Les musées privés, une réussite méconnue

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Par Philippe Herlin Publié le 27 février 2015 à 5h00
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1 200La France compte 1 200 musées.

Quel est le point commun entre le Musée Jacquemart-André, celui de Montmartre, la Pinacothèque de Paris, la Cité de l’automobile à Mulhouse (la fameuse collection Schlumpf), les Carrières de Lumière des Baux-de-Provence ?

Ce sont des musées privés, ils ne perçoivent pas un euro d’argent public et dépendent uniquement des recettes visiteurs. Une réussite largement ignorée au pays où la culture semble indissociable des subventions publiques.

Le Musée Maillol fermé jusqu'à nouvel ordre

On aurait pu rajouter à cette liste le Musée Maillol mais il vient de fermer pour une durée indéterminée, soi-disant pour travaux, en fait parce que la société Tecniarte, qui gérait toutes ses expositions depuis 2009, est placée en liquidation judiciaire. Ces expositions rencontraient pourtant un réel succès ("Canaletto à Venise" en 2013 ou "Les Borgia et leur temps" qui vient de s'achever). Il faudra attendre avant d’en savoir plus, mais il s’agit ici plutôt de l’exception qui confirme la règle.

Culturespaces, le leader des musées privés en France

Le leader dans ce secteur est Culturespaces, une filiale de GDF-Suez, qui gère une quinzaine de sites en France accueillant au total 2 millions de visiteurs par an. On compte parmi eux le célèbre Musée Jacquemart-André ou, pour prendre un format plus novateur, les Carrières de Lumière des Baux-de-Provence qui projettent des spectacles à 360 degrés sur les grands maîtres de la peinture ("Michel-Ange, Leonard de Vinci, Raphaël" à partir du 6 mars). En deuxième position on trouve la société Kleber-Rossillon, qui gère des châteaux (Castelnaud, Langeais) et le musée Montmartre à Paris.

A côté de ces sociétés qui gèrent un lieu au nom de leur propriétaire, il existe des institutions privées comme le Musée Maillol on l’a dit, en espérant qu’il puisse rapidement reprendre ses activités, ou la Pinacothèque de Paris, une incontestable réussite et dont l’exposition "Au temps de Klimt" (jusqu’au 21 juin) fait courir les foules.

Des musées peinent pourtant à survivre

Ce succès, justement, il ne faudrait peut être pas trop en parler, car à côté des grandes institutions internationalement reconnues (Louvre, Orsay, Pompidou), nombre de musées français peinent à attirer un public suffisant et représentent une charge pour les finances locales. Une délégation à des opérateurs privés, plus productifs et plus imaginatifs, augmenterait leur fréquentation et permettrait de diminuer ou de supprimer la subvention publique. Tout le monde y gagnerait… sauf notre sacro-saint principe de financement public de la culture, un totem indéboulonnable.

La France compte 1.200 musées ("labellisés" par notre incontournable ministère de la culture) mais 800 d’entre eux comptent moins de 20.000 visiteurs par an. Une infime partie de ces musées est géré par un opérateur privé, voici un gisement de croissance autant que d’économie d’argent public, il suffit juste de le vouloir.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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