Les forces des surdoués dans un monde en crise

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Par Monique de Kermadec Publié le 17 février 2022 à 15h35
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2%Selon une étude, environ 2% de la population française est surdouée

Personne ne peut plus nier ce constat : ce premier quart de siècle sera nécessairement l’ère de l’agilité émotionnelle et de la gestion d’une vie non linéaire, faite de cycles successifs, fondées toutes les deux sur un rapport nouveau avec ses partenaires – dans la vie affective comme dans la vie professionnelle. Nous sommes entrés dans le temps où l’on ne peut plus privilégier une intelligence plutôt qu’une autre. Si, depuis que les sciences cognitives ont émergé, ses spécialistes, ainsi que les psychologues et les psychiatres en charge de la douance, ont beaucoup attendu de l’intelligence cognitive, les mutations sociales et l’adaptation de chacun – dans le monde entier – à la crise sanitaire soulignent la nécessité d’allier, et de faire travailler ensemble les trois intelligences, cognitive, émotionnelle et relationnelle.

C’est à partir de cette mutation que les « surdoués » vont jouer un rôle déterminant, à la fois pour la communauté, mais encore pour eux-mêmes. Pour la communauté ? Leur intelligence cognitive, toujours aussi précieuse, occupera un peu moins l’avant-scène et les solutions qu’ils ont mises au point pour compenser leur extrême sensibilité et leur empathie exacerbée leur permettront de faire face au désarroi, au mal-être et aux dépressions dues aux ruptures des liens sociaux auxquelles nous assistons aujourd’hui. Ce qui les différencie pourrait même devenir un élément d'intégration, dans le modèle qu’ils imposeront. Les luttes, les difficultés, les découvertes qu’ils ont faites en cherchant à pallier leur différence et les souffrances qu’elle induit, leur ont fourni des formules de comportements et des outils psychologiques pour s’adapter, s’intégrer. Par leur intensité à vivre et à ressentir, par leurs apports avec le monde, par leurs attentes et leurs besoins, notamment de ces contacts si difficiles pour eux, ils sont devenus, en quelque sorte, des loupes pour observer ces mutations dans leurs moindres détails.

Mis à l’écart dès l’entrée à l’école s’ils n’ont pas été accompagnés dans le développement de leur intelligence émotionnelle, ils connaissent depuis le plus jeune âge la souffrance qu’induit l’absence d’un lien harmonieux avec l’autre. C’est ainsi que les surdoués ont été contraints de trouver un remède aux difficultés qu’engendre le fait de se savoir différent, de se sentir différent ; et ainsi d’inventer le mode de connexion qui leur permettrait de se lier, d’une façon différente elle aussi, à l’autre. D’une façon différente ? Assurément, puisque leur singularité les a écartés des recettes communes. C’est là que leur exemple se révèle fructueux – à notre tour, nous nous trouvons dans une situation inédite, où les réflexes communs, la culture du « vivre-ensemble » à quoi nous étions habitués n’ont plus cours. Or, ce qu’ils nous ont appris depuis que les disciplines des sciences psychologiques étudient leur population, c’est que ceux qui ont su compenser leurs douleurs et leurs difficultés de contact l’ont fait en ayant eu recours à leur intelligence relationnelle, et à leur intelligence émotionnelle, mais sans renier pour autant leur capacité analytique, autant dire les outils de l’intelligence telle qu’on l’entend dans le langage courant.

Ce sont ces outils qu’ils replacent à la source du lien, de ces liens qu’ils désirent riches et fructueux pour dépasser le facteur d’exclusion que leur intelligence hors norme engendre parfois. Pour autant, ils ne les utilisent pas pour avoir recours aux malencontreux « faux selfs », pas plus qu’ils ne renoncent aux richesses que leur douance leur apporte. Ils la placent à la source même du lien plutôt que comme un facteur d’exclusion.

Mais que recouvre exactement, pour eux, cette notion de « relationnel » et comment l’entendre pour comprendre les outils qu’elle offre ?

Jusqu’à la crise sanitaire, il était entendu que la relation avec l’autre passait essentiellement par le langage. Le contact physique semblait tellement instinctif, aussi naturel que boire ou respirer et ce depuis la petite enfance, depuis la caresse de la mère à l’enfant jusqu’aux embrassades des amis, depuis le baiser amoureux à la poignée de main, depuis l’étreinte de réconfort à la main tenue en accompagnement d’une douleur, d’une agonie, qu’on s’était moins intéressé à son importance ou à son rôle dans l’épanouissement du rapport avec autrui.

Le livre de Monique de Kermadec est disponible ici

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Monique de Kermadec est psychologue clinicienne et psychanalyste, spécialisée dans l’écoute des adultes surdoués, analysant leur précocité et leur réussite, a publié de nombreux ouvrages sur leur problématique. Après les succés incontestés et incontestables de L’adulte surdoué, apprendre à faire simple quand on est compliqué, L’adulte surdoué à la conquète du bonheur, L’enfant précoce aujourd’hui, Le petit surdoué, de la naissance à deux ans, Un sentiment de solitude, La femme surdouée et Le surdoué et l’amour, l'autrice propose un nouvel angle avec Les forces des surdoués dans un monde en crise, Intelligence et résilience.

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