L’action du gouvernement envers les entrepreneurs est un échec

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Par Nicolas Vedovato Modifié le 5 février 2014 à 8h10

Aujourd’hui s’ouvre le salon des entrepreneurs au Palais des Congrès de Paris. Plus de 60.000 entrepreneurs et porteurs de projets à la recherche de conseils, d’aide et d’accompagnement vont se précipiter sur les stands des différents annonceurs et institutionnels.

François Hollande est maintenant élu depuis près de 2 ans. Faisons le bilan : qu’a-t-il fait concrètement pour les entrepreneurs ? Ne me parlez surtout pas des assises de l’entrepreneuriat, et encore moins du choc de simplification. Par exemple, le CICE : une usine à gaz alors qu’il aurait été tellement plus simple d’appliquer directement une baisse de charges, comme cela est désormais envisagé avec la suppression des cotisations familiales. D’autres ont fait pareil auparavant : la « réduction Fillon », autre baisse de charges sous la forme d’une formule bien trop complexe à calculer. En plus, ce genre « d’aides » ne fait qu’exciter les syndicats et autres partis d’extrême gauche qui annoncent des milliards d’euros de « cadeaux aux patrons », et qui n’ont toujours pas compris que ce sont les entreprises qui créent de l’emploi, et que la concurrence est désormais mondiale. Mais savent-ils combien les 35 heures ont coûté aux entreprises ? Pendant que nous augmentions le coût du travail en France, nos partenaires mais néanmoins concurrents, eux, travaillaient pour améliorer leur compétitivité…

Lors de ses voeux pour 2014, François Hollande a annoncé le lancement d’un nouveau pacte. Un pacte de responsabilité, comme il le dit. On parle déjà d’un échec après à peine un mois. Lorsqu’il parle de responsabilité, c’est quoi exactement ? C’est un échange « gagnant-gagnant » avec les entreprises, une baisse de charges contre une garantie du MEDEF de créer des emplois ? C’est nous « donner » 30 milliards en baisses de charges d’une main, pour en reprendre autant de l’autre main en supprimant le CICE, et en augmentant par la même occasion l’assiette de calcul de l’IS. Soyons sérieux, pense-t-il nous convaincre avec de telles inepties ? Du coup, notre Président passe pour celui qui aime les « patrons » alors qu’en réalité, il ne fait strictement rien pour les entrepreneurs.

Un vrai pacte de responsabilité, ça serait d’assumer que l’action du gouvernement vis-à-vis des entreprises est un échec, et que la courbe du chômage n’est pas prête de s’inverser si rien de change. Et vu l’inertie d’un tel paquebot, il faut maintenant prendre des décisions radicales.

Rassurez-vous, je ne demande pas 100 milliards d’euros de baisses de charges en échange de l’hypothétique création d’un million d’emplois. Aujourd’hui, ce que je propose, c’est de déléguer partiellement à des privés, à des personnes expérimentées qui connaissent les vrais besoins des entreprises, la tâche d’aider les entrepreneurs à se lancer, à créer plus d’emplois, et donc à générer les points de croissance nécessaires à la relance de notre économie. Car, sauf erreur de ma part, ça n’est pas à l’ENA, ni dans toute autre école d’ailleurs, que l’on apprend comment fonctionne une entreprise. Je ne parle pas ici d’un grand groupe du CAC 40, mais simplement d’une TPE où le dirigeant doit quasiment tout faire : marketing, communication, comptabilité, achats, vente, recouvrement, management, gestion de projet, réseautage…

Depuis que l’équipe actuelle est au pouvoir, elle ne cesse de s’attaquer au statut d’auto-entrepreneur. Je peux tout à fait comprendre, au vu de la concurrence déloyale que cela engendre dans certains secteurs. Mais aussi et surtout car ce statut s’est contenté de simplifier quelques menues formalités sans pour autant aider ces créateurs dans ce qui est le plus compliqué. D’autant plus que ce statut a obligé près d’un million de personnes à passer sous les fourches caudines du RSI, qui était déjà bien mal organisé auparavant, et qui a explosé en vol à coup de mises en demeures adressées à ces entrepreneurs d’un nouveau genre.


Ce que je propose, c’est de transférer vers le privé certains budgets que l’Etat dilapide à tour de bras, par méconnaissance des réalités du terrain, sans pouvoir mesurer les retombées réelles sur l’emploi. Combien de milliards d’euros d’aides distribuées par le Pôle Emploi pour pousser des chômeurs à créer leur entreprise… mais surtout à disparaitre de la catégorie A ? Ca n’est pas de la faute de M. Hollande et de ses équipes, bien-sûr, cela existait avant leur arrivée. Par contre, le fait d’essayer de nous faire croire qu’ils peuvent inverser la courbe du chômage à coup d’emplois aidés n’est pas très « responsable ». Qu’ils utilisent plutôt cet argent pour aider les entreprises à recruter leur premier salarié par exemple, imaginez l’impact sur l’emploi ! Aussi, combien de centaines de millions d’euros confiés aux CCI pour ouvrir des pépinières d’entreprises dont une grande partie ne fait office que de location de bureaux à prix cassé tant ces structures sont gavées de subventions. Combien de millions d’euros dépensés pour créer des portails web inadaptés car ils ne répondent pas aux vrais besoins des entrepreneurs ?

Concrètement, il faut créer un nouveau statut d’entreprise en France. Ce statut s’appellerait tout simplement « entrepreneur ». D’abord, en terme de communication, pour clairement différencier les « entrepreneurs » des « patrons », ces dirigeants du CAC40, tant décriés pour leurs salaires mirobolants, et qui ne payent pas lorsqu’ils ont échoué. Par la même occasion, nous pourrons espérer cesser d’entendre parler des « petits patrons » avec tant de dédain.

Ensuite, de manière tout à fait opérationnelle, ce statut simplifié permettrait au dirigeant d’être rattaché au régime général de l’URSSAF, plutôt que d’être rattaché au RSI. Le dirigeant serait alors salarié de son entreprise, et pourrait ainsi ne payer des charges que s’il se verse un salaire, tout comme pour le régime des auto-entrepreneurs, mais en étant informé en temps réel des montants qu’il va devoir payer, et pas au « petit bonheur la chance » ou « à la tête du client » comme actuellement au RSI. Autre avantage : quelle facilité pour recruter son premier salarié lorsque l’on a déjà fait la démarche pour soi-même ! Savez-vous aujourd’hui combien il est compliqué pour un dirigeant de recruter son premier employé ? Combien y renoncent ou font appel à de la sous-traitance, s’interdisant ainsi à créer de la valeur au sein de leur entreprise ? Combien d’autres refusent des « chantiers » ou des « projets », pour ne pas avoir à s’embêter avec la paperasse…

Aussi, pour ce qui est du quotidien, alors qu’il existe quelques portails mis en ligne par Bercy et d’autres institutions, je propose que l’ensemble de ces outils soient audités, optimisés et agrégés au sein d’un portail unique, adapté à nos besoins en terme de mobilité. Connaissez-vous le portail « Votre compte Pro » ? C’est une belle initiative du SGMAP semble-t-il tombée aux oubliettes faute de cohérence et de suivi. Peut-être est-ce tout simplement parce que « l’expérience utilisateur » est inadaptée, et qu’aucune offre concrète n’y est proposée… Pourquoi ne pas faire renaitre ce projet et le rendre opérationnel ?

Maintenant, il est urgent d’agir. Nous devons chasser en meute : une poignée de start-ups innovantes, des groupements d’entrepreneurs motivés, des think-tanks qui ont planché sur le sujet, et quelques grands groupes pour nous faire bénéficier de leur puissance de feu.

Une fois ce nouveau statut créé, la balle sera dans notre camp, et ça sera à nous de faire nos preuves, à nous de vous montrer que cette méthode fonctionne. Et lorsque nous aurons créé suffisamment d’emplois, et que l’assiette des cotisations aura augmenté, nous pourrons demander une contrepartie : baisser les taux de cotisations, et ainsi permettre à nos entreprises d’être plus compétitives face à nos concurrents mondiaux.

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Nicolas Vedovato est président de Entrepreneur.fr, réseau social réservé aux entrepreneurs.

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