La France connaît actuellement une poussée de fièvre entrepreneuriale aussi réjouissante qu’inattendue. Monter sa boîte est devenu à la mode et les élèves des grandes écoles, qui n’ont pas toujours brillé dans le passé par leur goût du risque, sont plus nombreux que jamais à vouloir se lancer.
L’une des conséquences immédiates est l’apparition d’un « marché » de l’entrepreneur. Jeunes, travailleurs, plein d’avenir, ils constituent, en effet, une cible de choix. D’autant que par manque de temps et d’expérience, par naïveté aussi parfois, beaucoup sont enclins à se laisser bercer de promesses. Pour gagner leur confiance, il suffit souvent d’un seul mot : accompagnement.
Quel que soit son parcours, l’entrepreneur est inévitablement confronté à des problèmes nouveaux – financement, management, communication… – et l’accompagnement lui semble contenir la promesse implicite de l’aide proche et experte dont il a tant besoin. Toutes sortes d’acteurs gravitant autour de l’entreprenariat emploient donc volontiers ce terme, plus par opportunisme marketing que par malice. Aussi les entrepreneurs doivent-ils être vigilants sur la nature exacte de ce que leur proposent tous ces gens qui veulent les accompagner.
Il y a d’abord les prestataires de services – conseil, comptabilité, juridique, informatique… – qui rebaptisent ainsi leurs offres pour les rendre plus engageantes. Parler d’accompagnement est dans ce cas abusif puisque la relation s’inscrit dans un strict cadre commercial. On trouve ensuite les incubateurs et les différentes formes d’amorçage. Bien que la plupart s’acquittent de leur rôle avec professionnalisme et déontologie, les entrepreneurs ne doivent pas perdre de vue qu’ils ont affaire à des investisseurs.
Les « services » d’accompagnement de certains incubateurs ne sont guère éloignés de ce que proposent pour un loyer modique les espaces de coworking et ne méritent certainement pas d’être rétribués par une part de capital, qui plus est aux conditions léonines d’un contrat « standard ». Enfin, troisième type d’acteurs se réclamant de l’accompagnement, les réseaux, les associations et les groupes en tous genres qui proposent d’échanger expériences, contacts et bonnes pratiques. Certes, ce type de networking peut être très utile, mais accompagner un entrepreneur, c’est bien plus qu’organiser quelques réunions collectives et un forum de discussion.
Conscients qu’on ne réussit jamais seul, les entrepreneurs agrippent néanmoins ces mains qui se tendent sans toujours en mesurer les implications. Pourtant, il existe une autre voie qui leur permet de n’être ni seul ni mal accompagnés face à leurs défis quotidiens. Encore trop méconnu en France, le mentoring constitue un véritable accompagnement puisqu’il est à la fois expert, durable et désintéressé. À la différence du coaching, qui vise un développement personnel, et du sponsoring pur, qui ouvre seulement un réseau de relations, le mentoring vise à aider concrètement l’entrepreneur : lire avec lui le pacte d’actionnaires, réfléchir à la gouvernance, analyser l’impact de la croissance sur le management…
Bénévole, le mentor n’intervient pas dans la gestion de la société, dans laquelle il s’interdit de prendre une participation. À l’apogée de sa carrière professionnelle, la satisfaction de partager son expérience et le plaisir de côtoyer la personnalité souvent dynamique et passionnante de son/sa « mentee » sont ses seules gratifications. Il en résulte une relation saine, de grande proximité, mutuellement enrichissante, et surtout bénéfique pour la jeune entreprise qui bénéficie de surcroît d’un sponsoring ciblé.
L’engouement pour l’entreprenariat est trop récent en France pour qu’une culture s’y soit enracinée. Les entrepreneurs ont rarement des exemples dans leur entourage, ou été formés à ce qui les attend. Leur méconnaissance les rend vulnérables, mais il existe, dans les associations de mentors, des gens prêts à les aider. Venir les trouver est un premier pas vers la réussite.