Le Brexit continue d'inquiéter les analystes du monde entier qui déploient tous leurs moyens pour tenter de comprendre au mieux quel sera l'impact sur les économies européennes et britanniques de la décision du peuple de Sa Majesté. Standard & Poor's, qui a déjà dégradé la note souveraine du Royaume-Uni lui faisant perdre son AAA, tente l'exercice et il semblerait que le Brexit va coûter cher.
Le Royaume-Uni en récession en 2017 et 2018 ?
Personne ne sait exactement quels seront les accords que Londres réussira à négocier avec Bruxelles ni quand ça va se faire : si le Brexit a été voté par référendum, l'article 50 de la Constitution Européenne n'a pas encore été appelé et tant que ça ne se fait pas, le Royaume-Uni restera dans l'UE. Mais la situation va fortement impacter l'économie britannique.
Standard & Poor's, dans son analyse du 4 juin 2016, estime que Londres pourrait carrément entrer en récession... et si elle n'est pas en récession, ce sera de justesse. Le Brexit devrait enlever 1,2 % de croissance au Royaume-Uni en 2017 et 1 % en 2018 selon l'agence de notation.
La Zone euro freinée dans sa course pour sortir de la crise de 2008
L'autre entité qui va souffrir du Brexit ce sera, bien évidemment, l'Union Européenne et plus particulièrement la Zone Euro dont font partie la France et l'Allemagne. Partenaire économique du Royaume-Uni, la zone euro risque de voir sa croissance être amputée alors même que la crise économique de 2008 semblait commencer à être un mauvais souvenir.
Standard & Poor's estime que le Brexit devrait enlever 0,8 % de croissance en 2017 et 2018 à la zone euro tout en laissant un rôle central à la BCE. Selon l'agence de notation, Mario Draghi et ses équipes auront un rôle majeur à jouer pour absorber les pertes économiques liées à la sortie du Royaume-Uni.
Néanmoins, l'agence ne s'attend pas à ce que le Brexit crée une nouvelle crise économique générale en zone euro.
Standard & Poor's : les prévisions de croissance des principaux pays européens
Les nouvelles prévisions de croissance pour les principaux pays de la zone euro de Standard & Poor's laissent d'ailleurs transparaître cet impact négatif du Brexit sans forcément le prendre en compte complètement, dans l'attente d'avoir plus d'informations sur les accords qui seront négociés.
L'Allemagne, dont la croissance a atteint 1,5 % en 2015 et devrait être de 1,7 % en 2016 retomberait à 1,5 % en 2017 et 1,4 % en 2018 selon S&P.
De même, la France, qui atteindra une croissance de 1,5 % en 2016 selon l'agence de notation, rechuterait à 1,2 % en 2017 (donc pas assez pour que le cadeau fiscal de François Hollande devienne réalité) avant de remonter à 1,4 % en, 2018.
L'Espagne encaisse un coup dur passant de 2,8 % de croissance en 2016 à 1,8 % en 2017 mais, évidemment, c'est le Royaume-Uni qui souffrira le plus : la croissance devrait chuter de 1,5 % en 2016 à 0,9 % en 2017 et 1 % en 2018.