La richesse est elle forcément injuste ?

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Par Jean-Louis Caccomo Modifié le 9 octobre 2012 à 4h11

On reproche souvent aux économistes d’être des personnages froids, sans cœur et égoïstes car ils défendent – en fait ils expliquent - "un monde dans lequel 20 % de la population mondiale se répartit 80 % des richesses de la planète".

Cet argument, brandi par tous les apôtres nombreux de l’antimondialisation, oublie de dire une chose fondamentale à défaut de développer une analyse économique rigoureuse car il ne suffit pas d’aligner des chiffres. Sans analyse, et donc sans recul théorique, on fait dire ce que l’on veut faire aux chiffres, en sélectionnant soigneusement les données qui vont dans notre sens ou flattent nos émotions.

Mais si la physique en était restée à ce que nos sens nous donnent à voir, on croirait encore que la terre est plate. Les économètres ont d’ailleurs pu mesurer que l’afflux des cigognes en Alsace était corrélé avec les naissances de bébé dans la région, est-ce à dire que ce sont les cigognes qui apportent les bébés ?

C’est un exercice classique que l’on donne à nos étudiants de première année d’économie pour leur montrer que, sans précaution théorique, corrélation ne vaut pas causalité. Quand on regarde de plus près les statistiques économiques, notamment le classement mondial des PIB des différents pays, il apparait que 20 % des pays sont à l’origine de 80 % du PIB mondial.

Ceci explique cela : le revenu est la contrepartie de la productivité (la vraie richesse) de sorte que les gens consomment en effet ce qu’ils ont produit. Ce n’est pas un "pillage". Et c’est le respect de ce principe qui fait augmenter le niveau de vie : il faut produire pour consommer.

Dans une économie libre, les différences de revenus s’expliquent donc par les différences de productivité, de talents et de qualifications. Dans les autres systèmes, qui s’obstinent à défier les lois de l’économie, les différences de revenu proviennent de l’appartenance à un groupe social (nomenklatura, noblesse…).

Et plus on produit pour faire grossir le gâteau, et plus il y aura de parts pour tout le monde. Le pouvoir d’achat découle du "pouvoir de produire". Il appartient à chaque pays de s’ouvrir au monde pour participer à la production mondiale qui ne cesse de croître grâce à cette dynamique. Et non pas de s’enfermer, de se barricader pour répartir la pénurie, et dénoncer vainement la "dictature" du marché.

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Jean-Louis Caccomo est docteur en sciences économiques de l'université de la Méditerranée Maître de conférences - HDR à l'IAE de l'université de Perpignan Via-Domitia. Il est également spécialiste des questions d'innovation et de croissance économique ainsi que chercheur en tourisme international et chroniqueur économique. Il anime enfin, depuis 10 ans, un blog à vocation pédagogique à l'attention de ses étudiants et du grand public.

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