Vous êtes très nombreux à m’écrire chaque jour, et certaines questions ou préoccupations sont évidemment récurrentes et partagées par nombre de lecteurs.
L’une des questions qui m’est régulièrement posée consiste à savoir quand est-ce que la Bourse va s’effondrer !
J’aurais tendance à vous dire que cela fait bien longtemps que cela aurait dû être le cas… et pourtant, elle monte ! Elles montent les Bourses du monde entier.
La raison de cette hausse est très simple à comprendre : l’argent coule à flots, les taux sont maintenus proches de zéro par les banques centrales et sont même parfois négatifs.
Dans un monde de taux négatifs, une action qui donne un rendement positif de 4 %, même si elle double et prend 100 %, continuera à verser un rendement positif de 2 %, ce qui est toujours nettement mieux qu’un taux négatif… Et puis ce qui est génial dans ce système, c’est qu’en outre, tout le monde raisonne de la même manière, du coup non seulement le rendement est positif mais en plus la valeur même du titre parce que tout le monde en veut…
Enfin, tout le monde, pas vraiment puisque les particuliers et les petits porteurs sont globalement absents des marchés financiers depuis la dernière bulle dites des subprimes et du dernier krach qui en a échaudé plus d’un.
Voilà pour la raison de fond.
Est-ce que cela va durer ?
Oui ! Tant que les taux sont à zéro, il n’y a pas de raison que ce mouvement ne dure pas. Le fait qu’il dure ne veut pas dire qu’il soit sain, ou normal, cela veut dire que les conditions d’alimentation d’une bulle gigantesque perdurent et que tant que les flux qui alimentent cette bulle persistent, alors cette bulle persistera, elle pourra même gonfler, encore et encore, comme celle des Bitcoins bien plus longtemps que l’on aurait pu le penser de façon raisonnable.
L’indice de Shiller n’est pas rassurant !
Robert James Shiller dit Bob Shiller, né à Détroit dans le Michigan le 29 mars 1946, est un économiste au CV long comme bras – que je ne vous détaillerai pas ici mais sachez qu’en plus d’être professeur d’économie à Yale, il est aussi accessoirement prix Nobel d’économie en raison de ses travaux sur… le prix des actifs !
Et le prix des actifs boursiers par exemple c’est ce qui nous occupe aujourd’hui.
Il a donc développé un indice, le CAPE, pour cyclically adjusted price to earnings, dit aussi PER de Shiller. En gros, cet indice utilise les BPA (Bénéfices nets Par Action) en valeur réelle sur une période de dix ans. Il donne donc une excellente idée du “prix” d’un marché boursier ! Est-ce que les actions sont chères par rapport aux bénéfices qu’elles génèrent ou pas ? Actuellement à plus de 31, cet indice indique sans ambiguïté une surchauffe des marchés.
Plus grave, à chaque fois que cet indice a dépassé les 30, cela s’est assez mal terminé aussi bien pour les marchés que pour les investisseurs. Enfin, et parce que la question de départ était est-ce que cela peut durer, eh bien vous avez sans doute toutes les réponses sur le graphique ci-dessous de l’indice de Shiller. Si nous sommes dans la zone rouge, si nous sommes trop haut, cela peut encore être pire car nous n’avons pas atteint les sommets historiques ! Or les records, fussent-il de stupidité, sont faits pour être battus.
La conclusion, c’est qu’avant d’avoir un krach, nous pouvons sans doute monter encore plus haut. Plus dure sera la chute certes, mais en attendant… elle monte… la Bourse.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae