« Match » démographique et économique, Allemagne France. Qui sera le vainqueur à horizon 2050 ?

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Par Daniel Moinier Publié le 11 novembre 2014 à 3h43

Notre Président lors de son intervention télévisée de mi-mandat ce jeudi 06 Novembre 2014, a ressorti une arme suprême, l'avantage de la France avec son excellent taux de natalité. Il a déclaré que nous louons beaucoup trop notre voisin alors qu'il est déjà et va être encore plus confronté à son faible taux de natalité. En reprenant l'analyse de Paul Krugman qui prédit « l'Empire Français », notre Président a indiqué que nous aurons dans les décennies à venir un avantage certain sur notre voisin.

Effectivement si l'on se place sur un point de vue purement démographique et en partant sur les mêmes bases qu'aujourd'hui, la France devrait rejoindre l'Allemagne en termes de population vers 2045, soit environ 73 millions d'habitants. Si l'on se projette en 2060, la France avec 9 millions en plus devrait compter 7 millions de plus d'habitants que l'Allemagne qui elle, devrait en perdre 15 millions (73 millions contre 66). Et l'immigration de 6% qui devrait être proche dans chaque pays, ne devrait pas changer la donne.

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L'inversion des poids démographiques semble donc inéluctable et elle s'accompagnera d'une divergence de l'âge moyen de la population, l'Allemagne étant nettement plus âgée que la France. En 2060, la part des plus de 65 ans atteindra presque le tiers de la population en Allemagne contre un peu moins de 27 % en France.

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Par contre notre Président a complètement oublié ou fait abstraction, qu'il existe de grandes différences entre les temps de travail et d'activité de nos deux pays.

Ce que l'on lit dans les journaux ou qu'expriment les politiques ne reflète que rarement la réalité globale des chiffres. Vous voyez des comparaisons de temps de travail à la semaine, au mois, à l'année et très rarement sur la durée de vie des salariés. C'est pour cela que nos concitoyens n'arrivent pas à discerner la vérité des chiffres, le pourquoi des déficits et dettes, malgré le déluge de taxes, prélèvements, impôts en tous genres qui se sont abattus sur eux. Et malgré les promesses ce n'est certainement pas terminé.

Les experts annoncent même que le PIB français devrait dépasser celui de l'Allemagne un peu avant 2040.

En 2013, celui de notre voisin était de 2738 Mds d'euros alors que celui de la France était de 2060. Et par habitant : Allemagne 32830, France 28530. Soit une différence de 15%. (Source Banque de France)
Cette différence s'est accentuée au fil des années et des nouvelles lois diminuant les durées de travail. Entre 1975 et 2012, la France a vu son PIB par habitant progresser moins vite, par rapport à l'Allemagne et au nord de l'Europe.
Sans une productivité meilleure que l'Allemagne, nous serions encore plus à la traîne. Celle-ci par heure de travail, se situe à un très bon niveau. Elle est plus élevée qu'en Allemagne (47,7 euros en France par heure contre 39,6 euros en 2013). Mais elle n'est pas assez forte pour compenser l'insuffisance de quantité de travail moyenne par habitant et un niveau général des prix relativement haut.

Effectivement en ce qui concerne la productivité globale par rapport à celle de l'Allemagne, qui n'est pourtant pas une des meilleures : coefficient 107 pour l'Allemagne et 99 pour la France. Soit 8% de différence.
En termes d'écart si l'on tient compte du niveau de PIB par habitant et de la différence de productivité, il manquait à la France environ 23% de PIB en France en 2013, pour se rapprocher fortement de l'équilibre des comptes et avec un chômage relativement faible.

Ces données coïncident presque exactement avec les différences de temps de travail et d'activité des deux pays.
En France, la durée de travail est toujours de 35 heures semaine depuis 1998 et pour toutes les catégories en 2002. Les salariés hors encadrement ont une durée effective de travail rémunérée de 36,2 heures semaine.
L'Allemagne quant à elle, n'a pas d'horaire définit nationalement mais au travers des accords syndicaux par länder. Le temps de travail a fortement été augmenté depuis l'arrivée d'Angela Merkel sans rémunération supplémentaire ou peu. Son temps de travail est en 2014 supérieur de 186 heures par année, presque le plus faible d'Europe.

En Allemagne le démarrage dans la vie active se fait plus tôt qu'en France, cause essentiellement à l'alternance et l'apprentissage. Nous comptons moins de 600.000 apprentis quand l'Allemagne en compte 1,6 million.
L'apprentissage constitue la filière technique d'excellence et où le taux de chômage des jeunes entre 15 et 24 ans est de seulement 9,7 %, contre 22,5% dans l'Hexagone. La taxe d'apprentissage, taxe que les allemands ne paient pas, coûte chaque année 1,779 milliard aux entreprises. La collectivité (Etat et collectivités territoriales) dépense chaque année entre les dépenses budgétaires et les dépenses fiscales, 3,438 milliards d'euros pour un faible résultat.

En France, l'âge moyen du premier emploi stable était de 20,5 ans en 1975, de 22,5 ans en 1992 et de 27 ans en 2009. L'âge de démarrage quelque soit les contrats se situerait vers 23 ans ½.
En Allemagne, c'est entre 1 à 2 années de moins, sachant que la moyenne d'entrée de l'ensemble apprentis et alternance commence à 19 ans.

A l'autre bout de l'emploi, c'est-à-dire la date de départ en retraite, la France a été la seule nation à accorder un départ à 60 ans en 1983. Aujourd'hui, les départs s'échelonnent pour arriver progressivement en 2017 à 62 ans. Notre retard avec l'Allemagne est important puisqu'ils avaient gardé la retraite à 65 ans et l'avaient porté à 67 ans en 2007. Poussé par le SPD, les Allemands auront la possibilité de partir à 63 ans, à condition toutefois de cumuler 45 années d'activité. Actuellement la moyenne des départs se situent un peu au-dessus de 63 ans ½.
En ce qui concerne la France, la moyenne des départs se situe fin 2013 à 60 ans pour les hommes et 60,4 pour les hommes. Soit 60,2 ans en moyenne.

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La France cumule donc entre démarrage tard et départ tôt, environ 5 années de moins d'activité que l'Allemagne.
Sachant que chaque salarié qui part en retraite fait perdre dans l'économie la valeur financière de quatre jeunes salariés, soit un coût perdu de 60 milliards par année et donc pour 5 années de retraite en moins, 300 milliards de perte par an. C'est ce que nous cumulons depuis la retraite instituée en 1983. Cause d'une grande partie de nos déficits, dettes, augmentation de tous les prélèvements et niveau de pauvreté.
Un simple exemple, les charges sur salaires ont été multipliées par trois depuis cette date. La création de la CSG puis de la RDS en a été une des principales causes.

Conclusion :
Si la natalité n'évolue pas en Allemagne d'une façon positive, cette dernière n'aura pas d'autre choix que de rallonger les durées d'activité et de travail progressivement à l'augmentation de la durée de vie des retraités, en y adjoignant si besoin, une part d'immigration.

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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