Comment rendre la France plus attractive

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Par Marc Lhermitte Publié le 20 avril 2016 à 5h00
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1,3 millionLa filière culturelle en France représente 1,3 million d'emplois.

Rendre la France attractive ? Quelle idée… Incontestée pendant des siècles pour son foisonnement et son empreinte culturelle, littéraire, philosophique, artistique, scientifique ou touristique, pourquoi la France devrait-elle se donner la peine d’être attractive pour les entreprises ?

Oui, mais voilà, il faut se rendre à l’évidence : le magnétisme d’une certaine idée de la France éternelle s’estompera, car l’idée de la France ne suffit pas. Son rayonnement culturel et universel l’a trop longtemps bercée dans la prétention de croire qu’elle pouvait s’octroyer le luxe d’être attractive, sans avoir besoin d’être compétitive. Son repli dans une attractivité figée sous le vernis de son lustre d’antan a révélé son incapacité chronique à embrasser la marche du monde et alimenté sa propension à s’enfermer dans des débats manichéens et des dilemmes insolubles : Etat-Providence contre libéralisme, entrepreneuriat contre pression fiscale, prudence contre croissance, service public contre secteur privé mais aussi multiculturalisme laïque contre communautarisme, conservatisme des idées contre solutions disruptives, peur du déclassement contre audace dans un monde qui change.

Mystère, ou surprise, la « destination France » attire chaque année plus d’investisseurs étrangers. Et cela, malgré ses Français râleurs, son taux de chômage explosif, ses lourdeurs administratives, son fardeau fiscal et son déficit structurel de compétitivité. Imaginez son pouvoir d’attraction sur le reste du monde si elle se délestait de ces innombrables repoussoirs… Certes, elle figure à la traîne de ses deux concurrents qui s’inscrivent davantage dans les flux d’investissement international se dirigeant vers l’Europe : centres de services, industrie légère, numérique, énergie, mais aussi nouveaux investisseurs chinois ou indiens lui préfèrent l’hyper-compétitivité et flexibilité de son voisin britannique et l’hyper-influence industrielle de son concurrent allemand.

Dans le monde multipolaire et incertain qui se redessine actuellement, rendre à la France son magnétisme - auprès des investisseurs, des talents, des créateurs et des entrepreneurs - ne peut se résumer à brandir avec fierté le souvenir d’un rayonnement voué à s’étioler. Pour revenir sur le devant de la scène mondiale et jouer une partition choisie, dans des secteurs, des technologies et des modèles économiques qui lui correspondent, la France doit retrouver la confiance.

De quel « scénario du pire » la France aurait-elle si peur, pour ne plus espérer de son avenir le progrès qui a jalonné son passé ? Le « mal » français est parfaitement documenté, son diagnostic économique est limpide, connu et partagé de tous, ses remèdes maintes fois énoncés par des voix privées et publiques, de France et d’ailleurs. Mais jamais appliqués. Comme si certains craignaient que l’électrochoc tant attendu ne la réveille trop brutalement d’une torpeur plus douce que la brutalité de la réalité. Et pourtant, la réalité des chiffres est loin d’être brutale et laisse entrevoir une nouvelle forme d’attractivité.

Prenons la filière culturelle, qui n’a jamais été aussi dynamique et prometteuse : sur les dernières années, l’économie de la créativité s’est mieux portée que l’économie nationale, avec une augmentation de ses revenus supérieure à celle du PIB national. Avec 1,3 million d’emplois, les industries culturelles et créatives représentent plus du double des emplois de la production automobile et 8 fois ceux du secteur de la chimie. Dans la musique, le design, l’édition, le cinéma, le spectacle vivant, la France exporte, attire et innove tous les jours. Et il ne s’agit là que d’une des multiples facettes de ce nouveau visage attractif de la France, qui, souhaitons-le, verra ses contours se préciser à la lumière des résultats du prochain Baromètre de l’Attractivité pour renouer avec une confiance contagieuse au sein et au-delà de ses frontières.

Printemps de l’économie – Paris du 8 au 14 avril 2016

Pour sa 4° édition le Printemps de l’économie s’intéresse à « L’Economie en quête de territoire(s) ». Ce fil rouge se décline en plusieurs thèmes - Territoire & entreprises ; Des activités, des hommes, Mondialisation & Europe, Politiques publiques, Innovation & industrie et Métropoles – qui seront abordés à l’occasion de plus de 40 conférences organisées du 8 au 14 avril 2016 à Paris. L’ambition est d’offrir au grand public la possibilité de réfléchir et d’échanger pour mieux saisir les enjeux et agir… L’un des intervenants à cet événement unique vous livre ici son point de vue…

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Marc Lhermitte est associé au sein des équipes conseil d’EY (ex Ernst & Young). Il est responsable au plan mondial du réseau International Location Advisory Services d’EY.

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