Réussite olympique pour les Anglais, économique pour les Allemands : quelles leçons en tirer ?

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Par Daniel Karyotis Modifié le 17 août 2012 à 6h58

Ayant eu la chance et le privilège d’aller à Londres pour les JO avec des clients, j’ai mesuré la ferveur du peuple anglais pour les JO de Londres et son soutien inconditionnel à ses athlètes, qu’ils soient stars reconnues ou anonymes !
Au-delà de la rivalité ancestrale qui nous oppose aux Anglais, et à laquelle parfois je m’associe à ma grande honte (notamment au rugby...), j’ai été surpris par le regard que nous portons sur la réussite sportive de la perfide Albion qui termine 3ème derrière la Chine et les Etats-Unis, mais devant la grande Russie.

En effet, pour expliquer la performance exceptionnelle de nos amis Anglais, on évoque à mi-mot « dopage et tricherie ». Et si je ne suis pas empreint de naïveté concernant la relation ambiguë qu’entretient le monde du sport avec le dopage, je trouve que cette suspicion nous conduit à raisonner dans le mauvais sens et en occultant des éléments propices à une meilleure réflexion ! Tout d’abord, pour les Français qui découvrent qu’ils aiment le sport tous les 4 ans, je rappelle que les Anglais ont déjà réalisé des JO de Pékin en 2008 exceptionnels car ils ont terminé 4ème nation avec 47 médailles dont 19 en or... (et dire qu’à Atlanta, nous avions remporté 15 médailles d’or et les Anglais une seule !). Ensuite, les Anglais ont surinvesti depuis 10 ans dans les sports qui pouvaient leur permettre de glaner quelques médailles comme le cyclisme, l’aviron ou même la boxe ! Investissements dans les athlètes en allant chercher des profils taillés pour la compétition, investissements dans les infrastructures. Que ceux qui en doutent encore aillent découvrir le vélodrome qui a accueilli les épreuves sur piste ! Un vélodrome dont rêvent depuis 20 ans nos pistards Français, les meilleurs au monde avec les Australiens avant l’avènement des Anglais, et qui ne comprennent pas que la France ne soit toujours pas dotée enfin d’installations dignes d’un sport de haut niveau.

La pauvreté des infrastructures olympiques françaises (par exemple, à l’instar des pistards, la natation attend toujours son stade aquatique...) peut laisser perplexe si on souhaite organiser les JO à Paris en 2024 ! Paris doit bâtir son projet rapidement, ne pas reproduire les erreurs passées (comment a-t-on pu perdre l’organisation des JO 2012 !) car nous n’avons que 5 années devant nous (décision en 2017).

Enfin, l’exceptionnel enthousiasme des Anglais pour leurs athlètes quelques soient les sports ! Ils étaient ainsi des dizaines de milliers pour les simples qualifications en kayak et canoë à Eton (j’y étais...) ou au badminton ! Et comme le dit très bien le pistard Français Grégory Baugé, pourtant battu par un Anglais en finale, la ferveur d’un public c’est 1% de plus pour un athlète et 1% c’est souvent ce qui fait la différence au très haut niveau !

Serge Betsen, formidable rugbyman et homme d’une humilité exceptionnelle, me disait à Londres que les Anglais aimaient simplement le sport et qu’ils avaient un respect immense pour les sportifs. Et si c’était cela aussi la clé du succès : la passion et l’amour qu’on porte à un sport, une discipline ou un athlète. Les Anglais aiment le sport et ils réussissent : les Allemands aiment l’entreprise et ils exportent leurs produits.

Plutôt que de s’enfermer dans une vision narcissique et négative de notre environnement, la France doit retrouver le gout de l’ambition et de la compétition. Et encourager ceux et celles qui défendent nos couleurs qu’ils soient sportifs ou chefs d’entreprise. Les jeunes français ne demandent qu’à être portés par une vague de « positivisme aigu » et sont prêts aussi à défendre nos couleurs avec ferveur. La natation, le judo ou le handball sont des exemples à suivre car ils montrent que la route du très haut niveau passe par une spécialisation pointue. Un raisonnement similaire peut s’appliquer à nos entreprises, comme le font... les Allemands !

Souvent, quand la France ose (Florent Manoudou), quand elle est humble (nos basketteuses), quand elle est critiquée (nos handballeurs) quand elle croit en elle jusqu’au bout (Renaud Lavellenie à la perche), elle gagne !
Inspire a generation... comme disent les Anglais.

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Daniel Karyotis est le président de la banque Palatine depuis 2007. Homme d'affaires, il a également publié deux ouvrages, la notation financière (1995) et la France qui entreprend (2011).

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