Comment anticiper l’impact de l’innovation sur l’environnement ?

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Par Eric Marin Publié le 25 novembre 2021 à 5h49
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55%L'Union européenne a fixé un objectif de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre à l'horozon de 2030.

L’entreprise contemporaine est face à un dilemme. Dans tous les secteurs, les organisations se digitalisent dans le but d’assurer leur viabilité et leur compétitivité et de mettre en place des modèles économiques innovants pour rester en phase avec les nouvelles tendances. Dans le même temps, leur dépendance croissante vis-à-vis de technologies nécessitent d’importantes ressources de calcul et les empêche d’atteindre un autre objectif important : la réduction de leur empreinte carbone.

Malgré l’absence de consensus quant aux chiffres exacts, les data centers consomment énormément d’électricité à l’échelle mondiale et contribuent autant aux émissions de gaz à effet de serre que l’industrie de l’aviation. Et selon les prévisions des analystes, ces émissions auront doublé en 2025(i).

L’impératif de la réduction de l’empreinte carbone

Les entreprises subissent une pression montante et exercée de toutes parts pour décarboner leurs activités. Confrontés aux récentes catastrophes naturelles (canicules, inondations, incendies de forêt et autres ouragans), les particuliers sont plus que jamais sensibilisés aux problématiques liées à la crise climatique. Récemment, la pandémie du COVID-19 a renforcé ce sentiment sur la prise de conscience de l’urgence climatique des Français. Encouragés par l’accumulation de preuves démontrant le lien entre politiques environnementales et résilience, les investisseurs s’appuient désormais sur ces critères pour prendre leurs décisions. Dans le même temps, de plus en plus d’entreprises considèrent la rémunération de leurs cadres en fonction de leurs performances en matière de développement durable.

Tout ceci se produit en outre dans un contexte réglementaire de plus en plus strict puisque le nombre de pays légiférant autour d’objectifs de neutralité carbone pour 2050 — voire plus tôt — augmente constamment. Le Pacte vert proposé par la Commission européenne demande par exemple aux 27 pays membres d’atteindre la neutralité carbone d’ici une trentaine d’années. Tout comme ceux de l’Accord de Paris adopté à l’issue de la COP21, ces objectifs nécessitent une approche à plusieurs volets en matière de décarbonation. Toutes les industries doivent apporter leur contribution, et cela inclut celle de l’informatique. Les acteurs du secteur ont la responsabilité d’aider leurs clients à décarboner leurs activités et à atteindre leurs objectifs en matière de développement durable.

Voici trois grands axes autour desquels ces entreprises doivent intensifier leurs efforts :

Le développement durable comme point de départ

Le développement durable doit être une caractéristique de base de tous les nouveaux produits et solutions, comme l’écriture de code économe en énergie par exemple. L’adoption d’une approche de développement durable intrinsèque dans le cadre des processus de conception et de développement permettra d’assurer que la consommation d’énergie, les émissions de gaz carbonique, les déchets d’équipements électriques et électroniques, l’utilisation de l’eau, et l’impact global sur l’environnement de chaque produit et service soient systématiquement pris en considération tout au long de son cycle de vie. Le fait est qu’il est plus simple de bâtir un écosystème plus durable dès le départ que d’en réformer un ultérieurement. Le bitcoin, par exemple, ne pourra vraisemblablement pas diminuer l’intensité en carbone du minage de cryptomonnaie, car il s’agit d’une de ses caractéristiques intrinsèques.

Le développement durable jusqu’au sein de son écosystème de fournisseurs

Toute entreprise crée des produits ou des services, et consomme également d’autres biens et solutions. En d’autres termes, chaque acteur du monde d’aujourd’hui a une opportunité de créer un cercle vertueux de développement durable à travers sa chaîne d’approvisionnement et son écosystème de fournisseurs, et d’aider ses clients à réduire à leur tour leur empreinte carbone. Jeremy Sintes, à la tête de la division Numérique Durable chez Sopra Steria, un des leaders européens de la transformation digitale, nous le témoignait récemment : « Depuis quelques années, la plupart de nos clients demande un engagement écologique de leur fournisseur informatique. La sobriété numérique est désormais un nouveau critère de qualité qui rejoint ceux de performance et cybersécurité »

Intégrer le développement durable aux activités

Les entreprises doivent dissocier leur croissance de leurs émissions de gaz carbonique et de la consommation de ressources. Cela commence par le fait de comprendre, superviser et classer leurs émissions. Les émissions Scope 1 sont celles qui résultent des ressources détenues et contrôlées par l’entreprise, à l’image des sources de chaleur ou des véhicules. Les émissions Scope 2 sont celles qui sont indirectement émises par une entreprise, principalement lorsque l’électricité qu’elle achète est produite. Les émissions Scope 3, généralement les plus importantes et les plus difficiles à réduire, concernent donc la chaîne d’approvisionnement. Ces émissions sont celles dont l’organisation est indirectement responsable, et englobent aussi bien l’achat de produits auprès de fournisseurs que ses produits utilisés par ses clients. Les entreprises progressent naturellement plus vite pour réduire leurs émissions Scope 1 et 2, qu’elles contrôlent, en passant par exemple à des énergies renouvelables ou à des véhicules électriques. Cependant, elles ont moins de maîtrise sur la réduction des émissions Scope 3, ce qui rend la tâche plus difficile.

Malgré les inquiétudes pour le climat, la transition numérique est un phénomène irréfrénable. Notre consommation d’énergie et de matières premières se multiplient au fur et à mesure que nous multiplions nos équipements. Les objets connectés par exemple exigent des connexions quasi-permanentes et consomment de l’énergie de façon presque continuelle pour pouvoir récupérer des données et les analyser. Face à de nouveaux usages, il est nécessaire que toutes les parties prenantes imaginent les technologies de demain de façon durable, et ce, dès leur conception. Pour ce faire, les objectifs doivent être plus transparents et collaboratifs et chaque partie prenante doit s’engager pour la sobriété numérique, afin de réduire l’empreinte écologique de l’innovation.

Eric Marin 6 Retlarge (1)

directeur technique de VMware France

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