En France, 55% des entreprises interrogées annoncent un budget consacré à la cybersécurité en augmentation pour 2017. Ceci s'explique notamment par le fait que le nombre d'incidents liés à la sécurité informatique - tous secteurs d'activité confondus - a augmenté de 38% entre 2015 et 2016.
Si le sujet de la sécurité des données est récurrent, il n'est pas toujours traité suffisamment en amont au sein des entreprises. Infrastructures, agilité, sensibilisation, cadre législatif et intégration à tous les niveaux, voici les 5 conseils sur la cybersécurité adressés aux professionnels pour 2017.
Faire des infrastructures des atouts et non des faiblesses
Considérer les infrastructures comme un simple tuyau dans la problématique de la cybersécurité est une erreur car ce sont elles qui connectent tout et permettent de consolider la protection des données. L'avènement de l'IoT accentue cette tendance. Il est impératif de sécuriser ces objets connectés, mais également leurs usages et les applications qui permettent de les utiliser. L'attaque d'envergure subie par l'hébergeur français OVH en septembre dernier en est l'illustration parfaite. Les attaquants ont piraté près de 150 000 caméras de surveillance IP pour développer un réseau de “zombies” capable de lancer une large attaque DDoS (Deni de service distribué ou Distributed Denial of Service) cibler les serveurs de l'hébergeur. Cette attaque informatique figure parmi les plus importantes jamais enregistrées dans le monde, pourtant l'entreprise française a résisté : “On a l'infrastructure qui tient”, a sobrement communiqué OVH
Autre exemple de piratage d'envergure qui a marqué les esprits ces derniers temps : le 21 octobre, Dyn, le service qui gère une partie essentielle de l'infrastructure de nombreux services en ligne, a subi une attaque massive. Ce service, qui permet d'associer certains noms de domaine (comme Twitter.com) aux serveurs qui hébergent les sites a été saturé de requêtes. Cela a créé un ralentissement de sites majeurs (Spotify, Twitter ou encore AirBnB) voire rendu inaccessibles pour certains. Ce qui est marquant, dans cette histoire, c'est que “Dyn n'a pas subi de panne de l'ensemble de son système”, comme tient à le rappeler l'entreprise elle-même. Et une fois encore, l'attaque a été orchestrée via un botnet (réseau de programmes connectés à Internet) composé d'objets connectés, infectés par un malware. Pour éviter de transformer ses nouveaux objets tous connectés en zombies, il eut fallu par exemple les cartographier et les auditer, écarter les constructeurs négligents, patcher les systèmes de protection, cloisonner et protéger les réseaux, mais aussi protéger le système de gestion de l'ensemble des terminaux connectés, etc. Autant d'étapes cruciales qui sont le plus souvent négligées.
La sécurité des données dans l'ADN de toutes les entreprises
Chaque année, les dirigeants des grands groupes le réaffirment : la sécurité informatique est une priorité pour leur entreprise. La cybersécurité ne doit plus être considérée comme une assurance facultative, mais doit être intégrée dans l'ADN de toutes les entreprises. Par exemple, cette notion de sécurité des données n'est que partiellement évoquée dans le secteur de l'industrie au sein même des process industriels. Quel que soit le secteur d'activité de l'entreprise, elle doit prendre en compte la possibilité et les conséquences d'un piratage de son activité, depuis la conception à la production jusqu'à la commercialisation. Ainsi, de nouveaux outils comme le machine learning, pourraient permettre de détecter tout événement anormal sur le réseau utilisé ou à travers la chaîne de production.
Le paradoxe de l'agilité
“Votre entreprise doit être agile, mais elle doit être sécurisée”. Cette schizophrénie professionnelle ne date pas d'hier mais elle constitue un casse-tête encore non résolu par beaucoup de DSI. D'un côté, une entreprise doit être à l'écoute de ses nouveaux clients, être en mesure d'accélérer son développement, surveiller les innovations de son secteur, s'adapter aux évolutions de celui-ci et, le plus souvent, dans un laps de temps très court. De l'autre, les clients et interlocuteurs mais aussi les moyens de communiquer avec eux, sont de plus en plus nombreux, le risque de menaces informatiques potentielles est donc croissant. Pour répondre à cette double exigence, l'entreprise doit fluidifier les échanges et la connaissance mutuelle entre les équipes métiers et les équipes informatiques. Par exemple, de nouveaux rôles transversaux apparaissent dans les organisations comme les Chief Data Officer (directeur des données) dont l'un e des pr incipales missions consiste à garantir de la protection des données personnelles.
S'adapter au cadre législatif
Quel que soit le périmètre d'activité, l'aspect règlementaire de la cybersécurité est de plus en plus contraignant. L'époque où les entreprises cherchaient uniquement à renforcer leur sécurité informatique suite à une attaque est - quasiment - révolue. Désormais, les DSI doivent s'adapter à la règlementation et s'adressent pour cela de plus en plus souvent en amont à des prestataires qui maîtrisent celle-ci parfaitement bien. Cela nécessite de pouvoir adapter facilement ses services, ses produits et leurs applications à une nouvelle législation. En Europe, la culture de la protection des données est bien plus forte que dans le reste du monde et les entreprises doivent s'adapter à ces disparités. Mais même au sein du Vieux Continent, des différences existent dans la législation concernant la sécurité des données. Par exemple, nos voisins Allemands et Suisses sont particulièrement protectionnistes vis-à-vis de leurs données, ce qui est moins le cas en France, aux Pays-Bas, et dans certains pays nordiques. Les géants l'ont bien compris et commencent à s'adapter au marché européen : c'est le cas de Microsoft, qui a décidé, en septembre dernier, d'ouvrir deux infrastructures dédiées à Azure, sa plateforme de Cloud computing, en Allemagne. Et ainsi rassurer les autorités règlementaires européennes sur la localisation des données du géant américain.
La sensibilisation, un travail de longue haleine
Après 25 ans de cybersécurité, la priorité reste la sensibilisation des utilisateurs et des entreprises aux risques encourus. Les vulnérabilités sont de plus en plus nombreuses et les pirates de plus en plus malins. La sensibilisation à ces menaces doit constituer un message continu et prioritaire. De nouvelles vulnérabilités apparaissent constamment et la veille figure bien sûr parmi les tâches de base d'un responsable de la sécurité. Cependant, il est primordial de garder l'utilisateur dans la boucle de la veille de sécurité : formations, messages informatifs, explications sur les différents accès et la sécurisation des mots de passe, autant de points à ne pas négliger pour assurer la cybersécurité de l'entreprise. L'adhésion de l'élément humain dans la chaîne de vulnérabilité est indispensable pour la protection des données dans le cadre professionnel et si ces pratiques progressent, elles ne sont pas encore suffisantes pour rédui re les r isques. Malgré les nombreux experts en sécurité, les certifications développées pour protéger les entreprises et les solutions mises en place, la problématique de la sécurité des données n'a jamais été aussi présente. Cependant, la vulnérabilité viendra toujours de l'Homme, voilà pourquoi il est indispensable d'intégrer la compétence et les comportements humains au cœur des problématiques de sécurité en entreprise. C'est par ce biais que la lutte contre la cybersécurité prendra un virage stratégique. Et qui sait, inversera la tendance en 2017 ?