Loi travail : vers un recours au 49-3 ?

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Par Laure De Charette Modifié le 5 juillet 2016 à 9h56
Assemblee Nationale Deputes Front National Representation
@shutter - © Economie Matin
85L'article 49.3 a été utilisé quatre-vingt-cinq fois depuis 1958.

Ce 5 juillet 2016 doit avoir lieu la douzième manifestation en un peu plus de quatre mois. Histoire de maintenir la pression sur les députés qui vont réexaminer aujourd’hui même le projet de loi !

1 000 amendements en 4 jours

Et une question plane, plus que jamais. Le gouvernement va t-il recourir au 49-3, comme il menace de le faire?

Les députés ont jusqu'à vendredi 8 juillet pour examiner un millier d'amendements. Près de 500 ont été déposés par les députés sur le seul article 2 du projet de loi, dont un co-signé par 123 socialistes pour empêcher une baisse de la rémunération des heures supplémentaires.

Mais si les débats durent trop longtemps et que le risque de voir certains amendements passer à la trappe est trop grand, alors le gouvernement a prévenu qu’il pourrait dégainer le 49-3, cet article de la Constitution qui permet d’adopter une loi sans vote. Une sorte de passage en force.

Un Conseil des ministres, réuni le 10 mai 2016, a déjà autorisé le Premier ministre à engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale pour le vote, en première lecture, du projet de loi El Khomri. Cette procédure est prévue par l’article 49 alinéa 3 de la Constitution du 4 octobre 1958.

Vers une motion de censure ?

L’article 49.3 donne la possibilité au Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, d’engager la responsabilité du gouvernement sur le vote d’un projet de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale, ou d’un autre projet ou une proposition de loi en débat à l’Assemblée nationale.

Si le Premier ministre décide d’y recourir, sa décision entraîne la suspension immédiate de la discussion du projet de loi. Le projet est considéré comme adopté, sans être soumis au vote, sauf si une motion de censure est déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent et si elle est votée selon des conditions très précises : seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure qui ne peut être adoptée qu’à la majorité des membres composant l’Assemblée.

Depuis la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008, hors projets de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale, l’article 49.3 ne peut être utilisé que sur un seul texte au cours d’une même session parlementaire. Avant cette révision de la Constitution, le gouvernement pouvait y avoir recours aussi souvent qu’il le voulait et sur n’importe quel texte.

Sans compter le projet de loi El Khomri, l’article 49.3 a été utilisé quatre-vingt-cinq fois depuis 1958 sur 50 textes. 50 motions de censure ont été déposées, aucune n’a été votée.

Lors de la session parlementaire 2014-2015, le Premier ministre, Manuel Valls, a eu recours à l’article 49.3 à trois reprises pour le vote de la loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ("loi Macron").

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.