Alors que, dans la rue et surtout chez les jeunes, la grogne contre la Loi Travail ne faiblit que très peu, le Medef commence à en avoir ras-le-bol. Dans sa conférence mensuelle le président du syndicat des patrons, Pierre Gattaz, a haussé le ton contre le gouvernement et demande que la Loi Travail soit encore modifiée pour revenir au texte initial, celui qui était le plus critiqué. Si le gouvernement ne le fait pas, le Medef menace des représailles.
Impassible et un peu amusé, le gouvernement semble se moquer du syndicat des patrons et annonce clairement qu'il ne cèdera pas aux menaces.
"Ce n'est pas un ultimatum" crie Pierre Gattaz... mais c'est tout comme
Mardi 19 avril 2016 se tenait la conférence de presse mensuelle du Medef et Pierre Gattaz a clairement fait entendre sa voix : il demande au gouvernement de revenir encore une fois sur la Loi Travail. "La V2 était horrible, la V3 est insupportable, intolérable, impossible. Le diable est totalement dans les détails. On dit stop!" a déclaré le patron des patrons.
Ce que veut le patronat c'est revenir à la version 1 du texte, celle qui a provoqué un tollé dans la rue et que les opposants décriaient comme étant une loi écrite par le Medef pour le Medef. Finalement, ils n'avaient pas si tort que ça il faut croire.
Surtout, le Medef veut la suppression du compte personnel d'activité, le retrait de la surtaxation des CDD et la fin du mandatement pour les PME sans représentation du personnel. Et si le gouvernement ne se plie pas sous trois semaines à ces demandes, le Medef va boycotter les la négociation sur la convention d'assurance chômage. "Ce n'est pas un ultimatum. C'est juste, les gars, c'est comme ça !" a déclaré Pierre Gattaz. Pourtant, ça en a tout l'air.
Le gouvernement estime le Medef "sur une autre planète"
Côté gouvernement, on ne semble pas très inquiet, bien au contraire. Les menaces de Pierre Gattaz semblent faire rire l'équipe de François Hollande qui les estime "pathétiques" selon Le Figaro. Mieux : "Le Medef est sur une autre planète" déclare l'entourage de Manuel Valls.
Le gouvernement tient bon, annonce déjà qu'il ne "reviendra pas en arrière" et semble content de sa loi, toujours autant critiquée dans la rue. C'est donc le début d'une guerre des tranchées qui ne devrait pas durer longtemps : si le Medef met ses menaces à exécution, il risque d'être perdant. Le gouvernement serait en effet contraint de prendre lui-même les décisions concernant l'assurance chômage et il vient de faire de nombreuses propositions allant dans le sens d'un Etat-providence entre le RSA pour les jeunes et le soutien aux intermittents du spectacle.
Le Medef semble donc coincé : soit il renie ses propos et n'applique pas ses menaces, soit il les applique mais perd sur tous les fronts, la Loi Travail et l'Assurance-Chômage. Une erreur stratégique qui risque de lui coûter cher.