[BEST OF] Il faut en finir avec le gaspillage alimentaire pour nourrir tous les habitants de la planète

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Par Valerie Orsoni Modifié le 13 décembre 2022 à 20h40
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1 300 000 0001 milliard 300 000 tonnes de produits alimentaires comestibles sont jetés chaque année.

Un milliard trois cent mille tonnes, 1.000.300.000 tonnes, 1.000.300.000.000 kilos. Ce chiffre, qui donne le vertige, correspond à la quantité totale de nourriture comestible gaspillée chaque année à travers la planète, c’est-à-dire, plus d’un tiers de la production globale mondiale.

Assez pour nourrir le milliard de personnes qui souffre de la faim de manière chronique.

Assez pour préserver 100 % des vies perdues pour cause de famine.

Assez pour sauver les 300 000 morts infantiles liées à la malnutrition des mères.

Alors que certains experts estiment que nous avons atteint les limites de terres arables et d’eau disponibles pour l’agriculture et l’élevage, il est temps que ce problème encore relativement inconnu soit relayé par les médias, et fasse l’objet de décisions politiques au niveau international. L’accès ou non à l’eau potable et à la nourriture déterminera les conflits de demain. A nous, nantis parfois ingrats, de prendre le problème à bras le corps pour faire une différence.

A ceux qui me répondent que vouloir réduire ce gaspillage est un voeu pieu, je réponds que ce gâchis planétaire est l’affaire de tous. Surtout que dans les pays industrialisés, où 40 % des pertes proviennent après l’acheminement des produits en magasins, tout simplement parce que les commerçants, pour répondre à la demande des consommateurs, détruisent ou simplement refusent de commercialiser des produits qui ne répondraient pas aux canons de la perfection même.

Alors, que pouvons-nous faire ?

- Prise de conscience et action au niveau du consommateur : dans les pays occidentaux, nous jetons les yaourts périmés de 2 jours sans réfléchir, ou les tomates un peu abîmées sans réaliser qu’elles sont toujours bonnes. A San Francisco, la première ville américaine à passer une loi de ce type, les habitants doivent non seulement faire le tri de leurs ordures ménagères mais aussi isoler les déchets qui peuvent être compostés dans une petite poubelle verte financée par la ville. Le résultat ? Une prise de conscience (aussi aidée par les contraventions salées en cas de dépôt de produits compostables dans la poubelle “classique”), une réduction drastique des déchets alimentaires, et la fourniture en compost riche des agriculteurs locaux. Et la boucle est bouclée.

- Privilégier l’agriculture locale de saison : En achetant des myrtilles du Chili, des fraises Mexicaines en hiver ou des haricots du Sénégal en hors-saison, nous participons au grand gaspillage planétaire. Plus un légume ou un fruit voyage, plus il risque d’arriver abîmé, cabossé, écorné ou tout bêtement, avarié. Racourcissons donc le temps passé en transport pour ces denrées en privilégiant les agriculteurs locaux et les produits de saison (au passage, réduisant ainsi l’empreinte carbone sur la planète).

- Responsabilité de la petite et grande distribution : En adaptant au mieux leurs commandes, les supérettes et supermarchés peuvent gérer leurs stocks au plus serré et éviter d’avoir à jeter des produits consommables mais invendus (2 millions de tonnes de sur-commande finissent aux poubelles chaque année) ou à la date de péremption dépassée.

Plutôt que de laisser les magasins copieusement arroser d’eau de javel les bennes à ordures pleines d’aliments pseudo périmés pour dissuader d’éventuels chasseurs de poubelles, que l’Etat contraigne les grandes surfaces à mettre en place des partenariats avec des associations locales type Les Restos du Coeur. Ceci permettrait de redistribuer des aliments totalement comestibles aux personnes défavorisées. Il est important de rappeler qu’une tomate au look “photoshoppé” contient autant de vitamines que son équivalent cabossé.

Notons une belle initiative dans certaines boulangeries de l’est de la France où les invendus de la veille sont collectés et mis dans une boutique spéciale à des prix défiants toute concurrence, ou encore la chaîne fast-food saine anglaise Prêt A Manger qui distribue tous ses invendus en fin de journée à des associations d’aide aux sans-logis.

Enfin, orienter les déchets organiques vers des centres de méthanisation (fermentation, biogaz) afin de produire de l’énergie reste une valeur sûre. Sûre mais peu adoptée par les français à cause des risques d’explosion reportées et des odeurs nauséabondes pour le moment mal maîtrisées (197 unités de méthanisation sur le territoire seulement par rapport aux 3,000 presentes dans toute l’Europe).

- Equipement des nations en voie de développement : Quand on sait que le gaspillage commence dans les pays en voie de développement où les infrastructures de stockage font défaut, il devient clair que la chasse au gaspi doit commencer à la source : silos de stockage en matériau pérenne, meilleur protocole d'acheminement des aliments (intégration des délais de douanes, grèves potentielles, etc...), transformation locale des produits de base en produits à conservation prolongée, sensibilisation des populations locales au stockage et à la préservation des ressources.

- Interdiction des pubs sur-photoshoppées eugéniques : La course en avant des représentations de fruits et de légumes parfaits qui n’existent même pas dans la nature, modifient notre perception de ce à quoi un légume parfait doit ressembler. Nous en venons à modifier notre comportement et n’acceptons plus d’acheter le légume “moche” qui reste sur l’étal du marché en fin de matinée. À l’instar des decisions relatives aux photos people, maquillage, etc... prises en Angleterre ou en Australie (voire en France), il devient essentiel d’indiquer sur les photos à quel point elles ont été manipulées afin de produire la tomate parfaite (ou le people parfait).

C’est une évidence : cette chasse au gaspi est l’affaire de tous. Elle passe par une “re-connection” avec la nature, une responsabilistion vis-à-vis des générations futures et par l’é-du-ca-tion des tous petits. Comme pour le recyclage, nous pouvons tous agir à notre niveau : individus, collectivités locales, petites et grandes sociétés, gouvernements, et servir de modèle aux autres : mères de familles qui appliquent des principes anti-gaspi a la maison, instituteurs qui en font des sujets d’étude, gouvernements qui passent les lois qui s’imposent et lancent des campagnes au message fort.

Pour reprendre un slogan bien connu : Yes, we can. Et vous, quelle est votre résolution anti-gaspi de l’année?

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Valérie Orsoni est experte dans les domaines du coaching, du bien-être et de la minceur. Elle est coach de stars, nutritionniste, et très souvent invitée sur les plateaux de TV des deux côtés de l'Atlantique. Créatrice du site minceur de coaching pionnier du genre, www.LeBootCamp.com, qui a coaché plus de 1,200,000 femmes dans plus de 38 pays. Image du jeu Wii et Sony Move MyBodyCoach. Elle est l'auteur de 24 ouvrages publiés dans 10 pays, dont : "LeBootCamp, Programme Minceur", 2015, Hachette "LeBootCamp - 200 Recettes", 2016, Hachette "Le sarrasin : tous les secrets de la graine miracle", 2013 "Un Corps de Rêve pour les Nuls" aux Editions First/Les Nuls, 2012 Tous les livres de Valérie Orsoni sur Amazon.fr

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