Le compte pénibilité, mesure emblématique de la réforme des retraites de 2013, vise à permettre aux salariés du privé ayant exercé des métiers pénibles, de cumuler des points afin de partir plus tôt à la retraite, se former ou travailler à temps partiel sans perte de salaire.
Plus de bruit, c'est plus de points
Entré partiellement en vigueur au 1er janvier 2015 pour quatre premiers critères (travail de nuit, travail répétitif, en horaires alternants ou milieu hyperbare), il est pleinement mis en oeuvre à partir d’aujourd’hui, 1er juillet 2016, avec la prise en compte de six autres critères (postures pénibles, manutentions manuelles de charges, agents chimiques, vibrations mécaniques, températures extrêmes, bruit). Potentiellement, 3 millions de personnes sont concernées.
D’après la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, 500 000 personnes travaillant dans 26 000 entreprises ont déjà accumulé des points sur leur compte pénibilité en 2015. « C'est ça, me semble-t-il, la modernisation d'un modèle social: c'est aussi être capable d'individualiser les prestations » estim-t-elle.
"Une usine à gaz" ?
Mais Pierre Gattaz, le patron des patrons, n’est pas du même avis. Pour lui, ce nouveau dispositif est une « usine à gaz », source de « nouvelles contraintes » pour les employeurs auxquels il incombe de mesurer les expositions de leurs salariés. Résultat, il a assuré que les entreprises « n'appliqueraient pas » le compte pénibilité à partir du 1er juillet, comme le prévoit la loi. «Nous ne savons pas comment faire le 1er juillet, donc nous n'appliquerons pas» le compte pénibilité.
En réalité, les entreprises n'auront à faire leurs déclarations que début 2017 et pourront les modifier jusqu'en septembre 2017, voire 2019 si la modification joue en faveur du salarié.