Merkel: celle qui a trollé 2015

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Par Eric Verhaeghe Publié le 28 décembre 2015 à 9h53
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10%Angela MErkel a imposé un embargo des exportations en Russie, soit 10% du marché européen.

Un jour, l’Histoire jugera Angela Merkel à l’aune du tribut qu’elle a prélevé sur la planète pour assurer le bonheur des Allemands. Une rétrospective de 2015 permet de donner une première mesure du désastre que la Première allemande constitue pour la collectivité humaine.

Merkel, paneuropéenne et panne européenne

Le premier désastre qu’Angela Merkel représente pour l’Europe est celui de son « paneuropéisme », c’est-à-dire de sa conviction qu’elle peut tout en Europe, et que l’Europe lui doit tout. Sur ce point, les conséquences les plus douloureuses sont probablement les moins connues des citoyens.

Par exemple, Angela Merkel a pensé que ses éleveurs de vaches tireraient profit d’une suppression des quotas laitiers. Sans que personne n’y prenne garde, l’Allemagne a donc imposé à l’Europe une dérégulation du marché laitier au 30 mars 2015. Dans le même temps, l’Allemagne a attisé une politique de sanctions contre la Russie, dont les mesures de rétorsions ont consisté à bloquer les importations agricoles venues d’Europe (10% des débouchés européens).

Grâce à cette brillante politique, les filières bovine et laitière ont connu une crise de surproduction en Europe, qui a frappé de plein fouet les éleveurs français… et n’a finalement pas épargné les éleveurs allemands.

La stratégie allemande, qui est en fait une non-stratégie et une série de choix à courte vue, explique largement la faillite communautaire à laquelle 2015 a donné lieu. Merkel, ce n’est pas la PanEurope, mais la panne de l’Europe.

Merkel exige tout de la Grèce

Au chapitre des méfaits les plus connus de Merkel dans la gestion interne de l’Europe, on citera évidemment sa désastreuse gestion de la crise grecque, qui a transformé le continent en un champ de foires aux caprices teutons. Alors que l’Allemagne s’est montrée très tolérante dans l’application des règles à ses provinces ethniquement proches (les Etats baltes, la Slovénie, qui ont tous bénéficié de régimes de faveur pour entrer dans la zone euro), Merkel affublée de son sinistre Dr Schaüble ont pris plaisir à infliger diverses humiliations aux Grecs.

Certes, le duo Tsipras-Varoufakis n’avait pas forcément besoin d’aide pour mener les Grecs dans le mur (cette capacité d’auto-destruction ayant suscité une grande admiration de la part des thuriféraires français du Front de Gauche). Il n’en reste pas moins que Merkel a mené une sorte de croisade extrême contre les Grecs qui avait tout du deux poids deux mesures.

Durablement, le spectacle de cette mise au pilori a convaincu de nombreuses opinions publiques en Europe que l’édifice communautaire agissait à sens unique: au bénéfice ultime de l’Allemagne, sans considération des souffrances infligées aux peuples des marches.

Merkel impose une suicide migratoire

Cet acharnement contre la Grèce a trouvé une issue particulièrement grotesque lorsque, mimant une fausse générosité, Merkel a annoncé son désir d’accueillir 800.000 migrants en Allemagne durant l’année, bousculant au passage la règle de la demande d’asile dans le premier pays d’accueil. Ce signal a fait l’effet d’un cataclysme: dans une parfaite complicité avec l’islamiste turc Erdogan, Merkel a donné le coup d’envoi d’une interminable épopée de réfugiés Syriens vers Munich.

Les raisons de cette folie n’ont échappé à personne: l’Allemagne est épuisée par le plein emploi et a besoin de main-d’oeuvre qualifiée pour assurer sa croissance. Les Syriens constituaient les acteurs idéaux de cette farce qui se joue au détriment des autres nationalités, pour lesquelles le nombre d’expulsions a doublé. La terrible ironie veut d’ailleurs que les Bavarois parquent leurs migrants dans le camp de Dachau.

Face aux colonnes des ces hères dépenaillés qui se sont formées d’Istanbul à la frontière autrichienne, Merkel n’a pas hésité à imposer à la Grèce la création en urgence de camps de réfugiés, après avoir saigné le pays aux quatre veines.

Dans la foulée, elle a imposé de nouveaux transferts de souveraineté, conduisant à la création d’un corps de garde-frontières européens, menaçant de sanctions économiques les membres de l’Union qui refusent d’accueillir les migrants appelés par l’Allemagne, et obligeant à négocier l’adhésion de la Turquie à l’Union.

Merkel est-elle responsable de la vague terroriste?

Si l’on admet que le terrorisme de Daesh a bouleversé l’équilibre mondial cette année, alors il faut s’interroger sur la responsabilité d’Angela Merkel dans la précipitation des événements.

Premier point: il est quand même étonnant que l’Allemagne ne soit pas la cible du terrorisme islamiste… Peut-être la bonne entente historique entre l’Allemagne et la Turquie, et plus encore peut-être la bonne entente entre Angela Merkel et Erdogan expliquent-elles beaucoup de choses.

En attendant, je ne puis m’empêcher de me souvenir des propos tenus par le ministre souverainiste grec Kammenos en mars 2015:

« Si l’Europe nous lâche en pleine crise, on l’inondera de migrants, on leur distribuera des papiers valides qui leur permettront de circuler dans l’espace Schengen. Ainsi, la marée humaine pourra se rendre sans problèmes à Berlin. Et tant mieux si, parmi ces migrants, se trouvent des djihadistes de l’État islamique »

On ne pouvait pas mieux résumer les événements qui ont suivi: l’Allemagne n’a pas lâché les Grecs, et les Grecs ont laissé des terroristes en grand nombre.

Il suffit de suivre l’enquête sur les attentats du 13 novembre pour comprendre notre douleur…

Merkel, la dominatrice de Hollande

Le drame de l’Europe dans cette affaire est au fond le produit du hasard. Lorsque Merkel avait un Sarkozy face à elle, elle avait un contrepoids. L’arrivée de Hollande a renforcé l’Allemagne par l’affaiblissement de la France. Notre Président velléitaire et en adoration permanente face à la domination féminine a livré le continent tout entier à la folle rigidité germanique.

Paradoxalement, Hollande en redemande: le projet de gouvernement budgétaire européen nous achèvera et subordonnera définitivement les souverainetés (ou ce qu’il en reste) nationales aux diktats tudesques.

Merkel, ou l’Europe de la Stasi

Pour comprendre le problème qui se pose à une Europe dominée par Angela Merkel, il faut accepter de sortir des visions historiques à trois balles que nous impose notre élite décadente, selon laquelle l’histoire de l’Humanité raconterait l’émergence linéaire et simpliste d’une technocratie sage et bisounoursienne, et dont l’édifice communautaire serait une manifestation institutionnelle. En creusant un peu, on se rappelle forcément qu’Angela Merkel est la fille d’un pasteur hambourgeois qui a choisi, en 1954, de s’installer en Allemagne de l’Est. Eh oui! en pleine guerre froide, en pleine tension entre les deux Europe, la famille Merkel est passée de l’autre côté du mur. Angela elle-même y a mené une très belle carrière universitaire avant la chute du Mur.

Autant dire que, depuis son arrivée au pouvoir, Merkel a fondamentalement changé la nature du projet européen. L’esprit libre et libéral qui y prédominait auparavant a soudain beaucoup mieux assumé ses relents d’ordre international de type soviétique: un centre, un « Grand Frère » dirige, commande, et les satellites obéissent.

Ajoutons que, dans cette affaire, 2015 a permis de savoir que les services secrets allemands espionnaient tous leurs voisins européens pour le compte de la CIA… et pour leur propre compte, bien entendu.

Mais voulons-nous de cette Europe-là?

Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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