Lorsque la dynamique du contrat aidé devient un contrat de confiance entre l’entreprise et ses salariés

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Par Emilie Letailleur Modifié le 28 novembre 2016 à 11h37
France Emploi Contrats Aides Dynamique
@shutter - © Economie Matin
2,5 milliards ?La France a consacré 2,5 milliards d'euros aux contrats aidés pour l'année 2016.

Depuis les années 1980, les gouvernements successifs s'adonnent massivement aux contrats aidés, des contrats de travail pour lesquels l'employeur bénéficie d'une aide de l'État.

En période de crise, ce coup de pouce à l'embauche est même perçu par les politiques comme un levier indispensable de lutte contre le chômage, en particulier celui des jeunes et des chômeurs de longue durée. Le gouvernement actuel ne fait pas exception à la règle : en 2016 le budget du pays consacre 2.5 M€ aux contrats aidés.

Alors, qu’en est-il de leur efficacité ?

Selon les résultats de la DARES en septembre 2016, six mois après la fin de l’aide, dans le secteur public 41 % des personnes sorties en 2014 d’un CUI-CAE (contrat unique d’insertion - contrat d’accompagnement dans l’emploi) - hors ACI (Ateliers et Chantiers d’insertion) - et 67 % des personnes sorties d’un CUI-CIE (secteur privé) sont en emploi.

Mais pour réussir leur retour pérenne à un emploi non-aidé, les bénéficiaires doivent faire l’objet d’un accompagnement renforcé, avec une durée de contrats suffisante pour permettre le déroulement d’actions de suivi et de formations.

L’enquête démontre également que les contrats aidés du secteur marchand sont bien plus efficaces que ceux du non marchand, en termes d'insertion professionnelle. Alors que 37% des employeurs non marchands (associations, collectivités territoriales, éducation nationale, hôpitaux…) pensent maintenir leurs salariés dans l'établissement après la fin de l'aide financière publique, ce taux monte à 84% pour les employeurs du privé, et même 88 % dans le secteur de l'hébergement et de la restauration, particulièrement dynamique.

Le système des contrats aidés semble d'ailleurs parfaitement intégré aux rouages RH du secteur public. Selon l'étude, 84% des employeurs du non marchand avaient, dès le départ, l'intention de recruter en contrats aidés, contre 31% d’employeurs du secteur marchand. Quasiment un tiers des salariés en contrats aidés dans le non marchand (45% pour les établissements sanitaires et sociaux, mais 2% pour le secteur marchand).

Au sein des Pôles Emplois, depuis la mise en place des nouvelles équipes dédiées aux entreprises, il y a une mobilisation sur le terrain afin d’apporter de la clarté et des réponses ciblées. Mickael Garnier, conseiller du Pôle Emploi d’Auxerre explique que « Nous sommes amenés à proposer toutes les aides qui existent : aides financières PME, aides forfaitaires, périodes d’immersion, actions de formation et de préparation à l’embauche, contrats d’alternance, contrats aidés. Ces trois derniers sont d’ailleurs mis en place pour que l’entreprise puisse bénéficier d’allègements de charges ou de versements de fonds visant à faire monter en compétences l’individu. ». Mais il estime que « Les mesures d’aides à l’insertion professionnelle et au recrutement sont si nombreuses et variées que les entreprises risquent de s’y perdre et d’être découragées. C’est pourquoi chaque recrutement est accompagné d’une mesure ou d’une prestation adaptée. ».

Au-delà de l’aspect financier, une politique de recrutement qui diversifie les profils et les parcours favorise une meilleure cohésion sociale au sein de l’entreprise et valorise son image tant en interne qu’en externe. En outre, une politique de diversité, c’est-à-dire la reconnaissance et la valorisation des différences individuelles, est une composante indéniable des questions de qualité de vie au travail. Ces problématiques ne sauraient être cloisonnées et dissociées l’une de l’autre. C’est en effet en mobilisant toutes les ressources mises à sa disposition, que l’entreprise peut affuter sa politique sociale, dans le sens du développement et du maintien de l’emploi salarié.

Il est une notion complémentaire à prendre en compte : les enjeux de RSE et les problématiques territoriales. Mieux appréhender son bassin d’emploi est une manière de prendre part à la vie sociale du territoire sur lequel l’entreprise est implantée. Ainsi une politique d’emploi volontariste dédiée aux contrats aidés est un véritable contrat de confiance entre l’entreprise et ses salariés. Elle améliore d’autant plus l’égalité des chances et l’insertion sociale en intégrant une dimension RSE dynamique avec une meilleure appréhension de son écosystème et l’implication des acteurs locaux de l’emploi, tout en favorisant au sein des équipes un mélange culturel largement bénéfique, riche d’expériences individuelles et de profils variés.

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Emilie Letailleur est Consultante Senior RH chez Ayming (ex-Alma Consulting Group)

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