Marché du piano : histoire, évolution et panorama économique

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Par Partenaire Publié le 14 juin 2017 à 13h48
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Alors que les requêtes pour trouver un service de déménagement de piano se multiplient, qu’en est-il de l’état général du marché du piano en France ? Cet instrument de musique, incontournable de la culture classique, mais également d’autres sous-genres, à traverser les âges et constitue depuis toujours un objet d’exception.

L’occasion de revenir sur l’histoire de ce noble instrument avant de dresser un panorama économique de ses ventes en France.

Histoire et naissance du piano

Son inventeur, Bartolomeo Cristofori (1655-1731) soufflerait cette année sa 362e bougie d’anniversaire. Bien que peu connu, c’est ce simple facteur de clavecins de la ville de Padoue en Italie qui est l’inventeur d’un des instruments utilisés (et améliorés) par les plus grands noms de la musique classique : Bach, Mozart, Beethoven, Chopin, etc.

Son invention représente une véritable révolution musicale au XVIIIe siècle. Bien que la date exacte de son apparition soit floue (entre 1698 et 1700), on connaît mieux l’histoire de sa création. Embauché comme facteur des instruments de la Cour par le Prince Ferdinand de Medicis, fils du Duc de Toscane, Cristofori profite de ce mécénat d’exception pour mener ses recherches sur l’optimisation des claviers.

Pour lui, le clavecin présente un énorme défaut : l’impossibilité de nuancer une note et donc le jeu. C’est pour répondre à cette problématique qu’il invente un système de petits marteaux pour taper sur les cordes : le piano-forte est né. Le 18e siècle devient alors la période où sont apportées les plus grandes innovations sur les claviers. C’est d’ailleurs au même moment que les ateliers de facture de piano, marques prestigieuses aujourd’hui, voient le jour.

Marché du piano : les grandes marques et facteurs français

Pleyel (1807 – 2013)

L’une des plus anciennes manufactures françaises, créées par Ignace Pleyel. Après un dépôt de bilan en 1933, la marque enchaîne les coups durs, de rachat en fusion. Malgré une restructuration de ses ateliers à Saint-Denis, le facteur disparaît définitivement en 2013.

Burgasser (1846 – 1939)

Apprenti dans plusieurs manufactures parisiennes, L.Burgasser ouvre son atelier en 1846 au Boulevard du Temple à Paris. En 1939, année de sa fermeture, il avait fabriqué plus de 23 000 instruments.

Erard (1792 – 1965)

Nommé facteur du roi à la fin du XVIIIe, Sébastien Erard fuit la Révolution et installe son premier atelier à Londres en 1792. Lui et ses héritiers sont auteurs de nombreux brevets d’innovation pour l’instrument. En 1965, cinq ans après une fusion avec la marque Gaveau, la firme cesse toute activité.

Pape (1818 - 1875)

Après cinq années passées en tant que contremaître pour les usines Pleyel, Johannes Heinrich Pape installe son atelier en 1817 à Paris. Il est réputé pour être l’un des plus géniaux inventeurs, avec Sébastien Erard. Sa notoriété croissante lui attire les jalousies de ses concurrents, dont Pleyel. Il meurt en 1875 ruiné et dans la détresse.

Panorama économique actuel de la vente de piano

Alors que les factures françaises ont toutes fermé leur porte, le marché du piano n’est pour autant pas décédé. Après deux siècles d’existence, l’annonce de la fermeture des ateliers Pleyel en 2013 marque une date lugubre. La maison Balleron a su résister en se spécialisant en 1992 dans la restauration d’instruments datant de l’époque 1840 – 1940, cependant aucune manufacture française n’a su résister aux innovations du marché.

Derrière la fin des facteurs français, deux critères pointés du doigt par les derniers artisans des marques historiques : le positionnement haut de gamme de l’instrument et un passage raté à l’ère du numérique.

Deux facteurs qui profitent à la concurrence asiatique

Avec la mondialisation, le positionnement haut de gamme des facteurs français représente un coût dur. En 1980, Pleyel vendait 2000 pièces par an, contre 20 en 2007. De plus, alors que les grandes marques françaises proposent des instruments de fabrication artisanale facturés entre 40 et 200 000 euros, l’arrivée de la concurrence asiatique portée par des marques coréennes, chinoises et japonaises représente le coût fatal pour les facteurs.

Comment lutter face à une concurrence qui propose des instruments entre 5 et 10 000 euros ? L’ensemble des firmes françaises n’a pas su trouver la réponse. Un passage au digital aurait certainement relancé l’activité, les modèles numériques proposés par la marque Yamaha étant le fleuron de leur activité aujourd’hui.

La fin d’une tradition

Avec la fermeture des ateliers Pleyel, dernier bastion de la tradition française, c’est tout un patrimoine qui disparaît.

Une vingtaine de corps de métier étaient réunis pour la fabrication artisanale de ces pièces d’exception : ébénisterie, vernisseurs, luthier, etc. Certains sont voués à disparaître. Ainsi, l’activité la plus en vogue liée au secteur aujourd’hui est le transport de piano à Paris.

Cette dernière ne semble pas vouée à disparaître, et bien que moins prestigieuse que les corps de métiers disparus, elle demande tout de même un savoir-faire et une expérience spécifique importants. Si vous souhaitez déménager votre piano, sans passer par une entreprise spécialisée, vous aurez certainement besoin de cet équipement.

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