Un député LaRem qualifie les grévistes de « terroristes »

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 7 janvier 2020 à 13h35
Greve Sncf Martinez Cgt 1
@shutter - © Economie Matin
700 MILLIONS €La grève aurait coûté plus de 700 millions d'euros à la SNCF et la RATP.

Le timing est tout simplement parfait : la veille du cinquième anniversaire de l’attentat contre Charlie Hebdo et de la reprise des négociations entre les syndicats grévistes et le gouvernement, un député LaRem a qualifié les grévistes de « terroristes ». Une comparaison hasardeuse et potentiellement explosive, notamment venant d’un élu de la majorité.

Jean-Pierre Pont : l’art de la formule

Interrogé par la radio Delta FM le 6 janvier 2020 concernant la grève historique contre la réforme des retraites, le député La République en Marche Jean-Pierre Pont, élu dans le Pas-de-Calais, a marqué une nouvelle fois les esprits. En effet, ce dernier n’en est pas à son coup d’essai, ayant créé un micro-scandale en 2018, là encore contre les grévistes.

Mais cette fois, il est possible qu’une ligne rouge ait été franchie : « Pour moi, prendre la France en otage, c'est tout à fait illégal. Et, évidemment on va peut-être me critiquer, ce sont des faits de terrorisme ». La comparaison est donc clairement établie : les grévistes sont des terroristes, comme Ben Laden ou Al-Baghdadi… La CGT et Al-Qaeda, c'est du pareil au même !

Il critique en particulier la fermeture des centres d’approvisionnement de fioul, une pratique qu’il juge « antidémocratique ». Mais, relancé sur la comparaison avec les terroristes, il persiste et signe : « Répondez-moi : prendre les gens en otage, c'est le fait de quoi ? De gens démocrates ? De gens qui respectent la République ? Non ! », a-t-il déclaré, avant d’ajouter « Pour moi, otage me fait penser aux otages au Liban, aux otages quand il y a eu les affaires à Paris, fait-il valoir. Cela pourrait se terminer par des morts, ce n'est pas possible… Couper l'électricité à une maison de retraite ou à un centre hospitalier, franchement, non, je ne peux pas admettre ça ».

Les grévistes sont-ils des « terroristes » ?

Cette question est évidemment rhétorique : les grévistes peuvent difficilement être qualifiés de « terroristes », à commencer par le fait que la grève est un droit constitutionnel, et ce depuis la quatrième République. Le fait de faire grève n’est donc pas, comme l’estime Jean-Pierre Pont, « antidémocratique » puisque c’est la démocratie elle-même qui le permet.

D’ailleurs, doit-on préciser que les Français ne sont pas pris « en otage » ? Certes, nul ne nie que la grève dans les transports rend la vie compliquée, en particulier pour les Franciliens (son impact étant moindre en province), mais les grévistes ne se sont pas « emparés », selon la définition d’otage du Larousse, des Français. Autrement, ils risqueraient d’aller en prison… et a-t-on vu le gouvernement attaquer en justice les syndicats pour « prise d’otage », punissable selon le Code pénal (article 224-1) de vingt ans de réclusion criminelle ?

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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