L’innovation routière : un chantier trop souvent oublié

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Par Nicolas Bressant Modifié le 3 avril 2015 à 16h29
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900 MILLIONS €Les investissements routiers par les départements ont baissé de 900 millions d'euros en seulement 3 ans.

La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, vient de lancer une nouvelle version de l’appel d’offres sur l’innovation routière : Routes et Rues. Cette mesure va permettre aux entreprises de tester leurs innovations sur des chantiers en conditions réelles.

Un appel à projets ambitieux sur un sujet important

L’appel à projets d’innovation Routes et Rues a vu le jour en 2007. Il est le successeur historique de la Charte de l’innovation routière signée en 1992. Cet appel d’offres vise à permettre la réalisation de chantiers de démonstration pour tester des innovations en grandeur nature, dans les conditions du réel, avec un suivi assuré par le gouvernement. La direction des infrastructures de transport (DIT), organe du ministère de l’Ecologie a annoncé les thèmes de l’innovation routière pour 2015 : la construction et l’entretien du patrimoine Routes et Rues, la préservation et la modernisation des ouvrages d’arts existants, l’usage et la gestion optimisés des infrastructures de transport en milieu urbains et interurbains et enfin la résilience au changement climatique.

Si l’appel d’offres ne bénéficie pas d’une visibilité médiatique importante aujourd’hui, le sujet est bel et bien crucial, et ce, depuis de nombreuses années. A l’heure de l’économie à tout prix, il est intéressant de remarquer que les programmes d’investissements en matière d’infrastructures routières sont de plus en plus coûteux à mesure que les routes et rues vieillissent. La question comporte également un volet environnemental : construire des itinéraires rapides et efficaces signifie limiter les temps de trajet des conducteurs et donc la pollution. Rien qu’en Bretagne, en 2014, 189 millions d’euros, dont 103.3 millions d’euros provenant du gouvernement, ont été mobilisés pour un programme de modernisation des itinéraires.

Alors que les enjeux se multiplient, les élus rognent depuis 2012 un peu plus chaque année dans leurs dépenses routières. De 4.5 milliards d’euros en 2009, les investissements routiers des départements sont passés à 3.9 milliards eu 2010, puis 3.6 milliards d’euros en 2011. En parallèle, les travaux aux quatre coins de la France s’éternisent, au point que des questions de sécurité vont finir par apparaître.

Un besoin de test grandeur nature

Les routes ont pourtant déjà fait parti intégrante de l’engagement politique et entrepreneurial français. En avril 1992, la Charte de l’innovation routière est signée et permet des gains de performance largement reconnus en France tout comme à l’étranger. Nous étions alors à l’époque de l’Etat centralisé.

Mais, après plusieurs dizaines d’années de latence, il faut insuffler un nouvel air aux dispositifs de soutien à l’innovation. C’est pourquoi, le 23 octobre 2013, l’Institut Des Routes, des Rues et des Infrastructures pour la Mobilité (IDRRIM) a remis un rapport au gouvernement sur l’innovation routière. Ce document a délivré 21 propositions et recommandations concrètes avec un objectif commun : améliorer et renforcer les capacités d’innovation de la France en matière d’infrastructures de transport. Pour l’IDRRIM le problème est le suivant : les dispositifs de soutiens sont plébiscités mais leurs résultats globaux sont limités.

En effet, dans le domaine des infrastructures de transport, contrairement à d’autres secteurs où les études de marché peuvent suffire, l’innovation ne peut pas se cantonner à de seules études en laboratoire, ou à des tests miniatures. Elle a besoin d’expérimentations en vraie grandeur, qui lui permettent de valider des étapes cruciales en matière de fabrication de matériaux, de mise en œuvre, de vérification de la tenue dans le temps… C’est notamment grâce à ce rapport de l’IDRRIM que les dispositions de l’appel à projets d’innovation Routes et Rues ont évoluées et que les projets sélectionnés sont maintenant testés en grandeur nature.

Un sujet d’actualité

Un autre événement qui nous montre que l’innovation routière est bel et bien entrée dans nos mœurs est l’organisation de la Semaine internationale du transport et la logistique du 31 mars au 2 avril prochain à Paris, le thème de cette édition 2015 n’est autre que l’innovation routière.

L'innovation sera aussi présente à travers un nouvel événement, "Transport Next Generation". Ce nouveau salon va présenter sur un même espace tous les équipements de transports innovants. Les cinq principaux modes du transport seront représentés : le routier, le ferroviaire, le maritime, le fluvial et le combiné auxquels s'ajoutent deux univers spécifiques, l'urbain et le froid.

Une chose est sûre, aujourd’hui plus qu’hier, alors que se mêlent les enjeux écologiques, énergétiques, et ceux de l’entretien routier, l’innovation est un facteur majeur de compétitivité. Surtout dans le secteur des transports, où ces changements peuvent avoir des retombées à la fois économiques et écologiques.

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Nicolas Bressant est chef de projet européen Innovation -Transfert de technologie. Études marketing.

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