instruments financiers.

L’après guerre, 1945, a vu progressivement le développement d’une forte économie avec des marges confortables pour les entreprises et des résultats nets très souvent à deux chiffres.

Progressivement avec le coût de la socialisation des sociétés, la diminution des temps de travail et d’activité, la forte hausse des durées de vie, les marges ont diminué, ainsi que les résultats nets. Cela est beaucoup plus vrai pour les anciennes économies européennes qui ont distribuées à tout va l’argent qu’elles n’avaient plus.

Les fonds de pensions et autres organismes financiers n’ont plus facilement trouvé des placements à deux chiffres. Pour découvrir des rendements plus intéressants, performants, ils se sont tournés vers de nouveaux gestionnaires qui ont créé au fur à mesure, au niveau mondial, toutes sortes de placements, plus sophistiqués les uns que les autres.

Les rendements étaient parfois tels qu’il ne pouvait y avoir d’autres issue à terme qu’un crack mondial. Il suffisait comme toujours d’un déclencheur. Les « supprimes » l’ont été. A quand le suivant ? L’attrait de l’argent, du pouvoir ont peu de sagesse.

https://www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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