Individualisation du chômage partiel : « Plouf, plouf : ce sera toi qui travailleras ! »

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 23 avril 2020 à 11h59
Assurance Chomage Coronavirus
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70%Le chômage partiel ne rapporte que 70% du salaire brut.

Le déconfinement, et la reprise de l’activité, qui sera longue, vont créer quelques tensions au niveau des entreprises… surtout depuis l’adoption de la nouvelle ordonnance du gouvernement qui permet l’individualisation du chômage partiel. En somme, certains travailleurs pourront reprendre leur activité et retrouver l’intégralité du salaire… et d’autres non… et personne n’y pourra rien.

Avant, c’était interdit pour des raisons de « discrimination »

Le chômage partiel était, avant l’adoption de cette nouvelle ordonnance mercredi 22 avril 2020 en Conseil des ministres, réparti entre tous les salariés de l’entreprise ou d’un même service, de manière équitable. Selon l’entourage de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, interrogé par l’AFP, la raison était simple : il y avait un risque de « discrimination ».

Apparemment, avec le Covid-19, la discrimination a totalement disparu car il sera désormais possible de cibler une personne plutôt qu’une autre. Et on imagine très facilement les dérives que cela peut entraîner : les employeurs pourraient privilégier les salariés au salaire plus bas, les hommes ou les femmes, les jeunes plutôt que les vieux, les célibataires plutôt que les jeunes parents…

Une décision soumise à un accord de branche ou d’entreprise

Le texte de l’ordonnance est clair : il permet de « placer une partie seulement des salariés de l’entreprise, d’un établissement, d’un service ou d’un atelier, y compris ceux relevant de la même catégorie professionnelle, en position d’activité partielle ou appliquer à ces salariés une répartition différente des heures travaillées et non travaillées, lorsque cette individualisation est nécessaire pour assurer le maintien ou la reprise d’activité ».

La seule condition pour que cela soit possible est un « accord d’entreprise ou d’établissement » ou bien un accord « de convention ou de branche ». Mais cela sera aussi possible en cas d’avis « favorable » du CSE.

Des tensions entre collègues à venir ?

Les managers vont devoir faire un choix, mais cela risque de dégrader les relations entre la hiérarchie et les employés voire entre les collègues d’une même entreprise ou d’un même service : certains vont se sentir lésés d’avoir été laissés sur le carreau.

Une telle dégradation pourrait alors coûter cher à l’entreprise sur le long terme alors qu’en situation de crise c’est justement la cohésion des équipes et l’esprit d’entreprise qui permettent de s’en sortir.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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