Sur le terrain, les associations voient bien que malgré une timide reprise de la croissance, un nombre croissant de gens sont en difficulté.
9 millions de pauvres...
Le Secours Catholique vient de rendre public son rapport annuel. On y apprend que 608 500 familles ou personnes seules en difficultés ont été rencontrées en 2015. Un chiffre en augmentation de 2,7% par rapport à 2014.
Le constat est sans appel. Année après année, le rapport statistique du Secours Catholique pointe un maintien du niveau de la pauvreté et une incapacité de la société à se mobiliser pour la faire reculer. Plus grave, certaines catégories de la population voient leur situation se dégrader : familles, femmes, enfants et personnes d'origine étrangère.
Près de 9 millions de personnes, dont 3 millions d’enfants, vivent dans la pauvreté en France. « Nous constatons une précarisation croissante des familles, des femmes et des enfants, ainsi que des personnes d’origine étrangère, avec davantage de personnes sans ressources, en logement très précaire » explique Bernard Thibaud, secrétaire général du Secours-Catholique-Caritas en France.
Le rapport sur les statistiques de 2015 met aussi en lumière des disparités territoriales. Ainsi en milieu urbain, le Secours Catholique accueille davantage de personnes en situation d’extrême pauvreté monétaire, sans emploi et en grande précarité de logement. Dans les zones rurales et péri-urbaines, nous rencontrons davantage de familles avec des conditions de vie très modestes mais plus stables : des travailleurs pauvres avec un emploi précaire à temps partiel, des femmes au foyer, des retraités qui ont un logement et de grandes difficultés à assumer les charges de leur foyer et à mener une vie sociale normale.
... mais qui ne sont pas un enjeu prioritaire
« Notre système de protection sociale les aide à survivre, mais plus à vivre. Seul un emploi en CDI à plein temps permet de sortir vraiment de la pauvreté » poursuit le secrétaire général.
Le rapport souligne par ailleurs que les personnes les plus démunies viennent avant tout chercher une écoute, alors que celles aux ressources plus élevées ont des demandes plus matérielles.
Cela prouve que « la pauvreté n’est en aucun cas une réalité seulement monétaire, elle revêt (aussi) une dimension morale », note le sociologue Nicolas Duvoux. Les personnes sans ressources souffrent avant tout d’isolement et ont besoin de partager leur détresse.
D’ailleurs, plus de 60 % des personnes rencontrées déclarent n’avoir aucun proche sur qui compter.
L'association appelle l'ensemble des candidats aux élections 2017 à faire de la fin de la pauvreté l'enjeu prioritaire.