Pourquoi la France est vent debout contre les éoliennes

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Par Jean-Louis Butré et Arnaud Casalis Modifié le 13 septembre 2018 à 11h39
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4,5%Les éoliennes ne représentent plus que 4,5% de la production électrique mondiale.

Au vu d’un récent sondage d’un grand quotidien national (1) , plus de 44.000 internautes rejettent à 66 % les éoliennes comme « bonne solution écologique ». C’est que le bon sens populaire a de bonnes raisons de ne pas croire à un discours miraculeux bien éloigné des réalités.

Les éoliennes sont une solution énergétique douteuse

En 2017 d’après RTE, les 7 300 éoliennes installées ne représentent que 4,5% de la production électrique, mais environ 1,5 % seulement de l’énergie totale consommée en France, ce qui est négligeable, alors que la France a exporté 15 % de sa production.

Les éoliennes produisent de l’électricité non stockable, de façon intermittente, seulement quand il y a du vent. Leur rendement technique moyen est de 23 %. Qui accepterait un chauffage incertain ou prendrait un TGV alimenté par de l’électricité éolienne dont la vitesse varierait en fonction du vent ? Personne. En clair : cette énergie est invendable. Ce n’est que par la contrainte réglementaire que cette énergie est vendue prioritairement au réseau. Les éoliennes sont perturbatrices du système électrique français en déséquilibrant les autres sources de production et engendrent des coûts induits non pris en compte. La Cour des comptes vient de publier un rapport chiffrant à 40 milliards d’euros en quinze ans le gâchis financier de la filière pour la collectivité.

La filière éolienne ne poursuit en réalité pas des objectifs environnementaux mais des objectifs financiers

La rentabilité financière des promoteurs est garantie par des prix réglementés sur une longue durée (15 ans ou plus) et par une priorité d’achat majorant d’environ deux fois et demi le coût historique de l’électricité produite par EDF. EDF achète donc de l’électricité qu’elle revend à perte. Un tel dispositif ne résulte pas des règles d’une économie saine mais d’un lobbying intense. Il est abusif et la Commission Européenne, garante des règles de la concurrence, l’a récemment interdit : les nouvelles installations bénéficient désormais de majorations calculées en fonction des volumes vendus. Mais tout laisse penser que les formules de calcul, résultant du même lobbying, ne feront qu’augmenter les subventions versées aux promoteurs et donc le prix de l’électricité.

Les éoliennes, turbines perchées en haut d’un mât métallique de 120 mètres sur 2 500 tonnes de béton, peuvent maintenant dépasser 200 m de haut en bout de pales. Ce sont des monuments non seulement destructeurs des sites et des paysages mais générateurs de nuisances insupportables pour les riverains. On peut épiloguer sur l’intensité et la nature de la souffrance infligée, mais c’est un fait que les éoliennes, à 500 mètres des habitations, gâchent la vie des habitants : la preuve en est les 1 500 associations de riverains qui en sont victimes.

C’est par un démarchage intense sur le tout le territoire que les nombreux démarcheurs commerciaux ont fini par ouvrir les yeux des Français. Des pratiques insistantes leur ont fait prendre conscience que le discours sur le « sauvetage de la planète », de la « gratuité du vent », de la fausse « création d’emplois », du « financement participatif » et d’autres noms enjôleurs donnés à des usines aériennes présentées comme des « parcs » ou des « moulins » médiévaux sont autant de slogans sans consistance quand les réalités énergétiques, environnementales et financières s’avèrent en réalité désastreuses. Le constat de nombreux cas de corruption, avec plus de 300 affaires de prises illégales d’intérêts, accentue cette méfiance. Rien ne justifie d’infliger la destruction de leur vie à des centaines de milliers de personnes pour une énergie invendable et le profit de quelques-uns. Les Français savent dorénavant que c’est eux qui subissent les nuisances de la filière et payent la différence, et qu’ils ont été trompés sur sa réalité énergétique et financière. Une majorité de Français refuse donc aujourd’hui cette duperie et s’inquiète de voir le Gouvernement relayer les intérêts financiers des promoteurs sans considération pour leurs préoccupations. C’est le sens qu’il faut donner au résultat du sondage.

La France électrique est vertueuse pour le climat: puisse-t-elle le rester !

En étant le pays développé le plus vertueux au monde en matière d’émission de gaz à effet de serre, avec 90% de sa production électrique décarbonée, la France a la chance d’être en avance quand la transition énergétique a conduit l’Allemagne à polluer sans cesse davantage. Plutôt que de soutenir un projet inutile de 20 000 éoliennes, Monsieur François de Rugy nouveau ministre de l'environnement ferait bien d’être plus attentif à la réalité et à l’opinion publique. On ne sacrifie pas l’environnement d’un pays pour une production énergétique négligeable. La France est vent debout contre les éoliennes.

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Jean-Louis Butré est ingénieur physicien. Expert Énergie et ancien PDG entreprises, il est président de la Fédération Environnement Durable (1750 associations de toutes les régions de France). Président d'EPAW, plateforme européenne contre les éoliennes industrielles. Arnaud Casalis est administrateur de la Fédération Environnement Durable.

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